Le proverbe dit que : » celui qui promet de faire porter la culotte à l’éléphant, lorsqu’il parvient à réaliser sa promesse, on se doit de l’applaudir pour avoir exécuté une œuvre colossale. Par ailleurs au cas où il n’arriverait pas exécuter, il aura remué sa langue dans la bouche pour prononcer des mots vides de sens et de contenu « . Une attitude loin d’être honorable pour un tenant de pouvoir.
Lors des assises de la décentralisation, le Président de la République du Mali n’a pas manqué de marteler à trois reprises qu’il sera sans pitié dans la gestion des problèmes fonciers. Du moins je veux nommer son gouvernement plutôt. Nous avons bien entendu et assimilé le message. Maintenant nous allons le voir à l’œuvre. Dans un pays où la presque totalité des maires se trouvent embourbés dans les problèmes fonciers, la tâche s’annonce très difficile. Il me semble que le moment est arrivé d’engager la bataille maintenant, sinon demain il sera beaucoup trop tard.
J’espère que lorsque le Président Ibrahim Boubacar Keïta prononçait ces mots, il ne pensait pas à la présence du fameux Maire du District de Bamako en la personne d’Adama Sangaré assis seulement à quelques mètres de lui dans la salle. Ce maire n’est-il pas sous le coup de mesures judiciaires ?
Dans le même ordre d’idée, les dossiers ne manquent pas. Ils n’attendent que d’être traités au plus tôt pour le plus grand bonheur du peuple malien. Je peux même avouer que rares sont les communes qui ne sont pas secouées par des problèmes fonciers au Mali. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour solliciter le concours des nouvelles autorités politiques en vue de tirer au clair le scandale foncier qui prévaut depuis quatre ans dans la commune rurale de Baguineda.
A l’heure actuelle, il me semble que la sortie honorable du Maire de Baguinéda serait de mettre la municipalité de ladite commune sous-tutelle. Compte tenu de l’énormité des démêlés dus aux fonciers, Baguineda peut se prévaloir de gagner le grand prix dans ce trafic.
Comment comprendre que du jour au lendemain la municipalité décrète la saisie des terres des braves paysans ? C’est le scenario qui prévalait à Baguineda depuis bientôt quatre ans. L’espace agricole de Kolè avait été arraché à ses exploitants par abus de pouvoir dans le seul but d’être morcelé, vendu et l’argent récolté détourné. Hormis cette raison, je ne vois aucun autre motif apparent devant l’acte gravissime posé par la Mairie. Pour la petite histoire, lorsqu’elle s’est accaparée des terres, interdiction avait été lancée aux exploitants pour ne plus jamais accéder à leurs parcelles. Si certains détenaient un hectare, d’autres possédaient le double, voire le triple en superficie. Un vrai scandale à tout point de vue !
Au terme de trois longues années d’apres luttes, un nouveau son de cloche a retenti à Baguineda. Le gouverneur de la région de Koulikoro a ordonné de restituer les terres à leurs exploitants d’antan. Cela n’empêche, cette pratique ne doit aucunement rester impunie. Privé de leur terre durant tout ce temps il a fallu que les exploitants surviennent aux besoins alimentaires des familles. Si certaines familles ont tenu grâce à la solidarité, d’autres se sont endettées pour faire face à cette situation désastreuse. Dieu seul sait comment ces familles se sont démenées à subvenir aux besoins alimentaires de leurs membres. Malheureusement Baguineda comme tant d’autres communes rurales et urbaines vivent ce cauchemar. Il va falloir que le nouveau chef d’Etat traduise ses mots en acte. » Nul n’est et ne sera au-dessus de la loi. Elle s’appliquera de manière égale à tous « .
Dans un pays en lutte permanente contre l’autosuffisance alimentaire, de telle pratique mérite d’être sanctionnée par la loi. Voilà pourquoi les paysans sont en cours de s’organiser pour saisir le procureur de Kati afin qu’ils soient rétablis dans leur droit dans les meilleurs délais. Si cela doit passer par les dédommagements ou l’emprisonnement, le bras de fer est lancé. Quant à la municipalité, elle ne peut pas nier qu’elle ne dispose pas de fonds pour y faire face. Baguineda est aujourd’hui devenu un lieu de non droit en apercevant des élus circuler dans des voitures luxueuses sans salaire. Le cas du Maire est en cours de dépasser l’imagination. Comment comprendre que ce dernier circule dans une voiture V8 pendant que la population peine à avoir trois repas quotidien.
Quant à ses biens immobiliers, les gens se demandent si lui-même connait le nombre exact.
De sérieuses investigations mériteraient d’être diligentées par les plus hautes autorités pour freiner l’hémorragie. Nous voulons que des enquêtes s’ouvrent, le plus tôt sera le mieux. Jamais la population n’a profité des économies drainées par la vente. Où va l’argent des terres arrachées et morcelées des paysans ? S’il le faut, mettre la municipalité sous tutelle une fois pour toute en attendant les prochaines élections municipales. Bref, les paysans refusent d’être dans une situation de non droit.
Aboubacar Eros Sissoko