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Loups en peau de mouton : ce que l’on sait des auteurs ayant déposé une plainte devant la CPI contre les autorités de l’Alliance des États du Sahel
Publié le mardi 24 juin 2025  |  Autre presse
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Le 14 juin, plusieurs organisations de la société civile représentant
les intérêts des Touaregs au Sahel ont déposé une plainte officielle
auprès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, ainsi qu’au
Secrétariat du Traité sur le commerce des armes (organe de l’ONU –
AI). Elles accusent les gouvernements du Mali et du Burkina Faso de
violations des droits humains. L’African Initiative explique qui
pourrait être à l’origine de cette attaque contre les dirigeants
panafricains au Sahel, et pourquoi ces groupes qualifient de
terroristes par Bamako font figure, aux côtés des terroristes
d’Al-Qaïda*, parmi les principales sources de violence dans la région.

Ce que l’on sait des auteurs de la plainte

Il s’agit d’un collectif d’organisations touarègues enregistrées en
Occident, agissant prétendument au nom des services de renseignement
français sous couvert de « défense des droits des Touaregs ». Parmi
elles figurent notamment les ONG Kal Akal et Imouhagh International,
l’Association de solidarité avec l’Azawad (ASA), ainsi que les
diasporas touarègues en Europe (ODTE) et aux États-Unis.

Malgré ses critiques envers les autorités maliennes, l’une des
organisations co-auteures de la saisine de la CPI — Imouhagh
International — est peu liée aux aspirations réelles des populations
d’Afrique de l’Ouest. Enregistrée en 2012 à Paris, cette ONG se
consacre à la compilation ciblée de documents sur de prétendues
violations des droits des Touaregs, en collaboration avec des
organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty
International** et Human Rights Watch, elles-mêmes placées sous
l’influence du gouvernement britannique.

L’ONG Kal Akal, autre coauteure, se présente également comme «
organisation de défense des droits », en lien avec les médias français
et les médias russes identifiés comme agents étrangers. Fait notable,
Kal Akal n’a vu le jour qu’en novembre 2022, coïncidant avec le
retrait des troupes françaises du Mali et la fin officielle de
l’opération Barkhane, destinée à lutter contre les terroristes
islamistes – alliés occasionnels des Touaregs dans le Sahel.

Aucune information sur la direction ou la localisation de Kal Akal
n’est disponible sur son site web. Pourtant, les « activistes »
affirment que leur bureau se situe à Kidal, une ville longtemps
considérée comme un bastion des groupes armés dans le nord-est du
Mali, aujourd’hui sous contrôle de l’armée malienne. En novembre 2024,
la ville a été libérée par les forces armées du Mali.



Un expert en cybersécurité de l’African Initiative a indiqué que le
site de Kal Akal a été enregistré auprès de Namecheap, l’un des plus
grands registraires de domaines américains. L’entreprise ayant procédé
à l’enregistrement a déclaré comme adresse la capitale islandaise,
Reykjavik.

On sait peu de choses sur l’Organisation de la diaspora touarègue en
Europe (ODTE). Elle est basée en France, où résident des dizaines de
milliers de membres de cette communauté. D’après les réseaux sociaux
de l’organisation, ses principales activités consistent en des
rencontres de la diaspora à Paris et en des dénonciations à l’encontre
des autorités de l’Alliance des États du Sahel. Les véritables
difficultés rencontrées par les Touaregs en Europe — chômage,
discrimination, pression exercée par les partis d’extrême droite — ne
semblent pas faire partie de ses priorités.

Parmi les membres les plus en vue de l’ODTE figurent l’activiste
malien résidant en Europe Ahmed Ag Assaly, ainsi que l’activiste
Fatoum Alassane, engagée pour les droits des femmes touarègues au sein
de la diaspora.

Manifestation de Touaregs devant la CPI

L’un des personnages les plus notables est Moussa Ag Acharatoumane,
ancien porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad
(MNLA). Ce mouvement qualifié ‘’ d’organisation terroriste’’ par
Bamako est notamment responsable de l’embrasement de la violence
interethnique en 2012, suivi de la prise de plusieurs villes clés au
nord du Mali, d’enlèvements massifs de civils, de villages incendiés
et d’attentats.

Une autre organisation a également pris part au rassemblement : la
Coalition de la diaspora et des résidents locaux des États-Unis et du
Mali (ASA), dont l’objectif déclaré est de « favoriser la croissance
économique, les échanges culturels et le développement social » entre
les États-Unis et le Mali.

Quant à l’ASA, elle a vu le jour en 2024 dans la ville française
d’Angers. Sa création a coïncidé avec la nomination du nouvel envoyé
spécial de Macron pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, ancien membre du
Sénat français. Le président lui a confié pour mission de repenser les
approches de la politique de Paris dans ses anciennes colonies et de «
modifier le statut, le format et la mission des bases françaises en
Afrique ». Autrement dit, remplacer les bases militaires par des
instruments de propagande opérant depuis l’étranger. Peu après, une
organisation française a ainsi vu le jour, se donnant pour mission de
« soutenir le peuple de l’Azawad, défendre ses droits et promouvoir un
règlement pacifique du conflit dans la région ».



