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Des preuves de vie à la libération des quatre otages d’Arlit
Publié le mercredi 30 octobre 2013  |  AFP


© AFP par HAMA BOUREIMA
Les 4 otages français enlevés en septembre 2010 au Niger libérés
Mardi 29 octobre 2013


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PARIS, - Des émissaires envoyés au Sahel il y a quelques
jours, un ministre des Affaires étrangères qui disparaît mystérieusement de
Bratislava, le coup de fil de François Hollande aux familles: voici le récit
de la libération des quatre otages français, obtenue mardi après une
accélération des négociations.

++ DIMANCHE 22 SEPTEMBRE ++
- Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian assure qu’il a la preuve que
les otages sont vivants et qu’il travaille à rendre "opérationnels" les moyens
de leur libération. Des sources affirmeront plus tard qu’il s’est rendu en
toute discrétion à Niamey dans les semaines ayant précédé la libération pour
faire aboutir les négociations.

++ JEUDI 24 OCTOBRE ++
- Une dépêche AFP fait état de la présence d’émissaires dans le Sahel pour
"accélérer les négociations en vue de la libération des otages français". Deux
hommes sont à la manoeuvre: Jean-Marc Gadoullet, un ancien colonel de l’armée
française déjà intervenu comme intermédiaire pour tenter d’obtenir la
libération des Français, et Mohamed Akotey, ancien ministre nigérien et actuel
dirigeant d’une filiale locale d’Areva. La France dément formellement. Une
source diplomatique occidentale à Bamako confirme mais ajoute: "ça coince".
- Dans les jours qui précèdent leur libération, les otages sont regroupés
dans la région d’Anefis, au sud-ouest de Kidal, fief des Touareg, situé dans
l’extrême nord-est du Mali. Ils avaient été dispersés dans l’immensité du nord
du Mali par crainte que Paris ne lance une opération pour les libérer tous
ensemble.
- C’est dans cette région d’Anefis que se déroulent les dernières
négociations, selon une source nigérienne haut placée. M. Akotey participe aux
dernières tractations avec des notables touareg de la région. La présence de
Jean-Marc Gadoullet n’est plus évoquée.

++ MARDI 29 OCTOBRE ++
- A 10H00 locales (09H00 GMT) François Hollande arrive à Bratislava, en
Slovaquie, accompagné de Laurent Fabius. Bizarrement, le ministre des affaires
étrangères disparaît subrepticement en fin de matinée.
- A 14H10 GMT, François Hollande arrive avec une demi-heure de retard au
siège du gouvernement slovaque pour une conférence de presse commune avec le
Premier ministre Robert Fico. Il a le teint pâle et le visage fermé, mais les
journalistes attribuent son air préoccupé aux déboires de l’écotaxe. Un
conseiller diplomatique leur glisse en off que Laurent Fabius est revenu à
Paris, pour "une urgence diplomatique dont on va entendre parler".
- Quelque part dans le nord-ouest du Mali, dans des conditions encore
inconnues, les quatre otages goûtent à la liberté à bord d’un hélicoptère
militaire. Après 1.139 jours de captivité, ils survolent le désert malien en
direction du sud, pour rejoindre Niamey.
- A 16H02 locales (15H02 GMT), à 4.000 km de là, le grand-père de Pierre
Legrand est sur la route à Nantes quand son téléphone portable sonne. C’est
François Hollande: "voilà, René Robert, je vous annonce que votre petit-fils
est libéré avec ses trois compagnons, il est en direction de Niamey, je ne
peux pas vous en dire plus, il est en bonne santé, le président du Niger a été
actif dans cette libération".
- A 17H00 GMT, François Hollande arrive avec une heure de retard devant la
communauté française: " je veux d’abord vous faire partager une heureuse
nouvelle, je viens d’apprendre par le président du Niger que nos quatre otages
du Sahel, ceux que l’on appelle les otages d’Arlit, viennent d’être libérés".
Salve d’applaudissements.
- A 17H15 GMT, portable coupé, Marion Larribe, la fille de Daniel, suit un
cours d’amphi à la fac de Montpellier quand un camarade lui tape sur l’épaule:
"il se passe un truc bizarre, on dirait que ton père a été libéré". Un peu
plus tard, Laurent Fabius l’appelle et lui passe son père: "Mais c’est Marion?
Mais comment ça va?".
- A 18H00 GMT, les quatre otages atterrissent à Niamey. Amaigris, le regard
perdu, ils sont accueillis par le président nigérien Mahamadou Issoufou dans
un salon d’honneur de l’aéroport. Le chef d’État félicite la France, le
président Hollande et ses propres hommes pour leur participation à la
libération.
- Les quatre otages appellent leurs familles, prennent une douche et
partagent un "couscous de poulet et de mouton" avec Jean-Yves Le Drian et
Laurent Fabius, selon le Parisien.
- La barbe longue, vêtu d’un habit vert pâle et d’un turban bleu-mauve,
Thierry Dol, 32 ans, parle à la presse pour la première fois. Il a les traits
marqués: "ça a été très difficile mais c’est une épreuve de la vie". Pierre
Legrand et Marc Féret ont le visage masqué par un chèche, on ne voit que leur
regard fatigué.
- Les quatre otages ont été retenus dans des conditions "différentes",
révèle Laurent Fabius. "Monsieur Larribe a été complètement isolé des autres
et n’avait donc absolument aucune nouvelle, certains pouvaient écouter la
radio, d’autres non".
- Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian assure qu’il n’y a
eu ni "assaut" ni "rançon".
- "C’est une vague émotionnelle, un tsunami" dit à l’AFP Françoise Larribe.
L’épouse de Daniel a reçu un appel du président de la République alors qu’elle
sortait de l’hôpital, à Marseille, où elle venait d’être opérée des yeux. "Je
ne savais plus si j’étais sous anesthésie ou pas! C’était surréaliste".
- A 20H00, dans son toast au dîner officiel offert par le président
slovaque, M. Hollande salue "un jour mémorable".
- A Nantes Alain Legrand, le père de Pierre Legrand, est "très heureux"
mais il veut une réponse à sa question: "pourquoi ça a duré si longtemps?".

++ MERCREDI 30 OCTOBRE ++
- Au petit matin, les quatre ex-otages arrivent à l’aéroport de Niamey. Le
décalage est flagrant avec les images de la veille: tous ont troqué leurs
djellabas pour des vêtements à l’occidentale, ils ont l’air détendus, leur
épaisse barbe a été rasée ou taillée. Daniel Larribe est souriant. Il porte
une chemise bleue avec un pull rouge sur les épaules. Comme Thierry Dol, il
porte lui-même son sac de voyage noir.
- Les quatre s’engouffrent dans un Falcon 7X blanc portant l’inscription
République française. Ils décollent avec Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian
vers 06H00 GMT en direction de Villacoublay.
- Les familles, une vingtaine de personnes, se rassemblent à l’aéroport
militaire pour accueillir les ex-otages. Au siège d’Areva, à La défense, des
écrans sont installés pour que les employés puissent suivre les images de leur
arrivée.
- A Couffé (Loire-Atlantique), les proches de Pierre Legrand vont se
retrouver dans un bar. Sur sa façade, ils ont accroché une des banderoles qui
servaient à rappeler la détention des otages, barrée de l’inscription "Libre"
en gros et en rouge.
sj-bur/at /jmg

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