PARIS - Une information judiciaire a été ouverte au
tribunal de Paris sur l'enlèvement au Niger des quatre otages français qui ont
été libérés mardi après trois ans de détention, a-t-on appris mercredi de
source judiciaire.
Cette information judiciaire, confiée à des juges d'instruction du pole
antiterroriste, a été ouverte mardi pour enlèvement et séquestration en bande
organisée en relation avec une entreprise terroriste et mise en danger de la
vie d'autrui, a précisé la source judiciaire.
L'ouverture de cette enquête n'est pas liée à la libération des otages, a
précisé une source proche du dossier.
Elle fait suite à une plainte déposée en juin dernier par des proches d'un
des otages, Pierre Legrand.
"Cette information judiciaire va permettre de comprendre les circonstances
exactes de l'enlèvement des otages et d'examiner si leurs employeurs ont une
part de responsabilité dans la mise en danger de la vie de nos compatriotes",
s'est félicité auprès de l'AFP Me Olivier Morice, l'avocat des proches de
l'ex-otage. "Je m'étonne néanmoins de la concordance entre la libération des
otages et l'ouverture de l'information judiciaire alors que la plainte a été
déposée le 21 juin", a ajouté l'avocat.
Une enquête préliminaire avait déjà été ouverte par le parquet de Paris le
22 septembre 2010.
Les quatre otages avaient été enlevés le 16 septembre 2010 sur un site
minier du géant nucléaire français Areva à Arlit, au Niger. Al-Qaïda au
Maghreb islamique (Aqmi) avait revendiqué l'enlèvement.
Dans leur plainte, le père et le frère de Pierre Legrand dénonçaient de
possibles manquements à la sécurité d'Areva et d'une filiale de Vinci,
l'employeur de l'otage.
Ils pointaient notamment "des mesures de sécurité insuffisantes compte tenu
du contexte ambiant dans le nord du Niger en septembre 2010, et ce depuis
quelques années". La plainte citait en particulier une lettre du préfet
d'Arlit, adressée au responsable de la Satom (filiale de Vinci), à Arlit, deux
semaines avant les enlèvements, selon laquelle "la menace du groupe Aqmi est à
prendre au sérieux car un tel contexte est favorable à toutes les actions
crapuleuses".
Selon la plainte, "la sécurité du personnel était, semble-t-il pour de
pures questions budgétaires, assurée par des gardes d'une société de sécurité
privée non armés, Areva ayant refusé le soutien de la milice nigérienne malgré
la proposition des autorités deux mois avant la prise d'otage".
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