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Russie : Notre ami est-il sincère ?
Publié le samedi 4 octobre 2025  |  Mali Tribune
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Depuis 2024, l’espace informationnel sur le Sahel est saturé de canaux Telegram « Z » russophones (blogueurs militaires et relais médiatiques pro-Kremlin) qui publient très vite des contenus sur le Mali, y compris des images et revendications hostiles aux FAMa, souvent issues des rebelles touaregs (CSP-DPA) ou du JNIM, puis amplifiées sans précaution.

Après le combat russo-malien de Tinzaouaten (25-27 juillet 2024), des canaux pro-Wagner ont diffusé des bilans élevés et des images de matériels saisis, contribuant à imposer le récit d’une « défaite majeure » de nos FAMa.


L’ONG de veille numérique DFRLab a documenté une poussée coordonnée de contenus pro-Wagner/pro-Russie visant plusieurs pays ouest-africains, recyclant des extraits de médias dont Sputnik, à la suite de cette bataille. (African Digital Democracy Observatory)

Dans ce moment, même des médias russes d’opposition ou proches ont entériné l’information de lourdes pertes et la mort de l’administrateur du canal « Grey Zone », figure centrale de cette galaxie Telegram. VOA (à partir d’entretiens avec blogueurs militaires russes), The Moscow Times et d’autres titres ont corroboré ces éléments. (Voice of America)

Plus largement, des travaux récents (RAND, ministère espagnol de la Défense, etc.) décrivent l’usage intensif des réseaux sociaux et messageries chiffrées par l’écosystème pro-Kremlin en Afrique, pour modeler les perceptions du conflit sahélien — sans ligne rouge claire sur la reprise de contenus djihadistes, dès lors qu’ils servent une bataille narrative. (rand.org)

Nous n’avons trouvé aucune prise de position publique des autorités russes condamnant la diffusion de contenus du JNIM par des canaux russophones ou se désolidarisant de ces relais. (Recherche effectuée dans les communiqués et allocutions du MID — ministère russe des Affaires étrangères — 2024-2025.) (mid.ru)

Le « couple » russo-algérien, et le tiers exclu malien

Sur le plan diplomatique, Moscou affiche une « stratégie de partenariat stratégique » avec l’Algérie : rencontres régulières Lavrov–Attaf, coordination énergétique (OPEP+ ; GECF), invitations d’entreprises russes aux appels d’offres algériens, et renforcement de la coopération militaro-technique. Ces points sont documentés par des communiqués officiels russes (MID), ainsi que par des dépêches économiques et gouvernementales récentes. (mid.ru)


En juin 2025, Le Monde Afrique a révélé la (ré)apparition officielle du général Sergueï Sourovikine à Alger comme chef des conseillers militaires russes — signal fort d’un ancrage militaire croissant en Algérie. (Le Monde.fr)

Dans le même temps, les relations Mali–Algérie se sont dégradées : Bamako a résilié l’Accord d’Alger (janvier 2024), puis accusé Alger d’« héberger » des acteurs hostiles — accusations rejetées par l’Algérie, qui rappelle son attachement à « l’intégrité territoriale du Mali ». Analyses et think-tanks (The New Arab, Middle East Council on Global Affairs) décrivent une relation « au bord de la crise » en 2024-2025. (The New Arab)

A ce jour, aucun signal public d’une médiation active russe pour rapprocher Bamako et Alger n’apparaît dans les publications officielles du MID (revues 2024-2025). Moscou soigne sa proximité avec Alger, sans afficher d’effort spécifique pour désamorcer le contentieux algéro-malien. (mid.ru)

L’écosystème russophone en ligne relaie rapidement des contenus défavorables aux FAMa, y compris des revendications du JNIM, sans condamnation publique repérable des autorités russes. Pour un « allié », le silence officiel face à ces propagations interroge. (Reuters)

La Russie affiche un partenariat stratégique dense avec l’Algérie, sans trace d’une médiation active en faveur d’un rapprochement avec Bamako. (mid.ru)

La Russie reste au Mali, mais sous forme étatique (Africa Corps), avec une communication recentrée sur l’assistance militaire, pas sur nos enjeux politiques locaux (réconciliation, voisins, accords). (Reuters)


Dans la bataille narrative sahélienne, les canaux pro-Kremlin privilégient le choc visuel et l’effet d’agenda, quitte à reprendre des revendications ennemies si elles affaiblissent l’adversaire du moment. C’est une logique d’influence, pas d’alliance. (defensa.gob.es)

La sincérité d’un allié se mesure moins à ses déclarations d’amitié qu’aux actes visibles dans l’information, tolérer (au mieux) la diffusion opportuniste de messages du JNIM n’est pas un geste d’allié ; dans la région, privilégier ostensiblement Alger sans exercer, ne serait-ce qu’en public, un rôle de pont avec Bamako, n’est pas un signe d’alignement ; au Mali, maintenir une présence militaire « réduite et discrète » sans porter la moindre parole politique en notre faveur laisse surtout paraître une realpolitik russe, pas une solidarité.

À défaut d’un rééquilibrage clair et public de Moscou (condamnation des reprises de propagande djihadiste par ses relais, gestes concrets de rapprochement Mali–Algérie), la question reste entière : « Notre ami russe » est-il réellement de notre côté ?



Alexis Kalambry

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