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Politique/Mali: Yeah Samaké se dévoile
Publié le vendredi 28 fevrier 2025  |  nouvelleafrik
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© aBamako.com par Androuicha
Quelques candidats de la présidentielle de 2018
Photo Niankoro Yeah SAMAKE
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Sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle ? D’où viennent les millions promis aux Maliens ? Yeah Samaké, président du Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) y apporte des réponses dans cet entretien exclusif dans lequel il aborde les sujets d’actualité et évoque ses œuvres sociales et ses projets pour le Mali, dont sa promesse d’un million par Malien.

Nouvelle Afrique : Merci de nous avoir reçu chez vous et pour cet entretien exclusif. Qui est Yeah Samaké ?

Yeah Samaké : je vous remercie pour le choix porté sur ma modeste personne pour cet entretien. Il me plaît de vous recevoir, de partager mes perspectives sur la marche de l’État, la vie de la nation, ma propre personne et la formation politique qui est le Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP).

Qui est Yeah Samaké ? Cette question est très profonde. Yeah se définit comme l’être social que je suis. Mon arrière-arrière-arrière-grand-père Ouéléssé est le fondateur de Ouéléssébougou. Son fils s’appelle Fassoum. Le fils de Fassoum s’appelle Niankoro dont je suis l’homonyme. Le fils de Niankoro s’appelle Tiécourafing et moi-même Niankoro Samaké

N.A : c’est Yeah Samaké ou Niankoro Samaké ?

Y.S : Niankoro Yeah Samaké

N.A : quelle est la différence ?

Y.S : la différence est que Yeah est l’appellation respectueuse de Niankoro. Ses enfants ne pouvaient pas dire Niankoro. Ils ont donc dit Yeah. Moi, je suis connu sous ce sobriquet comme mon grand-père l’était. Certains pensent que c’est une invention, mais non, il vient de mon grand-père. C’est vrai que je l’ai un peu modernisé en écriture (Y-e-a-h) compte tenu de mon attachement à la langue anglaise.

Je viens de ce background que l’on peut appeler en bambara « bôkolo » parce que je n’ai pas une bonne traduction de ce mot en français. Je dis cela pour m’identifier, parce que l’homme, c’est d’abord sa source. Je connais ma source. Yeah Samaké, c’est l’être social, humanitaire, politique, mais aussi diplomate. Je peux dire avec certitude que je suis un leader social, politique au Mali. J’assume entièrement le leadership politique. Je n’ai aucune honte à déclarer mon appartenance à la classe politique.

N.A : Il est incontestable que vous êtes un leader politique. En tant que leader politique, comment contribuez-vous au développement du Mali ?

Y.S : Je suis connu aujourd’hui comme le précurseur des actions concrètes sur la scène politique malienne. Je suis venu en politique par réaction à la politique politicienne. Je me suis rendu compte que la politique comme pratiquée par certains leaders n’apporte rien ni à la politique ni à la société. Je me suis dit que je vais montrer une autre façon de faire la politique : l’action concrète (comment répondre aux besoins immédiats des populations dans les zones vulnérables du pays, notamment les zones rurales et les bidonvilles de la capitale). C’est pourquoi je me suis d’abord engagé sur la fondation du développement qui est l’éducation. J’ai constaté les besoins des communautés. J’ai cherché des ressources et je suis venu les utiliser pour apporter des solutions à ces problèmes sociétaux. C’est là où réside ma différence de faire la politique : la capacité de mobiliser des ressources pour subvenir aux besoins des collectivités, des communautés rurales et même urbaines.

Je contribue au développement du Mali à travers ces actions sociales et concrètes telles que la construction des écoles, l’installation des systèmes d’adduction d’eau potable, l’octroi des bourses d’études, la construction des logements pour les enseignants, la distribution des manuels scolaires aux élèves. Ces initiatives sont menées en partenariat avec des acteurs nationaux et internationaux dans le but d’améliorer la qualité de vie des Maliens, en particulier dans les zones rurales.

Mon engagement repose sur la solidarité, mais basée sur la transparence, l’intégrité et le développement humain. Ce sont ces valeurs qui guident mon engagement politique.

N.A : Vous venez de le dire. Vous réalisez plusieurs œuvres sociales notamment des écoles et des forages. À ce jour, combien d’écoles avez-vous construites à travers pays ?

