Lors de la 30e Conférence des ambassadeurs et ambassadrices lundi dernier, le président français, Emmanuel Macron a montré son indignation affirmant que les dirigeants africains et sahéliens ont oublié de dire à la France "merci" pour leurs interventions militaires. Cette déclaration a créé de vives réactions en France et en Afrique.
Il n’y a pas mieux que l’histoire. Le 7 mars 1966, le général de Gaulle, président de la République française, informe son homologue américain, le président Lyndon Johnson, que la France a décidé de se retirer du commandement intégré de l'Otan et demander, en conséquence, le départ des forces armées américaines et canadiennes installées sur les territoires français depuis le débarquement de
Normandie et de Province en 1945 dans le cadre de la libération de la France. Depuis 2021, l’année où
certains pays africains et sahéliens ont demandé le départ des militaires français sur leur sol, on assiste à un véritable dérapage verbal de la part des autorités politiques françaises.
En ce début de 2025, plusieurs pays africains comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont annoncé le départ des troupes françaises sur leurs territoires.
Les dirigeants africains et sahéliens ont justifié le retrait des troupes françaises pour des raisons de
souverainisme et de panafricanisme.
C'est dans cette atmosphère de brouillard politico-diplomatique que le président français, Emmanuel
Macron, s'est exprimé lundi dernier lors de la Conférence des ambassadeurs et ambassadrices.
Au cours de cette conférence, le locataire de l’Elysée est monté au créneau arguant que les dirigeants
africains ont oublié de dire "merci" à la France, après l’intervention militaire de la France au Sahel contre le terrorisme depuis 2013. "Aucun d’entre eux ne serait avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région", a-t-il ajouté lors de la 30e Conférence des ambassadeurs et ambassadrices.
Ces déclarations qualifiées de "tonitruantes" ont créé de vives réactions dans l’Hexagone et en Afrique. Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno s’est dit "indigné" par les propos, jugeant ainsi l'attitude de son ancien maître de "méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains".
Pour l’heure, aucun pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) n’a réagi aux déclarations de Macron.
Mais, les déclarations du président français passent très mal au sein de la population de l’AES.
"Je voulais juste dire à Macron que si ce n’était pas l’intervention des Africains pour chasser les nazis,
aujourd’hui on ne serait pas là à parler de la France moins de Macron. On connaît l’histoire. Donc je pense que Macron doit fermersa gueule et travailler pour le bonheur des Français qui sont victimes de sa politique trop arrogante", commente un universitaire malien.
Analystes politiques et spécialistes en sécurité et de lutte contre le terrorisme au Sahel affirment que l’intervention militaire française au Sahel a été tout sauf un succès et c’est pour cette raison que les dirigeants africains demandent le départ des troupes françaises sur leur sol. "Concrètement, on
pourrait penser qu’il y a un échec cuisant de l’opération Barkhane car, il n’y a pas eu la fin du terrorisme.
D’ailleurs, quand la France est intervenue au Mali, les terroristes se sont réfugiés dans des pays limitrophes et c’est de cette manière que les réseaux terroristes se sont reconstitués", explique un spécialiste de lutte contre le terrorisme au Sahel.
"Il faut reconnaître aussi que depuis la fin de cette présence militaire française, l’insécurité s’est également accrue dans tout le Sahel. On ne peut tirer qu’un bilan mitigé et décevant pour les populations qui attendaient beaucoup de la part de la France", ajoute notre
spécialiste.
Ousmane Mahamane