PARIS - Comme tous les otages après leur libération,
Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret, vont être débriefés
par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), une étape obligée
avec celles des examens médicaux et psychologiques.
Ces débriefings (rapports de mission) ou "retex" (retour d'expérience) sont
essentiels car ils peuvent aider les analystes des services français à
recouper leurs informations sur le groupe d'Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi) qui les a enlevés il y a trois ans à Arlit (nord du Niger) lors d'une
opération audacieuse.
Selon les spécialistes, les débriefings se déroulent généralement en deux
étapes, suivant des procédures bien rodées. La première a lieu dès la
libération des otages en s'appuyant sur la mémoire et les émotions immédiates
des ex-otages avant que certains souvenirs ne s'estompent totalement. La
seconde phase a lieu, quelques jours après le retour des otages en France,
dans un lieu calme, après qu'ils ont retrouvé leurs proches et répondu aux
sollicitations des médias.
Eric Denécé, directeur du centre français de recherches sur le
renseignement (CF2R) a ainsi expliqué à l'AFP que les quatre ex-otages ont
déja été interrogés à Niamey, après leur libération, et dans le Falcon 7X de
l'armée de l'air française les ramenant à Paris. Ils ont également subi dans
la capitale nigérienne un premier examen médical avant une batterie d'examens
plus complets en France.
Dans le cas des quatre ex-otages d'Arlit, ajoute Eric Denécé, la DGSE va
disposer des témoignages de quatre personnes : conditions et lieux de
détention, calendrier de la captivité, comportement des ravisseurs et
éventuelles dissensions entre eux, durcissement éventuel de l'attitude des
ravisseurs pendant l'opération Serval, armements et véhicules ...
Ces informations seront ensuite comparées avec des éléments recueillis par
d'autres sources.
Ces débriefings permettent aux services de renseignements de reconstituer
les modes opératoires des ravisseurs et de faire également un "retex" sur les
différents intermédiaires qui ont participé aux négociations.
Ces débriefings de la DGSE ont "un objectif opérationnel", confirme
Frédéric Gallois, ancien commandant du Groupe d'intervention de la gendarmerie
nationale (GIGN) qui a connu plusieurs dossiers d'otages. Ils se déroulent
assez rapidement "pour ne pas raviver deux ou trois mois plus tard de très
mauvais souvenirs".
Les débriefings et les "rétex" vont ainsi aider, conclut Frédéric Gallois,
à "peaufiner la connaissance des services de renseignements sur Aqmi qui reste
un ennemi de la France".
pmg/ao/jmg