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L’ambassadeur Antonio Guillen Hidalgo lors de la fête nationale d’Espagne à Bamako : "Le soutien humanitaire espagnol au Mali a dépassé 30 millions d’euros entre 2016 et 2024"
Publié le samedi 11 octobre 2025  |  Aujourd`hui
Abdoulaye
© Autre presse par DR
Abdoulaye Diop,chef de la diplomatie malienne
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"Tous les sujets seront abordés à la prochaine réunion de la Commission Mixte Mali- Espagne"

"A la lumière de la loi espagnole sur la coopération, le Mali est considéré comme prioritaire et notre coopération est cohérente et constante depuis 2006"


Selon l'ambassadeur Antonio Guillen Hidalgo, le 12 octobre est une date profondément symbolique pour l'Espagne. Elle commémore la découverte de l'Amérique en 1492, un événement historique, qui a marqué le début de l'ouverture de l'Espagne au monde. Et pour célébrer cet événement, le diplomate espagnol a respecté la tradition en offrant une réception, le mercredi 8 octobre 2025 à la Résidence de l'Espagne en présence des autorités maliennes à l'image du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et du ministre-commissaire à la Sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali. On notait également la présence de nombreux diplomates accrédités au Mali ainsi que la communauté espagnole au Mali. Aux dires de l'ambassadeur Antonio Guillen Hidalgo, le soutien humanitaire espagnol au Mali a dépassé 30 millions d'euros entre 2016 et 2024. Une manière pour dire que le Mali est considéré comme un pays prioritaire à la lumière de la loi espagnole sur la coopération. Il a annoncé la tenue de la prochaine réunion de la Commission mixte Mali-Espagne où tous les sujets relatifs à la coopération seront dûment abordés. "L'Espagne oriente son action extérieure sur le respect des choix que chaque nation fait pour s'auto-gouverner. Nous pratiquons une politique de non-ingérence, fondée sur le respect mutuel et l'égalité entre Etats", a rappelé Antonio Guillen Hidalgo dans son discours que nous publions en intégralité.

Le 12 octobre est une date profondément symbolique pour notre pays. Elle commémore la découverte de l'Amérique en 1492, un événement historique qui a marqué le début de l'ouverture de l'Espagne au monde. Plus de 5 siècles plus tard, nous vivons une réalité internationale très différente… et incontestablement complexe.


Mais dans ce monde en mutation, l'Espagne s'efforce de maintenir une politique étrangère cohérente, fidèle aux principes et aux valeurs qui définissent sa relation avec les autres nations. Tout d'abord, l'Espagne croit fermement au multilatéralisme, voilà l'un des grands progrès de l'humanité, dont la plus forte expression est sans aucun doute l'Organisation des Nations unies.Avec toutes ses imperfections - que personne ne nie - , l'ONU représente l'architecture essentielle de la coopération internationale. Aucun autre acteur ne dispose de sa légitimité universelle, ni de sa capacité à construire des consensus autour de la paix et du développement.Monsieur le Ministre, je suis convaincu que cette vision est partagée par nos deux pays. C'est dans cet esprit qu'a eu lieu, le 3 juillet 2025 à Séville, la IVe Conférence internationale pour le développement du système des Nations Unies. De cette rencontre sont sorties 130 initiatives. Et en tant que pays hôte, l'Espagne a contribué activement à la création de la Plateforme d'action de Séville, destinée à mobiliser et coordonner le financement du développement

Comme dit le proverbe africain : 'Si tu veux aller vite, marche seul. Mais si tu veux aller loin, marche avec les autres'

Par la suite et fidèle à cet esprit multilatéraliste, l'Espagne réaffirme son attachement profond au projet européen. Un projet en constante évolution, au sein duquel nous travaillons étroitement avec le Représentant spécial de l'Union européenne pour le Sahel afin de définir une nouvelle approche adaptée à la réalité qui émerge dans cette région.Nous sommes très conscients d'une vérité simple… mais déterminante : 'Si nous abandonnons le Sahel… le Sahel viendra à nous'.La géographie, l'histoire et la démographie nous lient profondément.


Et finalement, l'Espagne est profondément engagée dans la défense des droits humains.En tant que membre du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, nous travaillons activement pour l'égalité de genre, la protection de l'enfance, les droits des femmes et des filles, la lutte contre la discrimination, en particulier contre le racisme, et la défense des droits des personnes migrantes. Permettez-moi de mettre tout particulièrement l'accent sur ces deux combats : le racisme et la négation de droit a migrer représentent, en réalité, la négation même de l´humanité des personnes. La défense des droits humains n'est pas une option. C'est une responsabilité partagée qui nous définit en tant que communauté internationale. C'est pour cette raison que l'Espagne a été à l'avant-garde, parmi les concerts des nations, de la défense de la cause palestinienne :

- nous avons condamné les attentats du 7 octobre 2023 :

- nous avons reconnu l'Etat de Palestine 28 mai 2024

- nous avons toujours défendu la solution des deux Etats;

- et finalement nous avons accueilli avec espoir le plan de paix proposé par les Etats-Unis et accepté par le Hamas. Une fenêtre d'espoir s'ouvre finalement devant nous.

