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Françafrique: Néologisme inventé par Houphouët Boigny
Publié le lundi 1 septembre 2025  |  L’Inter de Bamako
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C’est une association entre des Français et des Africains. Donc évidemment, il y a des Africains qui jouent un rôle important dans le système de domination, de pillage ?
François-Xavier Verschave (1945-2005), auteur du livre: «De la Françafrique à la Mafiafrique» a présidé, les dix (10) dernières années de sa vie, l’association Survie qui milite, entre autres, sur les questions de relations franco-africaines et de biens publics mondiaux. La politique franco-africaine, autrement appelée Françafrique, est extrêmement nocive.
Après la proclamation de l’indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique, des réseaux politiciens ont assuré la continuité du pillage du continent noir au profit notamment des hommes de pouvoir en France en plaçant des dictatures corrompues à la tête des États nouvellement indépendants. La Françafrique est le domaine réservé de l’Elysée, c’est un domaine quasi militaire, où il y a beaucoup de désinformation, ou de non-information.
La Françafrique est un néologisme inventé par le président ivoirien Houphouët- Boigny, en 1973 pour évoquer les liens unissant la France à ses anciennes colonies d’Afrique. La Françafrique est aussi le titre d’un livre critique de François-Xavier Verschave. Les relations entre l’ancienne métropole et ses possessions africaines ont été peu affectées par l’indépendance, laquelle n’a pas brisé le lien de dépendance entre le colonisé et le colonisateur.
Dans l’Afrique subsaharienne, l’indépendance fut accordée progressivement, passant du stade de la Loi-cadre à celui de la Communauté, au cours d’un processus essentiellement politique, seule la Guinée Conakry de Sékou Touré ayant rompu le processus à mi-chemin, avec le non au référendum sur la communauté.
Les rapports entre parlementaires noués à l’époque de l’Union française sur les bancs de l’Assemblée nationale française perdurèrent sous la forme de «relations privilégiées» entre les nouveaux chefs des États indépendants et les présidents de l’ancienne métropole. Le même processus de personnalisation affecta les autres institutions dans l’enseignement et les différents services administratifs (agriculture, police, douane, armée).
Durant les trois (03) décennies après l’indépendance en 1960, le poste le plus important, avant celui d’ambassadeur, fut, dans chaque pays, celui de chef de la mission d’aide et de coopération, institution chargée de mettre en œuvre cette relation privilégiée entre la France et ses anciennes colonies africaines (les premières années, il s’agissait surtout de fidèles du général de Gaulle, souvent d’anciens compagnons de la Libération).
Après la disparition du général de Gaulle, cette relation se formalisa au niveau des chefs d’État avec la tenue à Paris, à l’initiative d’Hamani Diori (Niger), du premier sommet franco-africain sous la présidence de Georges Pompidou (13 novembre 1973). À cette époque, les États francophones tenaient à figurer dans les instances régionales, telle l’Organisation de l'unité africaine (OUA), sans paraître inféodés à la France, une nouvelle classe politique, venue à maturité après l’indépendance, faisant pression pour que leur pays montrât plus d’autonomie.
La zone CFA jouait son rôle de cocon économique sécurisé par les bases militaires françaises de Dakar, d’Abidjan ou de Bangui, qui appartenaient au dispositif de défense occidental dans le cadre du conflit Est-Ouest. De leur côté, les dirigeants des pays concernés se gardaient bien de mettre fin aux partis uniques, lesquels leur permettaient de se représenter sans risque à des élections gagnées d’avance.
Jusqu’à la chute du Mur de Berlin, en 1989, les relations interpersonnelles entre les chefs d’État, représentés par des membres de leur propre famille sans fonctions officielles ou par des personnages de l’ombre, coupèrent souvent l’herbe sous le pied aux diplomates traditionnels.
Le sommet franco- africain de La Baule en 1990, au cours duquel le président Mitterrand demanda l’instauration du multipartisme, ouvrit une brèche dans la Françafrique en permettant aux opposants de se manifester ouvertement. Il fallut le génocide du Rwanda, en 1994, et les accusations portées contre la France, qui avait signé des accords de défense avec le régime d’Habyarimana et entretenu des relations privilégiées avec lui, pour que ce rôle fut mis en cause.
Le Rwanda n’était pourtant ni une ancienne colonie ni un pays présentant pour la France un intérêt autre que diplomatique ou culturel. Dans le cas présent, c’est suivant son habitude à gérer les relations avec les pays francophones, à travers des contacts interpersonnels échappant à tout contrôle, qu’elle avait agi.
À partir de 2002, les évènements en Côte d’Ivoire, où la France s’interposa dans un conflit civil sous couvert de l’Organisation des Nations unies (ONU) et avec l’appui des instances africaines régionales (CEDEAO, OUA), parurent avoir sonné le glas de la Françafrique. Pourtant la France n’avait pas été prise au dépourvu, car depuis une décennie, parallèlement à son intégration dans l’Union européenne (UE), elle avait commencé un lent désengagement du continent au profit de l’Europe, et notamment dans le domaine militaire (fermeture de bases ou redéploiement de ses effectifs en Mauritanie, en Centrafrique, au Sénégal …).
De leur côté, les Africains étaient sollicités par de nouveaux venus (États-Unis, Chine, Japon, Inde) s’essayant à leur tour à des modèles de coopération qui leur permettaient de garder les yeux sur les richesses de l’Afrique future, indispensables aux pays gourmands en énergie (pétrole du golfe de Guinée et matières premières d’Afrique centrale et occidentale.
Source: François-Xavier VERSCHAVE et Bernard NANTET
Rassemblés par Amy SANOGO
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