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Les monuments de Bamako : Et si l’on expliquait le langage de ces richesses culturelles aux jeunes?
Publié le mardi 12 aout 2025  |  Le challenger
Inauguration
© aBamako.com par mouhamar
Inauguration du Monument Ali Farka TOURE
Située à Lafiabougou, en plein cœur de la commune IV du district de Bamako, le monument Aly Farka TOURE a été inauguré le Samedi 08 mars 2014. L’œuvre a couté 6 millions de FCFA, financée par sa fondation qui porte son nom, dirigée par son fils Vieux Farka TOURE, depuis bientôt deux mois.
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Pour des dizaines de groupes suivant les mariés qui défilent chaque semaine à leur pied, ces monuments n'ont d'autre utilité que de servir de décors aux photos et vidéos immortalisant leur événement. Point final. Ils valent bien plus que ça et ces têtes en l'air devraient le savoir.

A la faveur du symbolisme de l’année 2025, dédiée à la culture par le président de la transition, un nouveau souffle devrait être donné à tous les segments de notre culture. Au-delà de l'intérêt pour les générations actuelles d'apprendre à mieux se connaître en découvrant la richesse pédagogique de leur patrimoine, cette impulsion devrait générer de la plus-value pour notre économie, voire la booster.

Le président démocratiquement élu en 1992, Alpha Oumar Konaré, a fait du rayonnement culturel du Mali son cheval de bataille. Cela à travers maints projets culturels, dont celui consistant à ériger des monuments à Bamako. L'initiative a déclenché de vives controverses dans les colonnes des journaux sur le bien-fondé de cette constellation de monuments érigés dans la capitale des trois caïmans. Est-ce parce qu'elle n'était pas suffisamment expliquée à la population ? Ou bien parce que celle-ci, encore transportée par le vent de la liberté, avait déjà pris goût à polémiquer à propos de tout et de rien ?

Pour certains, le projet arrivait bien à propos du fait de sa portée historiquement indéniable et de son importance culturellement féconde. La critique est facile, mais l’art est difficile, disaient-ils.

En revanche, d'autres y voyaient une forme d’idolâtrie qui ne dit pas son nom. Et ne tarissaient pas de quolibets du genre "Adam Bah ka woussoulan daga"(l’encensoir d'Adam Bah Konaré) "les fétiches d'Alpha" allusion faite au monument de l’Obélisque (bougiba) et au monument Sogolon dédié à la femme face à l'hôtel Wassoulou. Réactions de croyants non éclairés ? De profanes ?

A nos yeux, l'incompréhension de ces derniers peut se comprendre. Cependant, de là à inciter à une levée de boucliers à l’égard des initiateurs de ces belles œuvres d’art, cela heurte le bon sens car, un petit travail vaut mieux qu’un grand désœuvrement.

Si le manque d’explications préalables afin que la population assimile le message codé des monuments est une faute vénielle, il n'est pas encore tard et les autorités devraient y penser. Tout comme tout citoyen pouvant contribuer à éclairer la lanterne des générations actuelles afin qu'elles saisissent ce pour quoi ces monuments sont érigés.

Pour rappel, l’homme ne vit pas que de pain, mais aussi de culture, mais à bon escient.

La culture, facteur de paix et d’unité nationale est un levier aussi stratégique que le secteur minier. Espérons que le gouvernement ne lésinera pas sur les moyens pour aider les acteurs culturels, de la base au sommet, à faire jouer à ce secteur intimement lié à notre identité son rôle véritable dans l'épanouissement individuel et dans le développement collectif.

La culture est un domaine aussi riche et vaste que la surface d’un tapis hindou. Véritable mosaïque la culture malienne brille de mille facettes, de Kidal au Pays dogon, en passant par les montagnes de Tambaouroua, en mettant le cap sur la Venise malienne après un détour dans la capitale des balanzans, en posant ensuite les valises plus au sud dans le Kénédougou. C’est ce qui fait le charme de la coexistence pacifique de la nation malienne.

Gageons que les autorités de la Transition, ayant à cœur de donner à la culture ses lettres de noblesse dans un Mali censé être en refondation, ne se tromperont pas de cible, qu'elles mettront l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, avec les ressources substantielles y afférentes, tout en exigeant de la redevabilité de la part des acteurs de cette noble mission.



Mohamed Koné
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