PolitiqueMalgré 50 ans de prouesse, les écoles privées catholiques sur le point d’être fermées : Le Gouvernement de la transition va-t-il commettre ce crime social ?
Publié le mercredi 3 septembre 2025 | L'Alternance
Le Gouvernement de la transition, pour des raisons budgétaires, vient d’annuler la convention liant l’Etat à l’archidiocèse à propos des établissements privés d’enseignement catholique. Cette convention qui date de 1972 concerne les établissements privés catholiques de nom, mais mixtes dans la réalité, va toucher des milliers d’apprenants comme des enseignants. Comment ne pas s’indigner en voyant des établissements comme les Lycées Prosper Kamara, Notre Dame, les écoles de la Cathédrale ou des Cours Jeanne d’Arc mettre la clef sous le paillasson ? Cet acte s’apparenterait à un crime social incommensurable car il mettrait non seulement plus de 16 000 enseignants en chômage et privés du minimum vital qu’un Etat doit assurer à tout citoyen. Cet acte s’il venait à être posé priverait également des milliers d’enfants de leurs droits élémentaires ceux de l’éducation et de la formation. N y a-t-il pas des solutions alternatives pour éviter d’exacerber la crise sociale déjà visible? Quel rôle pourrait jouer l’Eglise pour sauver des milliers d’enfants et d’enseignants ?
Les écoles privées catholiques constituent un pan important de l’histoire éducative de notre pays. Elles ont non seulement permis la formation et l’éducation des milliers de cadres qui servent avec compétence dans l’administration, mais aussi et surtout de rehausser le taux d’alphabétisation et de scolarisation des enfants surtout dans un pays où l’Etat ne dispose pas des moyens adéquats tant en termes d’infrastructures que des ressources humaines suffisantes pour faire face à ce flux d’enfants en âge d’être scolarisés et à ces élèves qui passent à leurs examens. Leur fermeture serait synonyme de crise socio-éducative gravissime pour ne pas dire de crime. C’est pourquoi les autorités doivent tout mettre en œuvre pour éviter la fermeture des écoles privées catholiques qui aggraverait à coup sûr la situation sociale et provoquerait une crise qui viendra s’ajouter à d’autres déjà existantes. Et pourtant des solutions idoines existent, il suffit d’avoir la volonté politique et de prioriser ce secteur. A-t-on besoin de rappeler que l’éducation, la santé et les autres secteurs sociaux doivent être la priorité des priorités ? Ces domaines constituent les services sociaux de base que tout Etat doit assurer à ses populations.
N y a-t-il pas des solutions alternatives pour éviter d’exacerber la crise sociale déjà visible?
La première des solutions est celle de la volonté politique des autorités qui placeraient l’éducation au centre de leurs préoccupations et trouveraient les voies et moyens nécessaires pour éviter la fermeture des établissements scolaires. Ce qui rallongerait la très longue liste des écoles fermées en République du Mali. Selon certaines sources les écoles fermées au Mali avoisineraient les 2000, alors en ajoutant les établissements privés catholiques l’on serait à un nombre jamais égalé dans l’histoire de notre pays. Le Gouvernement va-t-il prendre cette responsabilité devant l’histoire ? La réponse est sans nul doute non, alors il doit éviter que ces écoles ferment leurs portes à cause de 3 milliards de subvention par an. Qu’on réduise le train de vie de l’Etat et diriger les ressources économisées vers les écoles privées. En tous les cas trois milliards ne sont pas de la mer à boire pour un Etat.
Quel rôle pourrait jouer l’Eglise pour sauver des milliers d’enfants et d’enseignants ?
Si pour des raisons religieuses beaucoup d’observateurs pensent qu’au nom de la laïcité, l’Etat doit être à équidistance de toutes les confessions religieuses et ne pas accorder un traitement de faveur à certaines au détriment des autres, bien que chacun sait que 99% des élèves et des enseignants de ces écoles sont de confession musulmane , il devient alors impérieux pour l’Eglise de voler au secours de ces écoles ne serait-ce que pour préserver son image. Le Saint siège doit s’impliquer pour prendre en charge les quelques trois milliards de f CFA de déficit budgétaire rien que pour des raisons humanitaires et sociales. Il y va de sa crédibilité surtout dans un pays à majorité musulmane. Le Vatican en est bel et bien capable, donc qu’il ne lésine pas sur les moyens pour éviter une situation catastrophique dans un pays en proie à des multiples crises. Le silence de l’Eglise, qui pourrait être considéré comme une indifférence, serait qualifié de non-assistance à un pays en danger alors même que sa première vocation de l’Eglise catholique est d’aimer et de vivre en communion…La balle est dans le camp de l’Eglise car l’Etat malien s’est montré incapable de résoudre ce problème.
Youssouf Sissoko