Nous souhaitons également remercier le rôle décisif du Qatar et de l'Egypte dans ces négociations.A ce stade, nos valeurs rejoignent pleinement les principes que le peuple malien s'est donnés pour encadrer ses relations avec le reste du monde.Le premier principe partagé est le respect de la souveraineté.L'Espagne oriente son action extérieure sur le respect des choix que chaque nation fait pour s'auto-gouverner. Nous pratiquons une politique de non-ingérence, fondée sur le respect mutuel et l'égalité entre Etats. Le peuple espagnol a lui aussi connu sa propre Transition démocratique…Et croyez-moi : nous n'oublierons jamais les peuples amis qui nous ont accompagnés alors, dans le respect et sans interférer dans nos affaires internes.Le deuxième principe partagé est la liberté de choisir ses partenaires. L'Espagne exerce cette liberté en choisissant de coopérer avec le peuple malien, dans un esprit de respect, de loyauté et de volonté commune de bâtir ensemble. Comme le dit le proverbe : 'Seul, on va vite… mais ensemble, on va loin'. Le troisième principe est de travailler pour le bien-être de nos populations


. Dans le domaine de la sécurité, nous coopérons étroitement dans la lutte contre le terrorisme, contre l'immigration irrégulière y contre toutes les formes de criminalité internationale.Sur le plan du développement, à la lumière de la loi espagnole sur la Coopération le Mali est considéré comme prioritaire. Depuis 2006, notre coopération est cohérente, prévisible et constante. Rien qu'en 2024, l'AECID a contribué à hauteur de plus de 13 millions d'euros, un niveau qui s'est maintenu en 2025. Nos programmes se concentrent sur le développement rural, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la santé dans les régions prioritaires sont Kayes et Sikasso. Sur le plan humanitaire, notre aide s'élève actuellement à environ 7 millions d'euros par an avec la capacité de mobiliser des fonds supplémentaires en cas d'urgence. Notre réponse aux inondations d'août 2024 en est un exemple concret. Entre 2016 et 2024, le soutien humanitaire espagnol au Mali a dépassé 30 millions d'euros, canalisé également par des ONG espagnoles et des partenaires multilatéraux tels que la FAO, l'OMS, le PAM, l'Unicef, le Fnuap et Onusida et ONU-Femmes.La coopération culturelle constitue un autre pilier fondamental de notre relation. En 2025, ce domaine s'est encore renforcé à travers un dialogue approfondi et des initiatives concrètes. La visite à Bamako du Directeur des Affaires Culturelles d'Espagne et la rencontre entre nos ministres de la Culture à Barcelone, dans le cadre de Mondiacult, en témoignent.Notre action culturelle s'articule autour de trois axes :- La promotion et l'échange culturel, avec le Festival Hola Bamako comme initiative emblématique ; l'arrivée en novembre de l'exposition "Afrique en Bleu" au Musée National ; et la participation d'artistes espagnols aux grands événements maliens.


- La formation de professionnels de la culture, grâce au Programme ACERCA.

- Et la protection du patrimoine, avec des projets tels que Imzad pour l'autonomisation des jeunes femmes touarègues, l'électrification de la Grande mosquée de Djenné, la sauvegarde des manuscrits anciens et la promotion internationale du bogolan. Sur le plan linguistique, la langue espagnole continue de gagner en visibilité grâce à la l'arrivée d'une nouvelle lectrice qui est chargée de l'organisation des cours d'espagnol, mais surtout a la collaboration avec les institutions éducatives et culturelles maliennes. Tous les sujets relatifs à la coopération seront dûment abordés lors de prochaine réunion de la Commission mixte, qui se tiendra prochainement. Permettez-moi de conclure par une réflexion personnelle sur l'un des grands enjeux, parmi les plus préoccupants, auxquels nos deux pays doivent faire face: Tant le Mali que l'Espagne sont confrontés à un grand défi démographique, étroitement lié à leur jeunesse, cette génération que l'on appelle la "Génération Z".

Ce sont ces jeunes nés à la fin des années 1990 qui voient, souvent avec inquiétude, que nos sociétés actuelles peinent à leur offrir un avenir à la hauteur de leur aspiration et de leur potentiel.C'est là le véritable enjeu.

Et soyons clairs : l'histoire ne nous jugera pas en fonction de la taille du défi, mais selon la manière dont nous aurons su y répondre. Et pour y faire face, il n'y a qu'une seule voie : celle de la coopération, de la solidarité et du travail collectif. Nous partageons déjà de nombreuses valeurs et des objectifs communs. Alors, avançons ensemble, avec loyauté et franchise. L'histoire nous en sera reconnaissante. Et nos enfants, un jour, nous diront Merci".
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