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Moussa Mara et Choguel K Maiga deux anciens premiers ministres, deux traitements !: Pourquoi les deux anciens premiers ministres ne connaissent-ils pas le même sort ?
Publié le lundi 21 juillet 2025  |  L'Alternance
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L’ancien premier Ministre Moussa Mara, convoqué à la Brigade d’investigation judiciaire, puis devant le procureur du tribunal de la Commune IV, à venir s’expliquer sur sa dernière sortie sur les réseaux sociaux après sa visite aux détenus qu’il aurait qualifié d’opinion s’en est tiré, pour l’instant, d’affaire même si l’affaire n’est pas classée sans suite. En effet, c’est dans un tweet posté sur sa page qu’il a fait le compte rendu de son petit périple entre les différentes prisons pour rendre visite à Youssouf Mohamed Bathily, alias Ras Bath, à Rokiatou Doumbia dite Rose la vie chère, Mamadou Clément Dembélé, pour ne citer que ces quelques figures de proue. Dans son message il a fustigé leur arrestation et a affirmé qu’ils recouvreront leur liberté bientôt « par tous les moyens ». Ce bout de phrase semble être la raison de sa convocation. Quant à Choguel K Maiga, en ligne de front depuis son éviction du poste de premier ministre, ne décolère toujours pas. Il ne loupe aucune occasion pour sortir de son silence et tancer impunément les autorités de la transition. Sa troisième grande et vindicative sortie est consécutive à la prolongation de façon « indéfinie » de la transition que les autorités se sont données sans consulter le peuple. Dans une diatribe dont il est le seul à détenir le secret Choguel K Maiga a dénoncé la prise en otage du pays par un clan ou un groupuscule au sein de l’armée. Si Moussa Mara est connu pour sa constance dans l’opposition au régime transitoire qu’est ce qui pourrait expliquer ce revirement à 180 degré de Choguel K Maiga ?
La liberté d’expression chèrement acquise au prix du sang et des larmes en 1991 est menacée dans sa forme comme dans son fond. A sa place on impose par la force des armes la peur, la répression, le silence. Les autorités semblent à coup sûr se tromper de peuple et d’époque. Elles oublient certainement que le peuple malien accepterait difficilement que sa liberté chèrement acquise lui soit arrachée. Le Mali, ce pays millénaire a toujours été hostile à toute forme d’esclavage et s’est opposé par tous les moyens à toute forme de soumission. Au lieu de se rappeler de ce glorieux passé pour agir en conséquence, les autorités font fi de tout ça et continuent leur politique répressive. En effet, la convocation de l’ancien Premier ministre Moussa Mara est la parfaite illustration de cette velléité à faire taire toutes les voix discordantes. Sinon comment comprendre qu’un simple tweet dans lequel il rend compte à ses militants, sympathisants et fans, qui le suivent sur les réseaux sociaux, de sa visite à des détenus et cela par solidarité, pourrait constituer une menace pour la paix et la stabilité dans un pays. Quant à l’ancien PM Choguel K Maiga, il continue tout de même de jouir de tous ses droits civiques, Sa sortie qualifiée de vindicative, voire virulente ou relevant de l’ingratitude vis-à-vis de ses bienfaiteurs selon ses détracteurs, semble être le dernier acte d’un divorce latent. Au-delà de l’émotion et de la passion, en analysant de façon lucide et en faisant la différence entre le message et le messager, ce qu’il a dénoncé ne semble souffrir d’aucune contestation. Bien qu’étant l’architecte, le planificateur, le stratège politique qui a savamment élaboré et commencé la mise en œuvre du machiavélique plan en cours, il le critique sans ambages et sans aucun scrupule. D’aucuns pensent qu’il est en train de rater une occasion idoine de se taire. Ce qu’il a dénoncé, à savoir la prolongation indéfinie de la transition, doit l’être par tout bon républicain, tout démocrate bien qu’il soit l’auteur de la première mouture de ce projet avec ses fameuses Assisses Nationales dites de la Refondation, ANR. Le PM Choguel est à tout point de vue le premier responsable de la chaotique situation dans laquelle est plongé le Mali.
Si Moussa Mara est connu pour sa constance dans l’opposition au régime transitoire qu’est ce qui pourrait expliquer ce revirement à 180 degré de Choguel K Maiga ?
Moussa Mara, du début de la transition jusqu’à aujourd’hui, est resté constant dans toutes ses prises de position. Il a défendu les valeurs de la démocratie et de la République et n’a jamais fait l’apologie du coup d’Etat. Partisan d’un retour à l’ordre constitutionnel, à cheval sur les principes édictés par la Constitution, l’ancien PM Moussa Mara n’a pas transigé chaque fois qu’il a été question du respect des textes. Quant à Choguel K Maiga connu pour son virage à 180 degré est incontestablement celui qui a mis le Mali dans le pétrin. Conseiller politique du Président de la transition de 2021 jusqu’à son départ de la primature, il est celui qui a planifié et exécuté le projet tendant à reporter le délai de fin de transition qui était initialement fixé à 18 mois. Les ANR ont été les supports juridiques pour légitimer ce report. N’ayant pas mesuré les conséquences de ses actes quand il avait le pouvoir d’influer sur les décisions, c’est seulement maintenant qu’il les dénonce. Son revirement à 180 degré ne pourrait s’expliquer que par une amertume, celle de voir son ambition s’effondrer comme un château de carte, donc il n’arrive toujours pas à digérer son éjection du fauteuil primatorial synonyme de mort politique. Aujourd’hui qu’il se revêtit du manteau d’opposant à la transition pour assener des coups n’émeut pas grand monde eu égard à son passé tumultueux. Les actes de Choguel K Maiga, loin d’être les fruits d’analyses fouinées et d’une conviction profonde, ne pourraient relever que d’un calcul politicien de positionnement stratégique ou d’une acrimonie qu’il voue aujourd’hui aux autorités de la transition.
La liberté d’expression est-elle confisquée à jamais dans notre pays ?
Il y a lieu de s’indigner en observant tous ces actes répressifs en l’encontre des voix critiques à la transition. Le cas de Moussa Mara est vraiment emblématique du déficit de liberté d’expression au Mali. S’il est indéniable que le Mali traverse une crise sécuritaire inédite qui nécessite une certaine retenue, cela ne doit nullement pas être un prétexte tout trouvé pour museler toutes voix critiques. La persécution, l’intimidation, les menaces, les enlèvements et même les mandats de dépôt sont devenus les caractéristiques principales du régime transitoire. Le problème est qu’au lieu d’analyser, de décrypter et tirer une leçon de sagesse ou corriger un manquement aux principes, une dérive autoritaire, on s’en prend généralement aux auteurs des textes en leur collant l’étiquette d’opposant voire d’ennemis de la transition. La liberté d’expression est le seul moyen efficace dont dispose un citoyen pour évoquer ses déboires, ses amertumes, ses aspirations et attentes déçues, en lui ôtant cette seule arme il devient rebelle. Du coup ses bourreaux fabriquent une bombe à retardement qui finira par les emporter.
En somme, ce qui aurait dû être l’essentiel pour les autorités de la transition à savoir tirer profit de ce que disent les opposants, positiver leurs propos, est relégué au second plan, pour ne se focaliser que sur les messagers auxquels on n’hésite pas de coller l’étiquette d’ennemis de la nation. Dans un pays en crise certaines valeurs comme la tolérance, la solidarité, le pardon, doivent guider toutes les actions posées par les autorités.
Youssouf Sissoko
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