Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

International

Carnet de voyage : Guangzhou : la ville chinoise la plus africaine
Publié le mercredi 10 septembre 2025  |  Mali Tribune
Comment



La Chine est un géant démographique d’Asie de l’Est et l’une des plus grandes nations émergentes de la planète.

Dans la dynamique enclenchée, la ville de Guangzhou, dans la province de Guangdong, se distingue par ses relations économiques avec le monde extérieur, singulièrement l’Afrique.

18 août 2025. Le vol ET 908 d’Ethiopian Airlines affiche complet. Plus de 300 passagers embarquent en direction de la ville mythique de Guangzhou avec escale à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

Dans le Boeing 777-200LR qui nous transporte ne figurent pas que des Maliens. Il y a beaucoup d’autres nationalités : Sénégalais, Togolais, Béninois, Guinéens, Asiatiques, entre autres.

Le 19 août, après sept heures de vol au départ de l’Aéroport-Président Modibo Kéita de Sénou et plus de dix heures d’escale à Addis-Abeba à Bole Int (le nom de l’aéroport de la capitale éthiopienne), nous changeons d’appareil, direction Guangzhou. Cette fois-ci, les passagers du vol ET 606 embarquent à bord d’un Boeing 777-300ER. Un gros avion avec une capacité de 400 passagers.

Le vol ET 606 se pose à Bayung (aéroport de Guangzhou) après plus de 10 heures dans le ciel. Constat : les deux vols ont la particularité de transporter des Africains (anglophones, francophones, lusophones, arabophones, etc.) à destination de la Chine, précisément de Guangzhou.

Les passagers ont en commun non pas une simple visite touristique dans la ville de Guangzhou, mais du business et même du tourisme sanitaire pour des pathologies ou pour de simples check-up. En Chine, pour environ 300 000 F CFA, une clinique établit un bilan complet avec des kilos de médicaments en sus s’il y a lieu. Bien moins cher qu’ailleurs, où cela peut coûter un demi-million de nos francs, voire plus. A rappeler que la destination chinoise est l’une des plus prisées des commerçants maliens. Témoin, le consulat de Chine à Bamako ne désemplit jamais. Selon des informations, environ 600 demandes de visas y sont réceptionnées par jour. La plupart des demandeurs sont des commerçants.

Avec le coût élevé de la main d’œuvre en Europe et en Amérique en plus des considérations géostratégiques liées à la protection de la couche d’ozone, toutes les grandes industries semblent être délocalisées en Chine. Guangzhou semble bénéficier de cette manne industrielle et économique tombée du ciel.

Sur les 23 provinces de la République populaire de Chine dont cinq régions autonomes et quatre villes, l’agglomération de Guangzhou accueille la plus grande communauté étrangère, estimée à plus de 10 000 âmes issues uniquement de la communauté africaine.

La ville de Guangzhou, située dans la province de Guangdong, est l’une des plus peuplées de Chine avec une population estimée à 18,6 millions de personnes sur 1,4 milliard de Chinois. Elle dispose d’une économie très dynamique, qui tire son essor du commerce extérieur et de l’industrie technologique. Toutes sortes d’industries y émergent.

Le choix de la ville de Guangzhou par les Africains s’explique aisément. Cette contrée chinoise jouit d’un climat subtropical chaud et humide avec des étés très chauds et humides (de mai à octobre) et des hivers doux et secs de décembre à mars. La saison la plus idéale demeure l’automne (de septembre à novembre) avec moins de précipitations et des températures plus clémentes (19 à 32°C) pour les Africains.

Toutefois, il faut s’adapter au très grand décalage horaire entre le Mali et la Chine. Quand il fait 10 heures au Mali, en Chine, la montre affiche 18 heures, soit 8 heures de décalage. Ce qui oblige nos compatriotes et leurs partenaires Chinois d’aménager leurs programmes en fonction de la marche de l’horloge. En clair, la majeure partie de certaines activités dont celles des cambistes se passe la nuit. Le jour certains se reposent.

Guangzhou regorge d’industries de produits de grande consommation, de matériels électroniques, électriques et équipements solaires, la bonneterie, l’habillement, les accessoires sanitaires, de téléphones, de mini industries clé en main, de produits cosmétiques et agro-industriels, d’équipements sanitaires et mobiliers, de BTP, etc. Ce listing de biens est livré à des prix défiant toute concurrence. D’où l’intérêt d’une clientèle aussi riche que variée provenant d’Afrique et d’ailleurs.

Depuis qu’Air France a été interdit d’écumer le ciel malien, Turkish Airlines et Ethiopian Airlines assurent régulièrement la destination chinoise.

Intégration bien réussie des Africains

Tian Xiu hôtel, un immeuble de 32 étages, est un Centre commercial qui abrite des bureaux, magasins, cliniques, entre autres. Il sert également de point de jonction pour les commerçants africains. Ici cohabitent beaucoup de nationalités. On les croise en bas de cet immeuble avec leurs bagages ou ballots de marchandises prêts à être embarqués à destination de leurs pays ou à l’entrée des ascenseurs.

