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Gouvernance au Mali: La transition pille, le peuple souffre en silence
Publié le jeudi 23 janvier 2025  |  L’Inter de Bamako
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La transition militaire, dont l’arrivée avait suscité beaucoup d’espoir chez nombre de nos compatriotes déçus par la gestion calamiteuse des différents régimes dits démocratiques, a raté le rendez-vous de l’histoire pour inscrire son nom sur une des pages les plus glorieuses de la vie politique du Mali. Au lieu de prendre le pouls du peuple pour satisfaire ses besoins les plus élémentaires, les dirigeants de la transition auraient privilégié l’un deux (02) ennemis du pouvoir: l’argent. La course à ce bien matériel relègue au second plan les préoccupations des Maliens.
L’espoir, né au lendemain de la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) dont la gestion familiale du Mali avait fini par prendre le pays en otage, est en deçà des attentes. Les promesses mielleuses annoncées avec trompette, sur fond de dénonciations des gestions des démocrates prédateurs n’ont pas encore porté fruit. Elles avaient été sciemment préparées pour tenir le peuple en haleine, afin qu’il soit un soutien aveugle à une transition sans vision et par la suite le transformer en un vivier électoral pour les besoins de la cause au moment venu. Dommage ! D’ailleurs, les mécontents grossissent ce lot tous les jours.
Quatre (04) ans après la clameur qui a accompagné la fin du règne d’Ibrahim Boubacar Keïta (18 août 2020), la même mauvaise gouvernance reprochée aux vrais faux démocrates rattrape la transition malienne. Le pays est sous coupe réglée d’une oligarchie militaro-civile, créée à la faveur du coup d’État contre IBK. Elle a accaparé les richesses nationales au nom de la guerre, dont le Mali est confronté depuis 2012. Dans cette course effrénée au gain facile, les budgets des services de l’État ont connu une cure d’amaigrissement. Mais le paradoxe au même moment est que le budget des instituions militarisées grimpent chaque année sans la moindre pitié pour le peuple malien qui souffre en silence.
Certes, le Mali est en guerre contre le terrorisme international derrière lequel sont tapies des puissances impérialistes, de mèche avec des traitres maliens pour diviser notre pays. Mais, cela ne saurait être un gage pour instaurer un régime de prédation pour qu’une poignée de personnes dilapide les fonds publics.
Au lieu de prendre le pouls du peuple pour satisfaire ses besoins les plus élémentaires, les dirigeants de la transition auraient privilégié l’un deux (02) ennemis du pouvoir: l’argent. Alors que dans notre société, on nous enseigne qu’un chef qui aime l’argent ne se souciera jamais de la souffrance de son peuple. À beau crier, le refrain est connu : serrer la ceinture, demain sera plein d’espoir ou votre résilience est à saluer.
Pourtant, c’est ce qui passe sous nos yeux depuis l’arrivée au pouvoir des militaires qui avaient promis au peuple malien une rupture dans la gouvernance du pays. Depuis que l’argent a été introduit dans le cercle restreint des hommes de Kati, les rapports sont en dents de scie entre les dirigeants du pouvoir.
La première stratégie du pillage consiste à damer le pion à l’autre en plaçant ses hommes à des postes juteux, où il y a à boire et à manger. Et l’argent issu de ce pillage des fonds publics sert à créer des sociétés- écrans. Ce sont elles à qui les marchés de l’État seraient d’abord attribués.
La deuxième stratégie, c’est la ruée vers l’or. Le métal jaune est aussi une source de discorde entre les tenants du pouvoir. À ce niveau, depuis la prise du pouvoir par les militaires, les sociétés minières ont pignon sur rue. À qui appartiennent-elles ? ‘‘Le diable est dans les détails’’. Jusqu’à présent, la promesse faite que l’or malien va briller pour les Maliens, tarde à être une réalité. Mais, le constat est qu’il brille pour une minorité qui s’adonne à un commerce illicite de cette richesse naturelle. Raison pour laquelle le Mali est cité chaque fois dans les rapports des organisations internationales comme un pays de contrebande de l’or. Il y a quelques jours, une étude faite par l’Organisation non-gouvernementale (ONG) suisse Swissaid classe le Mali au rang premier des pays exportateurs d’or en contrebande en Afrique avec cinquante-cinq (55) tonnes par an. Si cette information se relève vraie, les auteurs devraient être recherchés et mis à la disposition de qui de droit pour qu’ils répondent de leurs actes.
Malheureusement, tel ne sera pas le cas. Ce pillage à ciel ouvert bénéficierait de l’impunité. Des rapports des structures de contrôle ne diront pas le contraire. Le président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) s’étonne en ces termes, à l’occasion de la remise de son rapport 2023 au président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta: «La lenteur constatée dans le traitement des dossiers transmis à la justice impacte négativement l’OCLEI et affecte la perception de l’opinion sur le bien-fondé de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Sur l’ensemble des dossiers transmis à la justice par l’OCLEI, de 2018 à 2023, aucun n’a encore fait l’objet d’un jugement». Ces rapports n’incriminent que les hommes nommés par les militaires.
Ce pillage se sent. La capitale est inondée de voitures rutilantes. Le visage de certains quartiers change avec la construction de maisons à étages, de résidences meublées, d’hôtels, achat des bâtiments. Dans certains endroits, des immeubles et des villas sortent des terres comme des champignons. Des ‘‘champs’’ achetés dans les villages aux alentours de Bamako sont clôturés. La distribution des billets craquants lors des cérémonies sociales ferme la marche d’un enrichissement personnel et illicite. Et au même moment, le peuple malien souffle en silence. L’électricité est devenue un luxe au Mali. Sur ce point, l’espoir n’est plus permis. Les propos du général devant les forces vives de la nation, lors de sa présentation de vœux 2025 à Koulouba, ont frustré plus d’un. Les conditions de vie du peuple se détériorent chaque jour. Les mesures préconisées se sont révélées inefficaces. Le coût de la vie augmente tous les jours sans que les autorités ne prennent le taureau par les cornes. L’école, malgré la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) n’est que l’ombre d’elle-même. La qualité du service rendue dans les structures sanitaires ne répond pas aux attentes des populations. La drogue ravage la jeunesse malienne dans un Mali Kura, où il est question d’un nouveau type de citoyen. Le chômage pousse les jeunes à prendre le chemin de la migration, parsemé de noyade, de maladies. Sur cette route, certains se font enrôlés dans le terrorisme qui déstabilise tout le Sahel. Ils sont aussi victimes des passeurs qui les dépouillent de tout ou des trafiquants d’organes humains. Les services rendus aux citoyens dans l’administration publique sont rémunérés par les agents de l’État, payés aux frais de ce même citoyen.
Voici l’espoir né après la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour le peuple malien qui continue de souffrir en silence. Alors qu’une minorité se la coule douce. Le peuple malien mérite-t-il ce sort après tant de sacrifices pour l’avènement d’un Mali Kura ?
Yoro SOW

Inter de bamako
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