Y.S : à cette date, je peux dire que j’ai construit une cinquantaine d’écoles à travers le pays. Un complexe scolaire et universitaire en cours de construction à Ouéléssébougou, qui est très avancé avec 21 salles de classe, un bloc administratif. En plus, j’ai pu également donner 77 bourses d’études pour des universitaires pour aller étudier aux États-Unis. J’ai donné des bourses à une quinzaine d’autres pour l’Inde, mais aussi 25 bourses d’études à des lycéens pour aller faire le lycée aux USA qui coûte 75.000 US dollars par an et par personne.

N.A : Depuis combien d’années ?

Y.S : depuis 2008, les premiers élèves sont allés aux USA. C’est pour dire que ce sont des actions dans la continuité. Ce n’est pas temporaire et non lié à un régime, mais d’abord à ma réputation d’intégrité, mais aussi à ma capacité de mobilisation de ressources en dehors du système budgétaire national.

N.A : Qu’en est-il du nombre des forages ?

Y.S : À ce jour, nous avons inauguré 56 forages. Cette année seulement, nous en avons construit une quinzaine à travers le Mali. Ces forages, qui coûtent de 7 à 10 millions FCFA en fonction des localités et des circonstances, sont faits en collaboration avec les villageois qui, pour la majeure partie, contribuent. Il y a certains villages qui n’ont même pas le moyen de contribuer. Je le fais pour eux, mais les villages contribuent à hauteur de 2 millions de FCFA. Même pour la construction d’écoles, pour qu’elle soit une réalisation pérenne et durable, les villages contribuent à hauteur de 5 millions FCFA. Les écoles que nous construisons varient de 25 millions à 32 millions FCFA, souvent nous en avons fait à 43 millions FCFA dépendant de la localité.

N.A : il s’agit là des gros chiffres. Avez-vous une idée du montant global investi pendant tous ces temps ?

Y.S : le montant global s’élève à cinq milliards quatre cent soixante-neuf millions deux cent mille francs CFA (5 469 200 000 FCFA). Ce sont des chiffres exceptionnels qui font que dans l’histoire de notre pays, aucun homme politique, à ma connaissance, n’a jamais réalisé sans avoir accès aux ressources de l’État ou aux ressources naturelles du Mali. Cela marque le fait que je sois aujourd’hui pointé comme le précurseur de la politique de l’action concrète pour contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de nos citoyens dans les zones rurales et urbaines.

Je voudrais aussi ajouter des initiatives de ma fondation, notamment la promotion du dialogue interconfessionnel. Comme vous le savez, en novembre 2023, j’ai conduit une forte délégation du guide spirituel des Ançardine non moins président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), Chérif Ousmane Madani Haïdara pour aller entretenir des discussions à de très hauts niveaux aux États-Unis notamment au Département d’État américain, à l’Institut pour la paix, l’institut international pour la liberté des religions aux USA, mais des rencontres avec l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers jours d’Utah où nous avons rencontré dans cet État à l’ouest des États-Unis non seulement les leaders politiques, mais administratifs et religieux autant musulman que chrétien.

N.A : c’est quoi l’objectif ?

Y.S : l’objectif est d’abord de valoriser la ressource humaine, les idéaux de paix et de cohésion sociale prônés par le guide spirituel des Ançardine, faire rayonner à travers le monde que le Mali regorge de tel leadership, comme Gandhi en Inde, Martin Luther King aux USA et Desmond Tutu de l’Afrique du Sud Le Mali aussi détient une telle personnalité qui est Chérif Ousmane Madani Haïdara. Mais globalement, c’était pour promouvoir le dialogue des religions. Lui en tant qu’icône de ce programme, nous avons fait en sorte que le monde entier puisse savoir ce qu’il est. Des USA, l’on a été en Côte d’Ivoire où il a été invité d’honneur pour parler un peu du rôle de la religion dans la famille.

N.A : sur le plan politique, vous êtes président d’honneur du parti PACP. Comment se porte aujourd’hui votre parti ?

Y.S : Le PACP ne s’est jamais porté aussi mieux malgré les turpitudes de la classe politique, nous avons été beaucoup plus réfractaires aux attaques simultanées des autorités militaires et de leurs laudateurs parce que les partis politiques souffrent de fortes attaques sur leur crédibilité. L’on a souhaité jeter l’opprobre sur la classe politique et l’accuser de tous les maux en faisant de nous les auteurs de tous les malheurs que vivent les Maliens. Ce qui est une carabistouille et une campagne organisée en vue de conquérir le pouvoir.

