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L’initiative algérienne pour restaurer la paix au Mali : une démarche urgente face aux menaces croissantes au nord
Publié le mercredi 19 novembre 2025  |  Autre presse
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L’Algérie a dévoilé une nouvelle initiative diplomatique visant à relancer le processus de paix au Mali, consciente que la dégradation rapide de la situation au nord du pays menace directement sa sécurité nationale. Lors d’une conférence de presse tenue le 18 Novembre 2025, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a rappelé que les risques s’accumulant au Mali « préoccupent l’Algérie davantage que tout autre pays ». Il a souligné que l’Algérie tend la main à ses frères maliens et reste prête à apporter son soutien politique, diplomatique et technique afin de préserver l’unité et la stabilité du Mali, affirmant que « la crise actuelle ne peut être résolue que par le dialogue politique et la voie pacifique ».

Cette initiative n’est pas un simple exercice diplomatique : elle répond à l’émergence d’un contexte explosif alliant expansionnisme azawadien, ingérences étrangères, effondrement possible de l’État malien et montée fulgurante du terrorisme. Autant de facteurs qui expliquent pourquoi Alger estime que le moment d’agir est arrivé. Comme l’a insisté Ahmed Attaf, « nous n’avons qu’un seul espoir : que les dirigeants maliens réalisent la nécessité de revenir sur la voie politique et comprennent que la solution à la crise ne peut être militaire ou exclusive, mais doit passer par des voies pacifiques et consensuelles ».

L’expansionnisme croissant de la FLA : un projet de “Grande Azawad” qui inquiète Alger

Depuis plusieurs mois, le nord du Mali assiste au retour en force du FLA (Front de Libération de l’Azawad), qui a consolidé sa présence territoriale à proximité des frontières algériennes. Cette progression s’accompagne d’une radicalisation du discours politique du mouvement. Les propos récents de Alghabass Ag Intalla, l’un de ses chefs les plus influents, ont particulièrement alarmé Alger. Il a plaidé pour la création d’un État touareg indépendant et l’abolition des frontières coloniales ayant divisé le peuple touareg entre l’Algérie, le Mali, le Niger, la Libye, le Tchad et le Burkina Faso.

Plus préoccupant encore, Sidi Ben Bella El-Ferdi, représentant de la Coordination des mouvements nationaux de l’Azawad, a déclaré que les Touaregs « réclament à l’Algérie les terres volées ». Cette rhétorique révisionniste élargit explicitement les revendications à des territoires du sud algérien, où vivent des communautés touarègues partageant des liens de sang, de culture et de tradition avec l’Azawad malien.

Sur le terrain, le FLA a profité de l’affaiblissement de l’armée malienne et du regain des combats pour étendre son contrôle, renforçant ainsi la faisabilité—du moins dans son discours—d’un projet de “Grande Azawad” aux dimensions transfrontalières.

Appuis extérieurs présumés et luttes d’influence autour du dossier touareg

Les ambitions du FLA s’inscrivent également dans un environnement international de plus en plus complexe. En mai dernier, Bilal Ag Achérif, chef du FLA, aurait mené une tournée discrète dans plusieurs capitales européennes afin de solliciter un soutien politique pour la création d’un État azawadien indépendant.

Selon des sources proches du mouvement, il aurait reçu un retour favorable de certains décideurs à Paris, un élément qui, compte tenu des tensions persistantes entre Alger et Paris, ne fait qu’alimenter les soupçons d’ingérence.

Sur un autre front, le ‘’New Lines Institute’’—un think tank américain—vient de publier un rapport controversé affirmant que l’État algérien marginaliserait les Touaregs du Sud. Le rapport appelle Washington à donner davantage d’espace aux organisations touarègues dans les affaires civiles algériennes.

Pour de nombreux spécialistes, ce discours constitue une tentative de pression géopolitique susceptible d’encourager, à moyen terme, des dynamiques séparatistes au sein même du territoire algérien.

La concomitance de ces signaux—européens et américains—renforce la conviction d’Alger qu’une stratégie internationale tente de manipuler la question touarègue à des fins politiques.

Le Mali au bord de l’effondrement : une menace directe pour l’Algérie
La troisième source majeure d’inquiétude pour l’Algérie réside dans la possibilité réelle d’un effondrement du système malien sous la pression croissante des groupes terroristes, en particulier JNIM, qui intensifie ses attaques depuis septembre. L’incapacité de l’État malien à assurer la sécurité ou à garantir la circulation des biens essentiels a déjà plongé le pays dans une crise économique sévère.

Selon plusieurs analyses, la chute du régime malien pourrait intervenir plus tôt que prévu. Pour Alger, un tel scénario représente une menace directe : l’effondrement du Mali ouvrirait un corridor permettant aux groupes terroristes de se rapprocher du Sud algérien, non seulement par infiltration armée mais aussi par le biais d’un afflux massif de populations fuyant la violence. Dans ce contexte de dérèglement total, les flux migratoires incontrôlés constitueraient un vecteur supplémentaire d’instabilité, ce qui a poussé récemment le gouvernement algérien à exprimer officiellement son inquiétude face à ces développements et aux risques qu’ils représentent pour la sécurité et la stabilité du Sud du pays.

Pourquoi l’Algérie considère que le moment d’agir est crucial

Face à l’ensemble de ces menaces convergentes, Alger estime qu’une action diplomatique rapide s’impose pour prévenir l’émergence d’un proto-État Azawadien armé à ses frontières. La dynamique actuelle—faite de séparatisme, de soutien extérieur et d’alliances opportunistes avec des groupes terroristes—risque de transformer le Nord malien en zone incontrôlable et de projeter l’instabilité vers le Sahara algérien.
En parallèle, l’Algérie perçoit dans certains signaux venus de Paris et de Washington une volonté d’instrumentaliser la question touarègue. Elle cherche donc à désamorcer ces ingérences en stabilisant la région, afin d’éviter que ce dossier ne devienne un levier géopolitique dirigé contre elle.

L’urgence tient également au risque d’effondrement complet du Mali, ce qui ouvrirait la voie à une recomposition violente du Sahel. Consciente de ce danger, l’Algérie entend réaffirmer son rôle régional naturel : celui d’une puissance d’abord diplomatique, bien avant d’être militaire, misant sur la négociation, la médiation et la construction de solutions politiques durables. Elle revendique ainsi son héritage dans la résolution pacifique des crises régionales, notamment par le biais de l’Accord d’Alger de 2015, qui avait permis d’apaiser les tensions au Mali. Par cette nouvelle initiative, Alger aspire à restaurer son leadership dans la région en privilégiant la diplomatie et les accords de paix inclusifs.

Conclusion

Par son initiative diplomatique, l’Algérie cherche à prévenir un scénario où se combineraient séparatisme armé, ingérences internationales et effondrement étatique.

Dans un Sahel au bord de la recomposition violente, l’action d’Alger apparaît non seulement légitime, mais indispensable. Forte de son expérience en matière de médiation et de résolution pacifique des conflits, l’Algérie dispose encore d’une capacité d’influence diplomatique réelle, capable de ramener les acteurs maliens vers la voie politique et d’empêcher la dérive régionale vers le chaos.
Si elle parvient à réactiver le dialogue, à imposer un cadre consensuel et à contenir les ingérences extérieures, Alger pourrait une nouvelle fois jouer un rôle déterminant dans la stabilisation du Mali — comme elle l’a fait en 2015 — et contribuer à rétablir un équilibre régional devenu aujourd’hui plus que jamais indispensable.
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