Les installations pour relancer la production de poisson sont à l’arrêt faute d’électricité. Les pêcheurs se tournent les pouces et passent le plus clair de leur temps à disserter sur l’avenir de leur profession
En 2003, pour mieux exploiter les ressources halieutiques du lac de retenue du barrage de Sélingué, le gouvernement avait obtenu de la Banque arabe de développement économique en Afrique (BADEA) un prêt initial de 4,5 milliards de Fcfa et un autre prêt additionnel de la même structure financière d’un montant de 1,3 milliard de Fcfa pour financer le projet de développement des ressources halieutiques dans le lac de Sélingué (PDRHLS). Le gouvernement a apporté 1,6 milliard de Fcfa pour la réalisation de ce projet.
Le projet de développement des ressources halieutiques dans le lac de Sélingué (PDRHLS) a duré de 2003 à 2011 et a couvert la zone située en amont du barrage de Sélingué, la zone d’intervention de l’Office de développement rural de Sélingué (ODRS) et les campements de pêche environnants.
Les bénéficiaires étaient les populations riveraines du lac du fleuve Sankarani et de la commune de Ballé. Le projet avait pour objectif général l’augmentation de la production halieutique, la contribution à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté par l’accroissement des revenus grâce à la pêche et aux activités économiques d’appui par la création de nouveaux emplois.
Pour atteindre cet objectif, le projet a réalisé des infrastructures de base et d’installations d’appui. Il a créé des mécanismes appropriés pour le soutien à la production et à la commercialisation des produits de la pêche, des infrastructures sociales nécessaires pour les pêcheurs et leurs familles et le renforcement des capacités techniques de gestion des pêcheurs.
Installations à l’arrêt. Le projet qui s’est achevé depuis deux ans, a laissé des infrastructures comme les installations portuaires à Carrière et à Faraba. Les étangs piscicoles et l’écloserie de Sélingué sont presque à l’arrêt et ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Toutefois, les routes et les infrastructures sociales (écoles, adduction d’eau potable) sont fonctionnelles.
Le projet a réalisé la route bitumée, longue de 3,2 km, entre Kangaré et Carrière, le village de pêcheurs installé sur les bords du lac de Sélingué. Cette route qui a été réalisée depuis 2010, n’a subi aucun entretien faute de moyens financiers. Le même constat est valable pour la route latéritique qui relie Sélingué et Faraba sur 41 km.
Les rampes d’accostage des ports de Carrière et de Faraba sont des ouvrages hydro-techniques de 8000 m2 pour le premier et de 4800 m2 pour le second et construites en béton armé. Les esplanades de traitement de poisson de Carrière et de Faraba sont des espaces aménagés sous forme de hangars et équipés de tables de tri en béton armé et de 4 bouches de robinet pour le nettoyage du poisson. L’espace est électrifié afin d’assurer son exploitation correcte et dans les règles de sécurité.
La fabrique de glace comprend deux unités qui produisent chacune 8 tonnes de glace par jour. Depuis son installation, elle a connu des difficultés de fonctionnement par manque de moyens de gestion et pire elle est à l’arrêt faute d’électricité. Les chambres froides qui accompagnent les fabriques de glace des deux sites (2 à Carrière et 1 à Faraba) sont également à l’arrêt. Celle de Faraba n’a même jamais fonctionné faute d’électricité. Même les fours de refumage du poisson construits en matériaux fixe et mobile n’ont pas été utilisés depuis leur réalisation.
Les adductions d’eau potable des villages de Carrière et de Faraba sont, elles, fonctionnelles. Toutefois, elles connaissent aussi des difficultés de gestion par manque d’outils de gestion adaptés. Le réseau comprend des bornes fontaines installées à l’école, à la mosquée, au Centre de santé communautaire, au port et à la place publique de chaque village.
Chacun de ces villages a également bénéficié dans le cadre du projet d’infrastructures scolaires (6 classes, logement pour le directeur, toilettes extérieures, deux blocs de latrines, clôture du domaine) et sanitaires (dispensaire, maternité, deux blocs de latrines à double cabines, clôture du domaine, logement pour le médecin chef, toilettes extérieures) qui sont fonctionnelles.
Du côté de Sélingué, le PDRHLS a construit une écloserie et réhabilité des étangs piscicoles qui devraient servir à booster la production de poissons. L’écloserie qui avait une capacité de production d’un million d’alevins par an n’a fonctionné en réalité que sa première année d’exploitation, à savoir 2010. Depuis lors, elle est à l’arrêt par manque de spécialistes qualifiés et d’outils de gestion.
Les pêcheurs qui s’étaient réjouis de l’arrivée du PDRHLS et qui avaient fondé beaucoup d’espoir sur ce projet qui leur permettrait de relancer de façon durable leurs activités, déchantent présentement.
Presque toutes les installations pour la promotion de leurs activités sont à l’arrêt ou fonctionnent au ralenti. Les femmes mareyeuses sont réduites à se tourner les pouces parce que les activités au port de pêche sont quasi-inexistantes. Même l’odeur caractéristique qui renseigne sur la présence du poisson n’est pas perceptible et les tables de nettoyage et de traitement de poisson sont propres, ce qui explique pour un visiteur averti que l’activité est paralysée. En tout cas à Sélingué, Carrière et Faraba, l’espoir d’une relance effective et durable des activités de pêche n’a pas survécu durablement aux cérémonies d’inauguration.