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5 ans après les tueries des 10, 11 et 12 Juillet 2020 : Les victimes attendent toujours justice
Publié le dimanche 27 juillet 2025  |  Kaloum Info
Funérailles
© aBamako.com par AS
Funérailles des personnes décédées au cours des manifestations à Bamako
Bamako, le 12 Juillet 2020, les funérailles des personnes décédées au cours des manifestations ont eu lieu à la Mosquée que Mahmoud Dicko dirige à Badalabougou.
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Cinq ans après les tragiques événements des 10, 11 et 12 juillet 2020, les victimes des tueries de Bamako continuent d’attendre justice. Malgré les promesses répétées des autorités de la transition d’ouvrir des enquêtes et de rendre des comptes, les familles des victimes n’ont vu que des promesses non tenues. Pourquoi cette lenteur ? Dans ce dossier, nous-nous pencherons sur les faits et les conséquences de ces violences.

Les manifestations du M5-RFP, qui ont eu lieu en juillet 2020, ont subi une répression violente des forces de sécurité, entraînant la mort d’au moins 14 personnes et blessant plus de 300 autres, selon des organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch. Les victimes comprenaient des manifestants, des passants et même des membres des forces de sécurité. Cinq ans après ces violations graves des droits de l’homme, le dossier reste au point mort, laissant les victimes et leurs familles dans l’attente d’une justice qui semble de plus en plus lointaine.

Contexte

Ces événements tragiques se sont produits dans un contexte de crise politique intense, suite à la proclamation des résultats des élections législatives, jugée comme une décision laxiste de la Cour constitutionnelle en avril 2020, qui a accordé une majorité parlementaire au parti au pouvoir sur la base d’élections jugées frauduleuses. Cette situation a été exacerbée par un taux de chômage élevé, une instabilité persistante dans le nord et le centre du Mali, ainsi qu’une mauvaise gouvernance. Malgré les efforts de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour désamorcer la crise, les manifestations se sont intensifiées, culminant dans les tragédies de juillet 2020.

Témoignages et Enquêtes

Des témoignages recueillis par Human Rights Watch révèlent l’ampleur de la violence. Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à Human Rights Watch, a déclaré : « Les violences qui ont secoué la capitale ont laissé dans leur sillage un cortège effroyable de morts et de blessés. Le recours excessif à la force par les forces de sécurité a clairement contribué à ce lourd bilan.» Les enquêteurs de l’organisation ont interrogé 26 personnes, dont 19 témoins, ainsi que des responsables gouvernementaux et des membres du M5-RFP.

Un communiqué du M5-RFP a affirmé que les forces de sécurité étaient responsables de la mort de 23 personnes, toutes tuées par balles. Selon la MINUSMA, la mission des Nations Unies au Mali, les événements ont également entraîné des violations des droits de l’homme, y compris des exécutions sommaires et des atteintes à l’intégrité physique.

D’après des témoins et une déclaration de Media Foundation for west Africa, une organisation non gouvernementale, « plusieurs journalistes ont été agressés à la fois par des manifestants et des membres des forces de sécurité, et l’ORTM considérablement pillée ou vandalisée ».

Selon l’Agence France Presse et l’ONU, deux enfants figuraient parmi les victimes.

Des témoins ont indiqué que le 10 juillet, deux personnes ont été tuées par balles près de l’Assemblée nationale. La plupart de ces témoins estiment qu’il s’agissait de balles perdues. « J’ai vu les corps de deux jeunes gens après qu’ils aient été abattus… l’un dans la tête, l’autre à l’estomac », a affirmé un témoin. « Les deux sont décédés sur place. »

Le 11 juillet, des membres des forces de sécurité ont abattu au moins 12 personnes dans le quartier de Badalabougou, trois ayant été tuées par ceux qui gardaient le domicile de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle. « J’ai vu deux jeunes s’effondrer, l’un atteint à la tête, l’autre à la poitrine », a déclaré un témoin. « Un troisième a été gravement blessé à l’estomac. Nous l’avons conduit à moto à l’hôpital, mais il n’a pas survécu. »

Des membres des forces de sécurité ont tué au moins neuf personnes par balles après que leur véhicule s’est retrouvé coincé dans un caniveau dont la dalle a été retirée, près de la mosquée de l’Imam Mahmoud Dicko.

Selon des témoins, des membres paniqués des forces de sécurité ont tiré sur les manifestants alors qu’ils s’approchaient du véhicule, tuant six d’entre eux, et d’autres qui prenaient la fuite. « Ils ont continué à tirer alors que nous courions vers la mosquée », a relaté un témoin. « Trois personnes ont perdu beaucoup de sang… elles sont ensuite décédées, à l’intérieur de la mosquée. »

Promesses Non Tenues

Le président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keïta, avait promis que la lumière serait faite sur ces “incidents meurtriers”, les autorités de la transition avaient fait la même promesse. Le 14 juillet 2020, le bureau du Premier ministre, via une lettre confidentielle a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation présumée de la Force antiterroriste d’élite (FORSAT) lors des manifestations. Cependant, jusqu’à présent, aucune avancée significative n’a été rapportée bien que l’administration étatique soit une continuité.

Lors d’une rencontre avec le ministre délégué de l’action humanitaire, de la solidarité, des déplacés et des réfugiés, Imam Oumarou DIARRA en son temps, il a dit qu’une « loi d’indemnisation est en cours d’élaboration pour prendre en charge toutes les victimes du Mali, aussi bien celles des 10, 11 et 12 juillet 2020. La prise en charge financière et autres seront effectuées par le ministère de la Réconciliation et de la Paix au Mali », a-t-il précisé avant de demander aux responsables du collectif (Daouda Magassa de la CMAS, Seydou DOUMBIA, Président du collectif, Abdoulaye SIDIE, porte-parole) de dresser une liste définitive des victimes. Ce qui fut fait. Cependant, les familles des victimes restent sceptiques quant à la mise en œuvre de ces promesses.

Une Commémoration Annuelle

Chaque année, le 12 juillet, l’imam Dicko et la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) organisent une journée commémorative pour honorer la mémoire des victimes à travers la lecture de coran. En 2023, Youssouf D. Diawara, coordinateur général de la CMAS, a déclaré : « Nous n’oublierons jamais les victimes et ne nous reposerons que lorsque justice sera rendue. En 2024, c’est en quittant la cérémonie commémorative de ces victimes que Youssouf D DIAWARA a été enlevé sur le pont FAD par des hommes en cagoule, le 12 juillet. Cette année, l’imam DICKO n’est pas au Mali, contraint à un exil qui ne dit pas son nom. En plus de cela, la CMAS a été dissoute par les autorités de transition avant l’interdiction de toute activité politique dans le pays.

Les autorités de la transition doivent redoubler d’efforts pour garantir que les responsables de ces violences soient traduits en justice et que les droits des victimes soient respectés. La lutte contre l’impunité est essentielle pour restaurer la confiance entre le peuple malien et ses institutions.

Force est de rappeler que les autorités actuelles (Président, ministres, CNT, directeurs centraux etc.) doivent leur présent à ces victimes qui se sont sacrifiées pour que ce jour soit.

Il est donc important qu’elles prennent des mesures concrètes pour répondre aux attentes des victimes et de leurs familles. La justice ne doit pas être un vain mot, mais une réalité tangible pour tous les Maliens.

Albadia Hamadoun DICKO

Source: walan
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