La politique a apporté beaucoup au Mali. La liberté que nous avons aujourd’hui (libertés d’opinion, de presse et les droits fondamentaux qui sont préservés par la démocratie). Les Maliens comprendront parce que je l’ai toujours dit : « Plus un régime d’exception dure, plus ça devient plus dur pour tout le monde». Dans cet ordre d’idées, je trouve que le PACP joue un rôle prépondérant à travers les initiatives que nous faisons pour les communautés, mais aussi une forte implantation du parti a été faite pendant cette période cruciale de notre pays. Nous ne nous sommes pas découragés ni nous arrêtés devant l’obstacle de la propagande ou du populisme. Nous avons enduré et persévéré pour que notre parti s’institutionnalise, s’implante dans le Mali le plus profond pour faire rayonner les principes et les valeurs démocratiques à travers le pays.

N.A : Justement le Mali est sous la Transition depuis 2020. Quelles appréciations faites-vous de la Transition quatre ans après son début ?

Y.S : une transition se juge par sa capacité à sortir de la Transition, sa capacité à ramener le pays dans l’ordre constitutionnel normal. Beaucoup d’arguments et de prétextes ont été utilisés pour garder le pouvoir dans le giron des forces non démocratiques. Je le disais tant tôt, la démocratie sert tout le monde, les régimes d’exception servent certains. Chaque Malien peut trouver son compte dans un régime démocratique, mais dans un régime de fait, c’est un régime de fait. Naturellement, quand vous regardez la Transition que nous avons, j’ai dit que je n’ai aucune attente d’elle, d’abord parce que la mise en place des organes a été faite dans des circonstances qui étaient suffisamment indicatrices de la volonté affichée des autorités de la Transition. Que ce soit le Conseil National de Transition (CNT), le gouvernement, la Primature et la Présidence, nous avons vu qu’il n’y avait pas une vision claire, et que ce n’était vraiment pas consacré au développement humain et socioéconomique du Mali.

Nous avons donc raté le coche depuis la mise en place des organes de la Transition. Mais bien avant, la lutte du M5-RFP a débouché sur un coup d’État. Dès lors, nous avons tous abandonné l’esprit du M5-RFP pour accueillir les militaires au monument de l’Indépendance. C’était la grosse erreur. La pression aurait dû continuer jusqu’à ce que le pouvoir soit transmis aux civils. Mais par anticipation, j’allais dire cupidité, les gens se sont soumis par des intérêts personnels, l’on a dévoyé l’esprit du M5-RFP pour aller se blottir dans les mains des militaires qui continuent à gérer. Et, Dieu seul sait combien de temps ça va durer.

N.A : Quels sont, à cet égard, les plus grandes réalisations de la Transition et ses plus grands échecs ?

Y.S : la Transition a fait des réalisations notables. Il y a des choses que seule la Transition pouvait faire.

N.A : comme quoi ?

Y.S : comme presser les pistes des plaies du Mali notamment Kidal (récupération), le renvoi de la grande influence de la France. Ils ont fait des choses qu’un régime démocratique n’aurait pas pu faire. Il faut reconnaitre ces réalisations, notamment le renforcement de la souveraineté nationale à travers une reconfiguration des alliances stratégiques et des avancées sécuritaires dans certaines régions. Toutefois, l’absence de clarté sur le calendrier électoral, le ralentissement économique et certaines tensions sociales demeurent des échecs importants de cette Transition auxquels il faut rapidement remédier parce que je le dis et je le maintien : PLUS ÇA DURE, PLUS C’EST DUR.

Nous ne pouvons plus aller en arrière reconstituer les organes de la Transition, mais ce que l’on peut faire aujourd’hui c’est de créer un environnement de dialogue, fixer un chronogramme pour l’organisation des élections libres et transparentes pour que le président de la Transition et l’ensemble des autorités puissent sortir par la grande porte. Mais cela, je le maintiens : il n’y a pas d’après-transition sans les militaires.

N.A : comment ?

