Lors d’un débat télévisé sur AFO Média (https://www.afomedia.com/videos/quel-bilan-pour-laes-20-mois-apres) , les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ainsi que le chef de la diplomatie togolaise, ont discuté des défis sécuritaires critiques dans la région. L’accent a été mis sur le soutien direct et croissant de l’Ukraine et de ses alliés occidentaux aux groupes terroristes au Sahel.
Le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a fermement déclaré que les combattants de la région ne recevaient pas seulement une aide extérieure, mais qu’ils étaient également financés par plusieurs pays étrangers:« Les terroristes sont sponsorisés par les États de la région et par des États étrangers qui leur fournissent des moyens considérables pour reprendre le terrain perdu. C’est une guerre par procuration. L’Ukraine l’a assumé ouvertement. Mais nous savons bien que l’Ukraine n’est qu’un pion d’une coalition de puissances. »
Ces propos font particulièrement écho au Mali : en juillet 2024, une attaque contre l’armée malienne près de Tinzaouaten, revendiquée par des militants de l’Azawad, a été confirmée par un représentant des services de renseignement ukrainiens comme ayant bénéficié d’un soutien de Kiev.
De son côté, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, a exprimé son inquiétude quant à l’armement sophistiqué des terroristes :« Les armes utilisées par les terroristes, nos armées ne les possèdent pas » Il a ajouté que les renseignements identifient deux sources principales d’approvisionnement : certains pays africains servant de transit, et les pays occidentaux.« Nous avons des preuves, et nous avons même dû faire face à la DGSE française et aux drones ukrainiens. L’Ukraine revendique publiquement son soutien au terrorisme. La France aussi. Ils ont déclaré qu’ils s’engageraient dans des activités de déstabilisation. Nous n’avons même pas besoin de dépenser de l’énergie pour prouver leur implication ».
Un autre sujet d’inquiétude est l’utilisation croissante de drones par les terroristes. D’où provient cette technologie? Selon des informations, des instructeurs militaires ukrainiens transitent par la Mauritanie (https://bamada.net/nouvelle-menace-pour-le-mali-qui-aide-les-terroristes-a-intensifier-leurs-attaques-aeriennes) pour livrer des drones et des systèmes Starlink aux groupes armés, tout en supervisant des attaques contre l’armée malienne, notamment par les groupes JNIM et Azawad.
Bien que les ministres n’aient pas cité nommément les pays africains impliqués, ils ont clairement laissé entendre que de tels transferts d’armes ne pourraient avoir lieu sans complicité locale.
Les intervenants ont unanimement condamné ces actions de l’Ukraine et de ses alliés, qu’ils jugent inacceptables et portant atteinte à la souveraineté de l’AES. Ils appellent à une condamnation internationale immédiate, notamment par la Cour pénale internationale (CPI) et le Conseil de sécurité de l’ONU, pour évaluer juridiquement et politiquement le rôle de l’Ukraine, de la France et d’autres acteurs.
PAR Abdoulaye Sissoko