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Sécurité : Que veulent nos djihadistes au Mali ?
Publié le mercredi 22 octobre 2025  |  Mali Tribune
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Dix ans après le début de l’insurrection, les deux pôles djihadistes actifs au Mali, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim/GSIM), affilié à Al-Qaida, et « l’État islamique, Province du Sahel » (IS-Sahel/ISSP, ex-EIGS), n’ont pas renoncé à leur projet : imposer des normes inspirées de la charia, capter des ressources locales (zakat, taxes, carburant, commerce), contrôler des axes et des territoires ruraux, et contraindre l’État à des accommodements. Le départ de la France et celui de la Minusma ont créé un vide exploité par le Jnim, désormais acteur dominant au centre et dans l’ouest.


Que veulent nos djihadistes ? Les revendications qui, au départ, portaient sur le départ de la France, de la Minusma, a évolué, chemin faisant, et au gré de l’actualité. La France est partie, la Minusma également. Ce que l’on peut dire de façon concrète aujourd’hui, comme revendications des djihadistes est la demande de la levée du blocus du carburant via des concessions sur les restrictions, l’ouverture d’un canal de négociation et la liberté de circulation sur certains axes. Les djihadistes veulent également le contrôle des campagnes par la fiscalité islamique, la justice religieuse et la cooptation des autorités coutumières et l’institutionnalisation d’un ordre islamique local, avec la marginalisation de l’État laïc. Fait nouveau, la main sur le cœur, les porte-paroles qui juraient ne pas avoir d’autres agendas, en ajoutent tous les jours. Les djihadistes sont pourtant toujours actifs sur le terrain.

Dans les accords qu’ils ont signé avec les villages, ils demandent le paiement de la zakat, une tenue vestimentaire spécifique pour les femmes et d’autres revendications d’ordre morale, contre une protection. Le porte-parole qui est en vue aujourd’hui réclame une conversion d’Assimi. Rien de moins !

Pour le moment, l’état des lieux montre un leadership du Jnim sur le terrain. Cette coalition est née en 2017 de la fusion d’Ansar Dine, al-Murabitoun, Katiba Macina, d’AQMI au Sahara sous la direction d’Iyad Ag Ghaly avec Amadou Koufa (Katiba Macina) comme figure centrale au centre du pays. Le Jnim a été actif pendant longtemps à Mopti et Ségou. Aujourd’hui, on constate une progression marquée vers Kayes, Nioro-du-Sahel.


Selon Dr. Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre des Etudes Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S), Enseignant-chercheur Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako Spécialiste du genre, de l'extrémisme violent et de l'islam politique, « on peut estimer entre deux mille à trois mille les combattants des mouvements terroristes ».

Certains sont recrutés et payés pour des opérations ponctuelles ; d’autres pour la promesse de garder tout le butin des attaques en dehors des armes. En plus de cela, on peut noter les raisons religieuses, ceux qui sont endoctrinés. A Cela, le JNIM a une particularité qui est de profiter des tensions intercommunautaires pour recruter.

Le Jnim cherche moins à « prendre Bamako » qu’à réglementer la vie locale : justice sommaire, règlement des litiges, écoles et tribunaux religieux dans des zones abandonnées par l’État. Des enquêtes récentes décrivent cette stratégie « d’ancrage » auprès des populations rurales. Depuis juillet-septembre 2025, le blocus du carburant avec bans d’importations et checkpoints du Jnim à Kayes, Nioro, Niono, a poussé les autorités à autoriser des pourparlers locaux. Le Jnim réclame un canal officiel et l’assouplissement des restrictions sur la vente de carburant au villageois. D’ailleurs, beaucoup de zones d’ombres subsistent sur la levée des restrictions des djihadistes contre une société de transport qui vient d’être ré-autorisé à reprendre ses activités. A quelles conditions ? Au vu et au su de l’Etat ou dans son dos ?


Le Jnim teste la négociation pour obtenir des accommodements comme la liberté de circulation, les taxations ou les échanges de prisonniers. Cette option qui était déjà évoquée par Crisis Group, refait surface sous la contrainte économique actuelle.

Le retrait des forces françaises et de l’Onu a ouvert des espaces que le Jnim semble avoir investis. Dans leur narratif, ce but initial, « évincer l’occupation » a cédé la place à un agenda de domination locale durable.

Autres interrogations : il se trouve que de plus en plus, les engins explosifs improvisés cèdent la place à des armes et outils sophistiqués comme des drones. Les djihadistes s’installent à demeure. On les voit tenir des conférences dans les villages pour se poser en « protecteurs des populations » vs « abus des FAMa et alliés ».

Que veulent nos djihadistes au juste ?


Alexis Kalambry

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