L’année 2025 dresse un tableau sombre dans un contexte de marasme économique, d’instabilité politique et d’agitation sociale marquée par la montée de l’incivisme des populations, la corruption prononcée de l’administration, l’exacerbation des revendications corporatistes, la prolifération des associations autour de personnalités préoccupées par leurs propres intérêts, le laisser aller généralisé. Il est temps aujourd’hui que le peuple malien sache à quoi s’en tenir.
Des pratiques que le peuple malien a ouvertement et publiquement combattues, hier seulement, sous le régime Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), refont surface, reviennent au galop, quand elles n’ont pas pignon sur rue aujourd’hui. Le Mali est un pays de transition entre la forêt au sud et le désert au nord. Il occupe une position centrale qui constitue à la fois un avantage stratégique et géopolitique.
Le Sahel est un espace gangrené par la corruption et les trafics. La situation du Mali est critique et inquiétante à tous les niveaux. Surtout sur le plan politique et économique et le reste ne peut que suivre. Le clientélisme politico- ethnique, facilité par le fanatisme et la corruption, fait que l’intérêt national de la nation et l’avenir du pays ne préoccupent personne. Chaque homme politique et militaire tend absolument à se servir et à servir ses amis et la famille. Là où la corruption s’installe, la République recule.
Notre pays est à ce stade-là. Le nombre d’entreprises ou de sociétés disparues font de nouveaux riches. Le procédé est simple: on liquide ou on met l’entreprise en faillite, ensuite, on fait fuir le directeur général. Dans un tel système de gouvernance, les scandales sont permanents.
Nous n’en citerons que quelques-uns parmi les plus exemplaires: CMDT (Compagnie malienne pour le Développement des Textiles). La vie économique de ce vaste pays de 23 millions d’âmes est ponctuée de gigantesques escroqueries sur lesquelles la lumière est rarement faite. Chaque fois que les limiers remontent les filières conduisant aux vrais coupables, des ordres ou pressions retiennent leur curiosité.
Quelques citations pour mieux comprendre
«Quand la patrie est en danger, lorsque l’unité de la patrie est menacée, lorsque les chefs font des erreurs, le silence devient lâcheté». Le pouvoir, dit-on, «c’est comme l’alcool (…) On se sent si fort qu’on accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde comme le lion dans la savane».
Un État ne peut continuer et atteindre ses objectifs que s’il a des lois, auxquelles tout le peuple obéit. Ce que le peuple demande à l’État c’est la paix, celle du dedans et celle du dehors. L’État doit assurer la paix entre les Maliens, dire qui a raison quand survient un désaccord. Il doit être prêt à défendre le Mali contre les attaques des ennemis ou d’une autre nation. Cela explique l’existence d’une force militaire (armée, marine, aviation).
«Il n’y a pas de pays pauvre, il n’y a qu’un système qui n’a pas réussi à gérer les ressources du pays».
«Si voulez conquérir un peuple, faites-en un faux ennemi, qui lui semble être plus dangereux que vous, puis soyez leur sauveur».
Une des leçons les plus claires de l’histoire est que les droits ne sont plus donnés, ils sont pris par la force.
«L’un des plus grands défauts de la race humaine est l’ingratitude. L’ingrat est jaloux, méchant et égoïste. L’ingratitude est une somme de sentiments négatifs».
Un adage bien ancré chez nous dit ceci: «Quand le maçon se trompe, il peut tout défaire et reprendre. Il en est de même pour le tisserand». Mais il n’en est pas pour quatre (04) personnes: le juge, le médecin, l’imam et le prêtre. Pour les deux (02) premiers, leurs erreurs peuvent être fatales à l’existence humaine sur terre. Pour les deux (02) derniers c’est l’au-delà.
La dernière étude sur le continent de la Banque mondiale de la crise à une crise durable date de 1988, et la toute récente projection Afrique 2025 développe du plus décourageant au plus optimiste, quatre (04) scenarios: «les lions faméliques», «les lions pris au piège», les «lions sortent de leur tanière», «les lions marquent leur territoire».
Nous sommes pessimistes parce que l’Afrique qui n’intéressait que très peu les grandes puissances il y a encore quelques années, en dehors des grandes puissances coloniales qui avaient des intérêts à défendre, et qui avaient aussi un devoir de ne pas se désintéresser de ce qui s’y passait, est devenue un enjeu mondial et, de ce fait dans la mesure où cette Afrique-là est une Afrique aux États peu solides, aux Nations en gestation, aux frontières artificielles, aux économies factices, grande consommatrice du luxe, cette Afrique-là est une Afrique fragile, et en conséquence elle est à la merci des jeux des grandes puissances.
Amy SANOGO