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Pénurie de carburant : Les Bamakois unis face à l’adversité
Publié le samedi 25 octobre 2025  |  L’Essor
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© aBamako.com par FS
Les jeunes de Kolokani bloquent la circulation
Les jeunes de Kolokani ont bloqueé la circulation aux véhicule sur la route Nationale No3 pour manifester leur colère face à l`état de la route Bamako-kolokani, le Mardi 18 Septembre 2018.
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Depuis plusieurs jours, notre capitale est confrontée a une pénurie de carburant qui vide ses routes et engorge ses stations-services. Malgré les longues files d’attente et les retards, la population fait preuve d’une résilience exemplaire, mélant patience, dignité, optimisme et appels a l'unité nationale

Ce mardi 22 octobre, la circulation à Bamako surprend par sa fluidité. De Kalaban-Coura à Sabalibougou, en passant par Daoudabougou et le pont Fahd, les embouteillages habituels des heures de pointe ont disparu. La cause ? Une pénurie de carburant qui paralyse les automobilistes et motocyclistes, contraintes de s'aligner dans de longs fichiers d'attente aux stations-service.

À Kalaban-Coura, une station d'essence est prise d'assaut. Parmi la foule, Oumou Dia, comptable d'une trentaine d'années, vêtue d'une robe rose et jaune avec un foulard sur la tête et son bébé sur le dos, attend depuis 7 heures du matin pour remplir le réservoir de sa moto. À 8h50, après près de deux heures d'attente sans être ravitaillée, elle reste patiente. «Il faut coûte que coûte faire le plein», affirme-t-elle, bien qu'en retard pour son travail. Cette situation ne la décourage pas : « Notre pays surmontera cette épreuve. Ce n'est pas la fin du monde, c'est Dieu qui a voulu que nous traversions ces moments difficiles». Confiant en les dirigeants maliens, Oumou Dia appelle la population à rester sereine.

À Bamako-Coura, Ousmane Traoré, chef d'entreprise, affronte la crise avec pragmatisme. Grâce aux panneaux solaires installés dans son entreprise et à un groupe électrogène, il limite les perturbations. «À part les retardés des employés, nous gérons plutôt bien la situation», explique-t-il. Pour lui, cette épreuve est temporaire : «Aucun pays n'a connu le bonheur sans traverser des moments difficiles». Il en appelle à l'unité nationale et à la patience pour surmonter la crise.

Dans la cour de l'hôpital Gabriel Touré, Saran Touré, employée de ménage, balai à la main droite et seau à la gauche, raconte ses difficultés à rejoindre son lieu de travail. D'ordinaire, elle arrive à 4 heures du matin en auto-stop ou en Sotrama. Mais avec la pénurie, elle patiente des heures pour trouver un véhicule, les transports étant rares. «Ces derniers jours, j'arrive en retard à cause de la crise», confie-t-elle. Déterminée, elle ajoute : « Le manque de carburant ne m'empêche pas de venir travailler, même si je dois marcher. Si chacun reste chez soi, cela aggravera la situation et fera le jeu de l'ennemi.» Saran prie pour que les autorités disposent de la force de gérer la crise et appellent la population au calme.

Assis sur sa moto face à la chaussée, Oumar Doumbia, conducteur de moto-taxi, attend des clients. Il raconte avoir cherché du carburant dès 6 heures du matin, mais ce n'est qu'à 11 heures qu'il a pu obtenir de l'essence, sans toutefois remplir son réservoir. «À ce rythme, les prix des transports vont augmenter, et nous ne pourrons pas faire beaucoup de courses», déplore-t-il. Pour lui, « seul Dieu peut aider notre pays à sortir de cette situation, qui n'est bonne ni pour les autorités ni pour la population ».

Au Quartier du Fleuve, à 11 heures, une autre station-service est bondée. Dans le fichier des motocyclistes, Sidy Gouanlé, commerçant vêtu d'un jean de couleur noir et d'une chemise bleue, transpire en locataire sa moto. «Cette situation est difficile, mais ce sont les épreuves de la vie», déclare-t-il. Selon lui, les autorités font de leur mieux pour gérer la crise. «La population doit les soutenir, car elles se battent pour notre bien-être», ajoute-t-il. Il exhorte les Maliens à rester forts et soudés : «C'est le moment de montrer notre patriotisme.»




De longues files d'attente autour d'une station-service

Devant une autre station-service, Moussa Touré, fonctionnaire vêtu d'un boubou marron, attend dans sa voiture depuis plus de deux heures. Visiblement découragé, il confie : «Ma journée est perdue, car j'ai dû laisser mon travail pour chercher du carburant». Pourtant, il insiste sur l'importance de continuer à travailler : «Si tout s'arrête, cela nuira à l'économie du pays, ce qui est encore pire.» Pour réduire la pression sur les stations-service, il propose d'utiliser les transports en commun et de laisser les voitures à la maison.

Moussa va plus loin, critiquant l'escorte militaire des camions-citernes, souvent ciblée par des attaques. «Les autorités devraient laisser les transporteurs négocier avec les groupes armés et trouver une solution politique», suggère-t-il, avant d'appeler la population à rester calme et disciplinée dans les gares-service. Comme lui, certains de reprendre le télétravail en demandant aux personnels non nécessaires de travailler à distance afin de réduire la pression sur les hydrocarbures disponibles.

Notre pays ayant expérimenté avec succès ce mode de travail lors de la Covid-19. D'autres, eux, proposent de plafonner le nombre de litres qu'un utilisateur peut avoir par jour en tenant compte des spécificités de chaque moyen de déplacement. Face à cette pénurie de carburant, les Bamakois démontrent une résilience remarquable. Entre patience, débrouillardise et foi en des jours meilleurs, ils affrontent la crise avec dignité. Les appels à l'unité, à la discipline et au soutien aux autorités résonnent comme un leitmotiv, témoignant de la force d'une population déterminée à surmonter cette épreuve.

Baya TRAORÉ
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