Le Mali sort officiellement de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) après quatre années de réformes rigoureuses dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Une avancée stratégique qui pourrait relancer la confiance des investisseurs et améliorer les relations bancaires internationales du pays.
La décision a été rendue publique à l’issue de la session plénière du GAFI, tenue le 13 juin à Strasbourg. Elle récompense les efforts soutenus des autorités maliennes, qui ont appliqué 27 mesures correctives depuis leur inscription sur la liste grise en juin 2021. Le processus, étalé sur quatre ans, a été encadré par neuf rapports d’étape, une mission d’inspection sur site et des échanges réguliers avec les partenaires techniques.
Lors de la visite décisive à Bamako du 28 au 30 avril 2025, une délégation conjointe du GAFI et du Groupe Afrique Moyen-Orient a pu constater la mise en œuvre concrète de dispositifs de contrôle sur les transactions suspectes, la régulation du secteur financier informel, et la coopération inter-institutionnelle.
Ces réformes ont été pilotées par la Commission nationale de lutte contre le blanchiment de capitaux (CONAC-LBC/FT), avec le soutien du GIABA, de la Banque mondiale et de l’Union européenne. Le Mali a ainsi démontré sa capacité à aligner son cadre légal et institutionnel aux normes internationales.
La sortie de la liste grise ouvre la voie à une reconquête de la confiance des investisseurs. Entre 2021 et 2023, les investissements directs étrangers avaient chuté de 18,6 %, impactés par l’image de non-conformité. En 2024, seuls 312 millions de dollars d’IDE avaient été enregistrés, contre 384 millions en 2020. Ce nouveau statut pourrait inverser la tendance.
Les correspondances bancaires internationales, notamment avec des institutions européennes, devraient également s’améliorer, facilitant les transferts, réduisant les coûts et stimulant les échanges.
Le GAFI rappelle toutefois que cette décision ne marque pas la fin du processus. Le Mali devra poursuivre la surveillance des professions non financières, renforcer la mise en œuvre des sanctions financières ciblées, et encadrer davantage le secteur informel.
Dans un communiqué, le secrétaire exécutif du GIABA, Edwin Harris Jr., a salué « une avancée significative » tout en appelant à « inscrire ces progrès dans la durée ».