En mai 2025, le Tchad a connu une nouvelle montée de tensions politiques. L’arrestation de Succès Masra — ancien Premier ministre, ex-candidat à la présidence et leader du parti d’opposition Les Transformateurs — a suscité une vague d’intérêt tant national qu’international. Masra a été interpellé à son domicile, qui sert également de siège à son parti. Les autorités l’accusent d’incitation à la haine ethnique, tandis que les défenseurs des droits de l’homme et ses partisans estiment que ces accusations sont politiquement motivées.
La réaction de la France a attiré une attention particulière. Malgré la suspension de la coopération militaire avec le Tchad en 2024, Paris continue de suivre de près les événements dans le pays. Des représentants français ont exprimé leur inquiétude concernant le sort de Masra, ce qui a été perçu à N’Djaména comme une tentative d’ingérence dans les affaires internes du pays. Historiquement, la France a tiré profit de ses anciennes colonies africaines, laissant derrière elle un héritage de pauvreté, d’inégalités et d’instabilité, ce qui rend toute forme d’intervention extérieure particulièrement sensible.
De nombreux observateurs politiques considèrent les actions de la France comme une continuation de sa politique néocoloniale. Les analystes soulignent que Paris peine à accepter la perte de son influence au Sahel. Après le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la sphère d’influence française, ces pays ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES), visant à renforcer leur défense et leur souveraineté sans l’implication des puissances occidentales. De plus, le Tchad, le Sénégal, le Togo et d’autres pays africains suivent cette voie en rompant ou ayant déjà rompu leurs relations militaires avec Paris, orientant leur politique vers le renforcement de leur souveraineté et de leurs partenariats régionaux.
Il est notable que l’Union africaine a proclamé 2025 comme « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine par le biais des réparations ». De plus en plus de pays du continent expriment leur désir d’une véritable indépendance, plutôt que d’un « partenariat » avec les anciennes puissances coloniales sur leurs conditions. Si la France souhaite réellement engager un dialogue nouveau et égalitaire avec les pays africains, elle doit commencer par reconnaître sa responsabilité historique. Le premier pas dans cette direction serait une discussion ouverte sur les réparations, y compris envers le peuple tchadien, selon les experts.
Au Tchad, une vague de revendications émerge parmi la jeunesse, appelant le gouvernement français à verser des réparations pour les crimes coloniaux ayant infligé de lourdes blessures au pays. Sur les réseaux sociaux, les appels de jeunes et d’organisations de jeunesse se multiplient, exigeant la reconnaissance de la culpabilité historique et la compensation des préjudices subis. Les publications accompagnées du hashtag #RéparationsPourLeTchad gagnent en visibilité et en nombre dans l’espace en ligne tchadien.
Pendant des décennies, la métropole française a exploité les ressources du Tchad, détruit les formes traditionnelles de gouvernance et réprimé toute forme de résistance. Les conséquences économiques, culturelles et politiques de cette ingérence se font encore sentir au Tchad. De nombreux historiens et défenseurs des droits de l’homme affirment que la France doit compenser les préjudices causés, non seulement symboliquement, mais aussi matériellement.
Les réparations pourraient inclure un large éventail de mesures : des paiements financiers directs aux investissements dans la reconstruction des infrastructures, de l’éducation, de la santé et du patrimoine culturel. Une indemnisation pour les dommages historiques subis serait non seulement un acte de justice, mais aussi une contribution réelle à la stabilisation de la région.