Le dossier de Youssouf Bathily, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), et de deux de ses collaborateurs a été renvoyé devant la Cour d’assises dans le cadre de l’affaire dite du « Covidgate ».
Cette procédure fait suite à un rapport accablant du Bureau du Vérificateur général (BVG), qui a relevé des irrégularités dans l’exécution du programme présidentiel « Un Malien, un masque », lancé en 2020 pour distribuer gratuitement 21 millions de masques à la population pendant la pandémie de Covid‑19.
Bien que les équipements aient été effectivement livrés et distribués, le BVG a mis en lumière des manquements graves dans les procédures administratives et financières : absence de contrats enregistrés, non-paiement de certains droits malgré des exonérations prévues, et soupçons de favoritisme.
Youssouf Bathily, arrêté en novembre 2022 par le Pôle économique et financier, est poursuivi pour atteinte aux biens publics, blanchiment de capitaux et favoritisme, aux côtés de Cheick Oumar Camara, secrétaire général de la CCIM, et Lamine Sacko, comptable.
Le marché public concerné, d’un montant de 10,9 milliards FCFA, avait été attribué sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta. Il avait mobilisé des fournisseurs locaux et étrangers sous la coordination de la CCIM et du ministère du Commerce.
En juin 2023, Bathily avait brièvement obtenu une liberté provisoire contre une caution de 850 millions FCFA, avant que la Cour suprême n’annule la décision, estimant que l’enquête restait inachevée.
Par son arrêt, la chambre d'accusation de la Cour d'appel a accordé un non-lieu partiel à certains coaccusés, mais confirmé le renvoi en jugement de Bathily et de deux proches collaborateurs.
Ce procès très attendu devrait lever le voile sur la gestion de ce marché sensible, emblématique des défis de transparence dans l’attribution des fonds publics en période d’urgence sanitaire.