Y.S : Compte tenu de tous les engagements pris, des œufs qu’ils ont cassés, il serait grave de ne pas prendre en compte tous ces paramètres. Nous ne pouvons pas envisager que ces militaires, sans perspectives et soutien populaire, puissent remettre ce pouvoir et s’en aller vers l’enfer. Personne ne leur souhaiterait cela compte tenu de tout ce qu’ils ont pu réaliser pour le pays. Il faut relever ces militaires au rang d’emblèmes nationaux, faire en sorte qu’ils soient protégés par l’État malien, que l’appareil d’État et diplomatique se mettent en braille pour protéger ces jeunes qui ont pris un risque très élevé. Il faut prendre cela en compte. Cependant, ils ne peuvent pas se protéger eux-mêmes. C’est l’appareil d’État, un pouvoir démocratiquement élu qui le pourra.

N.A : Que pensez-vous du départ de Choguel Kokalla Maïga et la nomination du Général Abdoulaye Maïga ?

Y.S : le départ de Choguel Kokalla Maïga marque un tournant décisif dans la transition. Son leadership a été marqué par des actions fortes, mais aussi des divisions internes. Cette décision doit permettre de renforcer l’unité nationale et de répondre efficacement aux aspirations des Maliens. J’avais anticipé l’échec de Choguel dans un débat télévisé que j’avais eu avec lui… son échec était prévisible.

La nomination du Général Abdoulaye Maïga peut être perçue sur plusieurs angles parce que le départ de Choguel pourrait accentuer le durcissement de la position de cette transition envers la communauté internationale et régionale, mais aussi le retour vers nos engagements envers nous-mêmes et envers l’opinion nationale et internationale.

N.A : la nomination du Général Abdoulaye Maïga est donc, selon vous, une remise en cause de nos engagements ?

Y.S : bien sûr parce qu’ils ont renforcé la militarisation, la mainmise des militaires, même si c’est en apparence. La perception compte. Abdoulaye Maïga est un homme que j’admire. Il est sincère envers le Mali. Il a l’ambition de réussir la Transition, sans aucun doute. Mais vous conviendrez avec moi qu’on aurait pu envisager un leadership démilitarisé. Cela aussi dénote de la rupture entre la classe politique et les militaires et veut dire que la rupture s’approfondit. Au lieu de démilitariser, ils ont assumé la militarisation de la Transition.

Sa nomination apporte cependant une nouvelle dynamique au sein de l’équipe de la Transition. Ses premières actions devraient être orientées vers la réconciliation nationale. Il a pris des actions dans ce sens. L’écoute, l’esprit d’écoute, la capacité de s’asseoir avec chaque composante de notre société. L’amélioration des conditions économiques et la préparation des élections inclusives et crédibles doivent être inscrites aux priorités de l’action gouvernementale.

N.A : Justement la lettre de cadrage du président de la Transition prévoit en huitième position la création des conditions pour l’organisation des élections. Le Mali s’achemine-t-il vers les élections dans un futur proche ?

Y.S : il a toujours été de mes propos que le Mali doit s’acheminer vers des élections inclusives et crédibles pour répondre aux aspirations démocratiques du peuple. Cela nécessite un calendrier précis, des réformes électorales solides et l’implication de tous les acteurs politiques et sociaux. Sans cela, la sortie de la CEDEAO risque de se prolonger. Ce qui accentuerait l’incertitude.

Nous apprécions toutes les informations mises à disposition relatives à la révision des listes électorales, qui sont des processus normaux de la conduite de l’État. Chaque année, la révision des listes électorales se tient du mois d’octobre à décembre. D’ailleurs, j’ai senti lors du dernier conseil des ministres qu’il y a une intention de la proroger jusqu’au février 2025. Ce qui serait une très bonne chose. Mais néanmoins, l’on ne peut parler d’élections sans parler de calendrier électoral. Quand est-ce qu’ils prévoient d’organiser les élections ? Cela ne peut et ne doit pas être tenu secret des acteurs politiques, qui constituent l’essence même du processus électoral. Donc j’invite le nouveau Premier ministre à s’approprier les actions gouvernementales, à mettre en priorité d’abord la fixation d’une date (élaboration du calendrier électoral accepté de tous). Cela se fait seulement à travers le dialogue inclusif.

N.A : il y a d’autres signaux vers les élections, dont la réinscription du budget des élections dans la loi de Finances. Est-ce que votre parti politique est prêt à prendre part aux échéances électorales en cas d’élections en 2025 ?

Y.S : Depuis la création du PACP, nous n’avons pas sauté une seule échéance électorale. Nous partons à toutes les échéances électorales. Nous partons à toutes les élections. Cela est un actif pour le Parti pour l’Action Civique et Patriotique.