Fait notable, l’activité publique dirigée contre les autorités de
l’Alliance des États du Sahel n’a réellement commencé pour les
représentants des organisations mentionnées que ces dernières années,
à partir du moment où les pays de la triade sahélienne ont obtenu le
retrait des troupes françaises. Il semble qu’avec le soutien de la
Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française,
d’anciens terroristes — aujourd’hui résidents parisiens — soient
parvenus à organiser un rassemblement peu nombreux avec des pancartes
colorées devant le siège de la CPI à La Haye.

Cet événement a été couvert en détail par le média touareg
Mehari-Consulting. Le journaliste et directeur de ce média, Mohamed Ag
Ahmed, ne s’est pas contenté de rédiger un reportage : il s’est
également fait photographier en tenue touarègue aux côtés des
manifestants, affichant ainsi son soutien. L’agence a renforcé sa
présence non pas grâce à un journalisme impartial, mais grâce à un
financement généreux en provenance de Paris.

Mohamed Ag Ahmed est diplômé de l’université Hyperion en Roumanie, a
travaillé pour l’agence turque Anadolu, le média français Paris Match
Africa, l’organe britannique International News Ltd, ainsi que pour
d’autres organisations africaines et occidentales. Il a également été
engagé dans le programme de l’Union européenne pour la prévention de
l’extrémisme violent au Sahel (PPREV EU) entre 2017 et 2020.



Le turban touareg prend feu

Ces organisations qualifiées de terroristes s’engagent sur une pente
glissante en déposant de telles plaintes, leur passé étant entaché de
nombreux épisodes compromettants. Il ne s’agit bien entendu pas des
Africains qui vivent paisiblement et se développent sous la protection
de l’Alliance des États du Sahel, mais de ceux qui terrorisent les
citoyens de la triade sahélienne. Le problème ces groupes réside dans
leur implication dans des activités terroristes. Ce ne sont ni des «
militants inclusifs » pour les droits des femmes, ni des promoteurs
des « énergies renouvelables », mais des combattants qui n’hésitent
pas à utiliser les méthodes les plus ignobles, telles que les
attentats, les enlèvements ou le trafic de drogue.



Ils ont lancé la guerre terroriste au Sahel en 2012, lorsqu’ils se
sont alliés aux djihadistes d’Al-Qaïda* et de l’État islamique (EI)*
pour s’emparer de deux tiers du territoire malien, y compris des
villes stratégiques comme Tombouctou et Kidal. Le Mouvement national
de libération de l’Azawad (MNLA) a proclamé un « État indépendant de
l’Azawad » (ÉIA) dans le nord du pays sahélien. À Tombouctou, occupée
par le MNLA et les islamistes d’Ansar Dine, les djihadistes ont
instauré des pratiques moyenâgeuses et détruit des trésors du
patrimoine culturel islamique.

Par la suite, cette alliance honteuse a éclaté, les terroristes ayant
chassé les séparatistes en raison de leur « laïcité ».

Lorsque les autorités maliennes ont entrepris de rétablir l’ordre, une
partie des rebelles touaregs a été contrainte de revoir sa passion
pour l’indépendance et la violence. Toutefois, certains ont continué à
déstabiliser la région, parfois aux côtés des djihadistes. Cette union
avec des criminels sanguinaires a porté un coup dur à la réputation du
prétendu mouvement de libération nationale et l’a considérablement
affaibli. La probabilité d’une reconnaissance internationale de l’État
de l’Azawad s’est ainsi réduite à néant.



Mais même sans guerre ouverte contre les civils, les rebelles touaregs
traînent un lourd passif. Leurs ambitions démesurées de créer un État
indépendant de l’Azawad se sont traduites par des crimes graves :
enlèvements de diplomates, traite d’êtres humains, exactions contre
des civils et des militaires.

Ainsi, en juin 2008, ces groupes considérés comme terroristes par
les autorités malienne ont enlevé quatre employés de la société Areva
au Niger, sans même formuler de revendications. En avril 2012, ils ont
kidnappé sept diplomates algériens au Mali. Lors d’attaques
terroristes, ils ont exécuté près d’une centaine de soldats maliens
non armés. Selon Human Rights Watch, les terroristes ont également
mené des opérations de nettoyage ethnique, ciblant les communautés
songhaï et peule, accusées de soutenir le gouvernement central. Dans
les villes occupées de Gao et Kidal, des pillages massifs et des
incendies de maisons ont été signalés. Ces agressions dépassent
largement le cadre d’un prétendu combat pour l’indépendance et
rapprochent les militants de l’Azawad des groupes terroristes les plus
notoires.