Tian Xiu hôtel n’est pas qu’un simple lieu d’hébergement, les commerçants venus faire leurs emplettes y prennent leur quartier, le temps de leur séjour. Le site demeure le quartier général des transitaires et cambistes (les monnayeurs) et d’autres commerçants.

Parmi les Africains de Guangzhou, deux colonies battent le record de présence. Il s’agit des Maliens et des Guinéens. Ils sont suivis des Sénégalais et d’autres ressortissants d’Afrique centrale ou de l’Ouest (Camerounais, Nigérians, Ghanéens, etc.).

La petite colonie malienne est elle aussi dominée par des Diawando et Sarakolés. Ceux-ci ont pour activités principales l’expédition et la réception de F CFA ou de devises. Ils jouent le rôle de banquier des lieux. Certains y ont fondé un foyer avec une intégration réussie. L’entente entre les Maliens de Guangzhou est presque cordiale. Après une journée de travail bien chargée, la petite communauté malienne se retrouve pour deviser sur des nouvelles souvent autour de mets du pays.

Le manque de coopération du président du Conseil de base des Maliens de Chine ne nous a pas permis d’avoir plus d’informations sur les Maliens de Chine, notamment leur intégration dans la société chinoise, leur nombre précis et les activités menées, entre autres.

M. Doucouré dont nous avons eu le contact téléphonique n’a pas daigné prendre nos appels encore moins répondre à notre message vocal pour un rendez-vous d’entretien. Il a juste dit à notre contact dont nous lui avons révélé l’identité qu’"il se méfie des médias".

Ville sécurisée

Guangzhou n’est pas qu’une ville d’affaires ou industrielle de la Chine. Elle a tout d’une agglomération sécurisée à tous les niveaux. L’étranger, dès l’entame des frontières internationales à l’aéroport, se rend compte que cette cité chinoise est sécure.

Avant de franchir les barrières humaines, place au compostage du passeport par voie électronique. Les informations du passeport sont directement transmises au pupitre de la police des frontières.

L’étape du numérique franchie, il faut désormais passer deux autres ceintures de sécurité qui vérifient de visu les mêmes documents de voyage. Le voyageur doit se présenter décoiffé et même pieds nus avant de faire face aux policiers des services d’immigration postés devant leurs machines. Tout est scruté minutieusement avec la plus grande attention avant d’arriver auprès des services de douane qui prennent le relais lors du passage des personnes et des biens aux rayons X.

Rien n’est laissé au hasard. Mêmes les poches ne sont pas épargnées où les doigts passent et repassent. Ces différentes étapes de fouilles ainsi décrites sont valables à l’entrée aussi bien qu’à la sortie de l’Empire du Milieu.

Un fait remarquable. Dans la ville de Guangzhou, les voies de circulation, la devanture des infrastructures publiques et hotellières sont quadrillées de caméras. Aucun incident mineur soit-il ne peut passer inaperçu. A preuve, un taxi dans lequel un passager avait oublié sa valise contenant des objets de valeur a pu être retrouvée rapidement.

Le propriétaire avait informé les responsables de son hôtel qui, à leur tour, avaient alerté la police. La valise égarée a été ramenée dans les minutes suivantes. Le chauffeur a été obligé nuitamment de faire retourner l’objet en question à l’hôtel de son client. Un autre client ayant laissé plus de 2 millions F CFA dans un taxi a retrouvé intact son argent plus tard. Grâce à la magie des caméras de surveillance et la vigilance de la police chinoise.

Tout n’est cependant pas parfait. Malgré ce dispositif sécuritaire inouï, quelques personnes de mauvaise foi parviennent à abuser des gens. Des cambistes et taximen profitent de la méconnaissance des hôtes du yuan (le renminbi chinois) pour glisser de faux billets dans les monnaies. Nous avons été délestés de 300 yuans (1 yuan égal à 78,88 F CFA).

Toutefois en Chine, le vol et la criminalité sont proscrites et bannies. Les coupables encourent les peines les plus lourdes.

Entre le Chinois et son partenaire en affaires, les rencontres se déroulent dans la cordialité autour d’un thé chaud (sans sucre). Selon la tradition, cela marque un signe de respect envers l’hôte du jour. Même dans les hôtels, les clients sont reçus avec un verre de thé chaud. Une fois l’affaire conclue, une réception grandiose est organisée dans un restaurant huppé pour davantage sceller le partenariat.

Le Chinois est un gros travailleur. Un pays où il n’y a pas d’âge pour travailler. En plus des taxis et des taxis motos conduits par des jeunes et vieux, il n’est pas rare de croiser dans les marchés ou magasins de vieux Chinois dépassant la soixantaine avec les charriots trainant des colis.

L’Empire du Milieu qui a axé ses efforts sur l’éducation scolaire et civique, le développement humain, la compétence et les échanges entre tous les peuples du monde, est plus qu’une nation développée. Un bel exemple à suivre.


Abdrahamane Dicko

De retour de Guangzhou

(République populaire de Chine)
Commentaires