Nous ne sommes pas dans les concubinages politiques. Nous ne sommes pas dans les alliances contre-nature. Nous sommes une force politique et nous nous battons pour nous ériger au rang de premier plan des forces politiques nationales.

Oui, le PACP est prêt à participer aux prochaines élections. Nous mobilisons nos équipes, organisons notre base et préparons un programme politique axé sur les solutions concrètes pour le développement du Mali.

N.A : est-ce pour dire que vous êtes candidat à la prochaine présidentielle ?

Y.S : je reste serviteur du Mali comme le slogan de mon parti l’indique : « Diriger c’est servir. » On n’a pas besoin d’être président du Mali pour construire 50 écoles à travers le pays, offrir des forages aux communautés démunies, donner des bourses çà et là. Toutes ces initiatives démontrent la capacité de l’homme, les compétences requises pour pouvoir donner un nouvel élan à ce pays qui a connu beaucoup de turpitudes. Ma candidature dépendra des besoins du pays et des aspirations du peuple. C’est le PACP qui choisit de façon démocratique son candidat. C’est le congrès prochain qui va certainement investir le candidat du parti. Si je suis choisi, je le ferai avec intégrité, engagement et vision pour un Mali prospère et stable.

N.A : Vous avez annoncé que vous allez donner un million FCFA à tous les Maliens (majeurs) une fois élu président. D’où est venue cette idée ? Est-ce réalisable ? Que répondez-vous aux critiques qui pensent que vous cherchez simplement à vous faire plus d’électeurs ?

Y.S : Les écoles que nous construisons, les forages que nous donnons, les bourses d’études que nous offrons sont à même de réaliser cet objectif qu’un buzz. Non, ce n’est pas un buzz, c’est une initiative mûrement réfléchie. Ce n’est pas un don. C’est une allocation financière qui a des objectifs précis.

Je n’ai pas souhaité rentrer dans les détails parce que c’est un programme dont nous sommes propriétaires et que nous souhaitons partager le contenu au moment venu. C’est un contenu, une initiative présidentielle qui n’est pas seulement de donner l’argent liquide aux Maliens, mais pour bancariser d’abord les Maliens. Chaque Malien pour accéder à cet argent doit avoir un compte bancaire. Ce qui fera que chaque Malien, chaque fonctionnaire sera identifié et répondra au besoin de digitalisation et résoudra le problème de corruption salariale.

N.A : d’où viendra ces millions ?

Y.S : Ces millions sont déjà là. Dieu nous a abondamment bénis avec des ressources naturelles et humaines qui font que le Mali n’est pas en besoin de ressources, mais d’un leadership qui puisse mobiliser ces ressources. Ce ne sont pas des dons qui vont venir de l’extérieur. Ce sont des ressources qui existent déjà, il faut juste savoir les mobiliser pour les Maliens de façon interne. J’ai cette capacité et j’entends mettre cela au profit des Maliens.

C’est juste une initiative sinon elle ne m’empêchera pas de faire un vaste programme d’infrastructures routières, un vaste programme de modernisation des camps militaires au Mali ou le militaire ne pourra jamais être attaqué par des groupes terroristes, de réaliser un système de défense technologique sur l’intégralité du territoire, de construire des universités dans chaque région, d’amener des plateaux techniques de standard international dans les hôpitaux.

Ce million, c’est l’opportunité de dire aux Maliens que nous ne sommes pas un pays pauvre et que les descendants de Kankou Moussa ne doivent pas se comporter comme des pauvres. Nous asseoir sur des mines d’or et tendre la main est un paradoxe que nous pouvons régler aux bénéfices des Maliens.

N.A : Que proposez-vous pour mettre fin à la crise énergétique ?

Y.S : ce n’est pas un problème très difficile à résoudre. C’est une question de vision. Ce n’est pas une question d’émotions. L’on ne pourra en aucun cas résoudre la situation énergétique sans passer par la Côte d’Ivoire. Il y aura peut-être d’autres solutions, mais ce seraient des solutions cinq fois plus difficiles et chères. Aujourd’hui, il existe déjà une ligne de transmission d’énergie entre la Côte d’Ivoire et Bamako. Il faut capitaliser cela. J’étais ambassadeur du Mali en Inde lorsque j’ai mobilisé ces ressources au niveau de l’Inde à hauteur de 100 millions de dollars.