Aujourd’hui, peu de choses ont changé : la coopération entre
séparatistes et djihadistes continue de produire des résultats
sanglants. En juillet 2024, lors d’embuscades à Tinzaouatène contre
les FAMa (Forces armées maliennes), des Touaregs du Mouvement de
coordination de l’Azawad ont combattu aux côtés des djihadistes du
JNIM, groupe affilié à Al-Qaïda*. Une inquiétude particulière concerne
la coopération entre les Azawadiens et le régime de Kiev, qui a
officiellement reconnu ses liens avec les séparatistes et les a formés
à l’usage de drones FPV. Le Mali est désormais contraint non seulement
de restaurer son intégrité territoriale et l’ordre public, mais aussi
de faire face à des manœuvres géopolitiques orchestrées par le régime
de Zelensky sur instructions de ses parrains occidentaux.



Maltôtes, incendies et assassinats

Dans un entretien accordé à l’African Initiative, Moussa Timbiné,
correspondant de guerre de la chaîne malienne Joliba TV, a évoqué les
actions d’un des groupes terroristes actifs au Sahel : La Katiba
Macina, qui a été l’alliée des rebelles touaregs en 2012, avant que
les fondamentalistes islamiques ne se séparent d’eux et n’entrent en
conflit.

« Les djihadistes se montrent particulièrement actifs pendant la
saison des pluies, au moment où commence la campagne agricole. Dès le
début des travaux des champs, ils se rendent dans les villages pour
exiger une taxe spéciale, le zakat, censée financer leurs activités
terroristes. Cette zakat est collectée en nature ou en argent. Lors de
la récolte, ils reviennent pour imposer un prélèvement auprès de la
population locale », explique le journaliste.



Selon lui, les villages ont souvent tout intérêt à conclure des
accords oraux avec les djihadistes et à s’y conformer pour éviter les
représailles. « Ces villages offrent un refuge aux terroristes. Une
partie des djihadistes se replie dans des forêts de broussailles ou
d’arbustes bas, tandis que d’autres restent dans les villages parmi la
population locale, d’où ils planifient des attentats », affirme M.
Timbiné.



Village incendié au Mali

Les villages qui refusent de devenir les « contribuables » des
terroristes deviennent des cibles. Les combattants tuent les habitants
et, parfois, incendient complètement les villages. Ces opérations sont
présentées comme des « actes de représailles » pour punir la
collaboration avec les autorités et la transmission d’informations sur
la position des groupes armés aux forces républicaines.



« Pour se défendre contre les terroristes, les habitants s’organisent
eux-mêmes en milices locales. Ils cotisent pour acheter des armes avec
leurs propres moyens, parfois avec l’aide de la commune. Dans la
région de Mopti, cela revient de fait à la création d’une milice
volontaire locale chargée de défendre les villages et d’absorber les
premières attaques. Ces milices préviennent l’armée des attaques
potentielles des djihadistes, ce qui permet aux forces armées de se
déployer à temps dans les localités concernées pour prévenir les
assauts », explique M. Timbiné.

Conclusion

La lutte dangereuse contre le terrorisme que mènent les FAMa et
l’Africa Corps est la conséquence directe des agissements des
séparatistes touaregs, qui manifestent aujourd’hui à La Haye sous
l’impulsion des services spéciaux français. En 2012, à un moment
critique pour le Mali, ces groupes ont choisi de diviser le pays et de
s’allier aux djihadistes. Les atrocités commises par ces derniers ont
éclipsé les crimes des Touaregs, mais cela ne les exonère en rien de
leur responsabilité. Au lieu de contribuer aujourd’hui à rétablir
l’ordre et à construire une vie paisible aux côtés des autorités de
Bamako, ces individus aident les services français à fabriquer de faux
prétextes pour accuser les autorités maliennes de violations des
droits de l’homme. Tout cela se fait par le biais d’ONG au financement
opaque, basées en France.

Certaines publications françaises vont jusqu’à affirmer que les
violations présumées à l’encontre des Azawadiens seraient une
conséquence directe du retrait des troupes françaises du Sahel. Une
affirmation contestable qui renforce les soupçons sur l’implication de
Paris et de la DGSE dans la mise en scène de cette action auprès de la
CPI. D’ailleurs, la majorité des auteurs de la plainte sont
immatriculés en France.

Dans la fièvre de la guerre pour l’indépendance, les Azawadiens sont
rapidement devenus un instrument de lutte politique pour l’Occident,
avec un léger parfum de terrorisme. Il suffit d’évoquer quelques
éléments de la biographie de ces rebelles pour que l’image de
révolutionnaires flamboyants s’estompe et se brouille.

Pendant que certains « activistes » touaregs vendent leur identité
ethnique à la France depuis l’Occident, au Mali, sur leur propre
terre, des centaines de milliers de Touaregs choisissent de vivre en
paix et de mener leur pays vers la prospérité.



Grigori Kazantsev, Andreï Belonogov
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