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L’arrêt brutal de l’USAID va-t-il impacter négativement l’Afrique ?
Publié le mercredi 19 fevrier 2025  |  Le Pelican
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C’est désormais une réalité, Donald Trump a brusquement décidé d’arrêter l’aide américaine à tous les programmes étrangers. Cela va-t-il impacter négativement en priorité les pays africains vivant déjà en crise multidimensionnelle ? Si la réponse à cette question est difficile et complexe, une chose est certaine, le président américain s’est fortement engagé à mener, lors de son mandat actuel, sa politique “America first”. C’est le reste du monde, notamment l’Afrique, qui doit riposter pour montrer aux USA qu’ils ont aussi dépendants des autres.

De notre point de vue, c’est une décision souveraine qui pourrait réveiller le monde entier, en l’occurrence le continent africain qui doit désormais affirmer son importance aux USA. Qui ont aussi fortement besoin des ressources énergétiques et minérales du continent noir. Sans oublier que notre continent occupe une position géostratégique sans égale sur la planète terre.

Oui, les conséquences du gel (ou la liquidation) de l’USAID est une réalité. Déjà, ses employés sont en chômage. Et Elon Musk, nommé à la tête du tout nouveau département américain de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), ne cesse de qualifier l’agence américaine, qui distribuait l’aide américaine via des programmes et organisations partenaires, d’« organisation criminelle ». Il va jusqu’à déclarer mordicus qu’il est « temps pour elle de mourir », Alors que l’aide américaine se déployait depuis des décennies dans 150 pays sur la planète terre. Et que six pays africains figuraient parmi ses 10 premiers bénéficiaires. Mais l’Afrique est-elle vraiment dépendante de l’aide américaine pour la survie de ses populations, notamment les plus fragiles ? Cette question pertinente doit avoir une réponse mieux élaborée.

Par ordre de milliards d’aide au développement US, l’Éthiopie se positionne en tête, suivie par le Soudan du Sud, le Nigeria, l’Ouganda, le Kenya et la République démocratique du Congo. Pour chacun de ces six pays, l’aide américaine constitue plus de la moitié de l’assistance étrangère perçue. Et selon un rapport de l’OCDE, elle représentait tout simplement un tiers de l’aide publique américaine qui a inondé le continent africain en 2022.

L’aide américaine deviendrait donc cruciale pour les populations et son gel soudain aurait, sans nul doute, des conséquences à très court terme sur des dizaines d’ONG qui travaillent en Afrique et qui sont obligés de stopper leurs projets du jour au lendemain. La suspension de l’aide américaine va plonger des dizaines d’ONG dans une extrême fragilité, tant elles sont dépendantes de l’USAID. Ce sont des cas de Solidarité Internationale, par exemple, qui dépendent à 36 % des aides américaines.

Ainsi l’Éthiopie, confrontée à une des catastrophes humanitaires les plus aiguës d’Afrique, est le deuxième pays bénéficiaire de l’aide américaine au développement. Selon un rapport de l’OCDE, 1,45 milliard de dollars ont été versés à l’Éthiopie en 2022.Parce que les États unis sont un soutien de longue date de l’Éthiopie, certainement en raison de sa position stratégique sur le continent africain. Ce pays serait dans une situation économique et politique alarmante, conséquence d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans. Ce qui fait que l’aide humanitaire pour l’Éthiopie est une course contre la montre pour la survie de 20 millions d’habitants, dont des enfants qui souffrent de malnutrition.

Des analystes estiment même que ce gel de l’aide américaine va porter un coup fatal à la lutte contre le sida en Afrique. De sorte que la dernière victime africaine de la suspension de l’aide américaine n’est pas un pays, mais une maladie : la lutte contre le sida fera les frais de ce décret de Donald Trump. Plus de 20 millions de personnes sont aujourd’hui soignées par les traitements financés par le programme Pepfar, la plus importante initiative de lutte mondiale contre le VIH, mise en place au début des années 2000. L’Afrique étant le continent le plus touché par le VIH aujourd’hui, en stoppant ces aides et ces traitements, des milliers de personnes ne pourront plus être soignées.

Toutefois, même s’il est une réalité que le gel brutal des aides américaines à l’Afrique n’est pas sans conséquence, il n’en demeure pas moins que ce gel de l’USAID va aussi contribuer à déclencher un électrochoc aux Gouvernements et populations africains pour qu’ils cessent enfin d’être des éternels assistés. Alors que le continent noir est potentiellement très riche. Et qu’il peut bien peser sur la scène internationale si jamais les africains et leurs autorités optent pour une gouvernance vertueuse, en ne bradant plus nos matières premières aux Gouvernements et compagnies multinationales occidentales. Ce faisant, la manne financière que les pays africains obtiendraient de la vente juste de leurs matières, dépasserait de loin la masse financière que leur allouait l’USAID. En ce moment, le continent noir pourrait prendre en charge ses propres besoins sur tous les plans.

La réponse du berger à la bergère

Dans une décision audacieuse et sans précédent, le gouvernement sud-africain aurait officiellement suspendu toutes les entreprises américaines sur son territoire et aurait suspendu les exportations de minéraux vers les États-Unis. Cette mesure drastique fait suite à la décision de Donald Trump de couper tous les financements américains à l’Afrique du Sud, y compris l’USAID. Le gouvernement sud-africain aurait clairement fait savoir qu’il ne tolérerait plus le manque de respect et le mépris affichés par le monde occidental.

« L’Afrique n’est pas un continent mendiant », a déclaré un porte-parole du gouvernement sud-africain. « Nous ne serons plus pris pour acquis. Si les États-Unis pensent qu’ils peuvent simplement couper les financements et s’attendre à ce que nous revenions en rampant, ils se trompent lourdement. ». Cette mesure devrait avoir des répercussions économiques importantes pour les deux pays. Les États-Unis réalisent plus de 25 milliards de dollars de bénéfices annuels en Afrique du Sud, et la suspension des entreprises américaines et des exportations de minéraux va sans aucun doute frapper durement l’économie américaine.

Toutefois, l’Afrique du Sud devrait également en ressentir les effets. Le pays dépend aussi fortement des exportations vers les États-Unis, et la perte de ce marché entraînera probablement des pertes d’emplois et une instabilité économique. Malgré cela, le gouvernement sud-africain reste déterminé. « Nous sommes prêts à prendre position et à affirmer notre souveraineté », a déclaré le porte-parole. « Nous ne nous laisserons plus intimider par les États-Unis. »

Cette décision du Gouvernement sud-africain a été saluée comme une mesure audacieuse et courageuse par de nombreux Africains, qui y voient une affirmation de la souveraineté et de l’indépendance africaines qui n’a que trop tardé. Alors que la situation continue d’évoluer, une chose est claire : l’Afrique du Sud a tracé une ligne rouge et les États-Unis seront obligés de réévaluer leurs relations avec le continent.

Gaoussou Madani Traoré

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