La prolifération de médicaments vendus dans la rue soulève de graves préoccupations en matière de santé publique.
Entre facilité d’accès, ignorance des dangers et absence de contrôle, il est courant de voir des vendeurs ambulants proposer des médicaments à des prix très bas. Ces produits, souvent présentés sans ordonnance ni emballage, attirent de nombreux clients. Derrière cette apparente facilité d’accès, se cache pourtant une menace grave pour la santé publique. Mais aussi, une pratique répandue et motivée par la nécessité.
W. Traoré, appelons-la ainsi, est une vendeuse de médicaments dans les rues. Elle explique que la vente est toujours sans ordonnance. Elle, elle ne sait même pas lire. Dans la rue, c’est sans ordonnance : « Les gens viennent acheter ce qu’ils connaissent déjà. Souvent, moi-même je leur conseille selon les symptômes. S’ils disent qu’ils ont mal à la tête, je leur donne du paracétamol ou un autre. C’est comme ça on procède », dit-elle fièrement.
Un autre vendeur ambulant : « Je me fournis au marché de Médine-Coura où je reçois des colis venant d’un pays voisin. Je vends des médicaments entre 50 F CFA et 1000 F CFA », ajoute-t-il avant de reconnaitre : « Je sais que c’est interdit, mais je n’ai pas autre travail à faire pour faire vivre ma famille ». C’est le même discours chez une autre vendeuse dans un marché local. « Je suis veuve avec trois enfants. Je vends ces médicaments depuis trois ans. C’est risqué, mais on fait attention ».
Face au coût élevé des consultations médicales, beaucoup de citoyens préfèrent se soigner eux-mêmes par cette forme d’auto médicamentation. « Quand j’ai mal à la tête, ou au ventre, je vais directement voir le vendeur du coin. Je me ravitaille dans la rue », soupire-t-il. Une habituée ajoute qu’elle consulte ces vendeuses et achète ce qu’elles lui conseillent de prendre. « Je prends ce que les vendeuses me donnent. Une fois, j’ai eu des réactions sur la peau. Mais je continue, faute de moyens ». Aller à l’hôpital coûte cher, stipule un jeune maçon. A ses dires, même pour une petite toux, on te fait dépenser dans les centres de santé et hôpitaux. « Moi, je préfère acheter au marché. Je connais les médicaments qui me soulagent », a-t-il laissé entendre pour soutenir qu’il s’auto-prescrit des médicaments et s’en procure à la « pharmacie par terre ».
D’autres, plus prudents, préfèrent éviter complètement cette pratique. S.T, un retraité, confie : « Je préfère attendre et me rendre à l’hôpital. J’ai vu trop de gens tomber gravement malades à cause de médicaments de rue ». Mme Keïta, ménagère, partage sa mauvaise expérience : « Un jour, un sirop m’a rendue très malade. Depuis, je n’achète plus rien dans la rue. Je vais au centre de santé, même si c’est cher ».