Il y a d’autres solutions qui peuvent s’accoupler à l’achat de l’énergie avec la Côte d’Ivoire qui est à un coût abordable. Il faut s’assumer dans ce sens. À cela peut s’ajouter ce qu’on appelle en anglais « plug and pay» (branchez et payez) où il y a des sources d’énergie qu’on peut avoir avec la Türkiye et d’autres pays amis basés sur la mer. Et nous, nous n’avons pas de mer et il faut coopérer avec un pays côtier. Pour cela, la Côte d’Ivoire devient encore plus avantageuse que n’importe quel autre pays compte tenu des infrastructures de transport d’énergie qui existent entre nous.

À court terme, il faut désengorger EDM-SA par des installations solaires familiales. L’État doit s’engager à faire, par exemple, une initiative d’énergie solaire. Chaque famille qui voudrait installer des solaires sera subventionnée par l’État à hauteur de 30%. Elle pourrait en ce moment prendre en charge ses besoins et infuser ses excédents de production énergétique sur les lignes d’EDM-Sa. Ce qui fera en sorte que la consommation des familles moyennes sera enlevée de la production d’EDM-Sa qui sera consacrée aux familles démunies et aux industrielles.

N.A : dans le cadre de l’apaisement du climat social, onze leaders politiques détenus ont été libérés. Faut-il élargir la mesure à d’autres personnes ?

Y.S : sans aucun doute. J’étais de tout temps un grand avocat de la liberté d’opinion et de presse. Aucun Malien ne doit être aujourd’hui en prison pour avoir exprimé son opinion sur la marche de l’État ou sur la vie de la nation. Libérez Ras Bath, Rose, Clément Dembélé, Etienne Fakaba Sissoko ! Libérez tous les détenus que l’on peut qualifier de détenus politiques. Le Mali n’a pas besoin de ça. Tout est question de perception. Donnons à la face du monde que nous sommes un pays respectueux des droits fondamentaux et des libertés fondamentales.

N.A : Qu’en est-il des exilés ?

Y.S : ceux qui doivent répondre devant la justice devraient répondre. Ceux qui ont des mandats d’arrêt à leur encontre doivent répondre à la justice. Ces cas doivent être gérés par les procédures judiciaires. Ceux qui sont en exil pour des raisons d’opinions doivent être acceptés à revenir au Mali parce que ce sont des Maliens qui n’ont pas violé la loi. Ce sont des Maliens qui se sont exprimés avec plein droit, constitutionnellement garanti.

N.A : Que faut-il faire pour sortir de la Transition ?

Y.S : pour sortir de la Transition, il est essentiel de fixer un calendrier électoral clair qui sera respecté. Aujourd’hui, la crédibilité de l’État à organiser les élections est très affaiblie. Moi entant qu’acteur politique, je n’ai pas confiance que la Transition est à mesure d’organiser des élections libres, crédibles et transparentes dans les jours à venir. Nous avons beaucoup d’incertitudes par rapport à l’organisation des élections, : est-ce que les autorités seront juges et parties ? Est-ce que Assimi Goïta sera candidat ? Il y a beaucoup d’incertitudes qui planent sur la capacité des autorités de Transition à organiser des élections libres, crédibles et transparentes.

Je disais fixer un calendrier clair, engager un dialogue inclusif avec toutes les forces vives de la Nation particulièrement les acteurs politiques qui sont parties prenantes des élections s’il y en a, mettre en place des réformes institutionnelles pour garantir des élections crédibles, renforcer l’État de droit et la sécurité pour assurer un climat électoral apaisé. Ces mesures sont nécessaires pour un retour durable à la stabilité politique et au développement économique.

N.A : votre mot de la fin ?

Y.S : les Maliens doivent comprendre que les crises que nous connaissons aujourd’hui sont intimement liées à la stabilité politique. Tant que nous ne parvenons pas à installer une stabilité politique à la tête du pays, nous ne parviendrons pas à résoudre dans un avenir proche ces crises multidimensionnelles. La paix se construit dans la stabilité politique. J’en appelle à chaque Malien, normalement aux autorités, au respect des droits fondamentaux et des libertés fondamentales constitutionnellement garantis au Mali.

NB: l’entretien a été publié dans le magazine Nouvelle Afrique du mois de janvier 2025

MC/NouvelleAfrique

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