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Ty-Chérie présidente du front pour la paix au Mali : « Faisons des compromis »
Publié le samedi 25 octobre 2025  |  Mali Tribune
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Mme Obertan Tiguida dite Ty-Cherie, la Franco-malienne non moins présidente du Front pour la Paix au Mali, fait le tour de la crise malienne dans cette interview qu’elle nous a accordée et propose des pistes de solutions.

Le Front pour la paix au Mali, un consortium d’associations réunies autour d’une seule idée et d’un seul objectif, faire taire les armes et faire régner la paix au Mali par le dialogue et non par les armes. Le dialogue entre braves Maliens. Pour elle, il faut un sursaut national pour aller vers un grand dialogue.


Mali Tribune : Pourquoi dites-vous ‘’braves Maliens’’ et non, Maliens Tout court ?

Ty-Chérie : Quand je dis entre braves Maliens, il faut comprendre que tout le monde a été victime de cette guerre, de l'intérieur comme de l'extérieur. D'aucuns ont perdu leur père, leur mère, et d'autres ont tout perdu, (enfants, leurs familles, leurs fortunes, tout). Des gens qui ont tout perdu mais qui décident de se pardonner et de se donner la main pour la plus grande cause qui est le Mali. Notre patrie. C'est ça qu'on appelle les braves Maliens.

Mali Tribune : De sa création à ce jour, quelles sont les grandes actions que vous avez posées au Front pour la Paix au Mali ?

Ty-Chérie : Nous avons envoyé un courrier aux Nations Unies au nom du Front pour la paix au Mali pour faire entendre la voix de la société civile au niveau des Nations Unies. Quand tu regardes cette guerre-là, quand tu l’examines, tu te rends compte que c'est la société civile qui est la vraie victime. Si les militaires meurent, c'est la société civile qui souffre. Si les civils meurent, c'est encore la société civile. Si quelqu'un est blessé, si quelqu'un est malade, tout revient à la société civile. Or aux Nations Unies, à chaque fois, c'était les politiques et les institutions publiques qu’on entendait. Nous avons décidé qu’il fallait se faire entendre aux Nations-Unies. Faire entendre notre voix afin de faire taire les armes par le dialogue.

En plus des Nations-Unies, nous avons écrit plusieurs fois aux autorités de la Transition. Nous avons envoyé plusieurs courriers à la présidence de la transition du Mali. On a fait des publications de sensibilisation dans plusieurs journaux. Nous avons fait plusieurs propositions aux autorités de la transition pour la sortie de crise. Nous avons aussi sensibilisé et expliqué les conséquences de la guerre à la population malienne. Nous avons publié dans plusieurs journaux. Nous continuons à sensibiliser pour la sortie de crise par le dialogue et non par les armes. Car c'est la société civile qui subit toutes les difficultés. Nous avons organisé des manifestations, des meetings et des rencontres et nous continuons.




Mali Tribune : Comment envisagez-vous un dialogue entre séparatistes, partisans de la charia, avec des idéologies différentes, et l’Etat malien qui qualifie tous de terroristes ?

Ty-Chérie : C’est vrai Iyad et son groupe ont leur idéologie, les séparatistes aussi ont leur idéologie mais si on observe encore bien, il y a d'autres personnes qui sont au Mali, qui ne sont pas armées et qui partagent leur idéologie. Certains membres de la population les applaudissent aujourd'hui. Donc, ils ont tous les deux des partisans, des gens qui adhèrent à leur idéologie parmi nous. Ils ont tous des revendications.

La seule solution, maintenant, c’est qu'on s'asseye et qu’on dialogue. On ne peut pas rejeter pour tout le monde, on ne peut pas prendre en compte pour tout le monde donc faisons des compromis. On doit écouter tout le monde et savoir ce qu'on peut prendre de l'autre. On ne peut pas prendre tout chez un seul groupe, on ne peut pas laisser tout de tout d’un groupe. Sinon si on reste dans cette voie, qu'on refuse le dialogue et qu'on décide d'aller en guerre, c’est dire que celui qui va gagner, c'est celui-là qui va imposer son idéologie à tout le reste. Ce serait un désastre et qui va continuer à jamais. Aucun groupe n’abdiquerait et aucun ne gagnerait définitivement. Assoyons-nous, dialoguons et faisons des compromis. C’est mieux.


Mali Tribune : Comment aller à ce dialogue concrètement ? Qui pour rassembler les acteurs principaux.

Ty-Chérie : Le Mali est un pays unique au monde. Nous avons la chance d'avoir des leaders religieux, coutumiers, des leaders d’opinion et nous avons la chance d’avoir des hommes comme Imam Mahamoud Dicko. Imam Mahamoud Dicko est incontournable aujourd’hui pour ce dialogue entre ‘’braves Maliens’’. Il peut dialoguer avec les séparatistes, les partisans de la charia et aussi avec le peuple malien. Il peut dialoguer avec les pays voisins et les inviter à aider le Mali dans un processus de dialogue.

Mali tribune : La guerre a fait du mal chez tout le monde et il y a une crise de confiance aujourd’hui. Le dialogue est-il possible malgré cette crise de confiance ? Les protagonistes seront-ils au rendez-vous ?

Ty-Chérie : Je sais pertinemment que toutes les parties prenantes ou protagonistes seront au rendez-vous du dialogue si Mahmoud Dicko est devant. Parce que pour dialoguer, il faut de la confiance. Et aujourd'hui, tous ces groupes ont confiance en Mahmoud Dicko. C'est quand même très difficile qu'il aille discuter avec les autorités de la transition puisqu'il n'y a pas de confiance, il n'y a pas de garantie. Mais avec Mahmoud Dicko, c'est sûr qu'ils seront au rendez-vous. On a tous vu Imam Dicko à l’œuvre en 2012 quand il a pu faire libérer des militaires maliens.


Et je sais qu'avec certains pays voisins et avec Mahmoud Dicko, nos groupes armés vont accepter de s'asseoir et dialoguer et ils ne diront jamais non. Le Mali n'est pas un pays qui est coupé du monde et personne n'a intérêt que le Mali tombe. Ni ses voisins, ni les pays occidentaux proches du Mali. Seulement dans ce monde, il y a des règles, on n'est pas dans la chaîne et on est obligé de respecter.

Mali tribune : Est-ce que ça urge ? Faut-il y aller plus vite ou, peut-on encore explorer d’autres horizons ?

Ty-Chérie : Il faut qu'on aille le plus vite possible. La guerre au Mali a changé de figure et de phase depuis que le Mali a voté pour la Russie contre l’Ukraine. Désormais c’est l’affrontement entre les puissances chez nous. Avant c’était juste une guerre locale entre nous mais ce n’est plus le cas depuis un moment. La Russie est de notre côté mais les autres alliés de l'Ukraine se sont joints à la rébellion. Et on sait qui est derrière l'Ukraine. Désormais, c'est une guerre par procuration chez nous.

Mali Tribune : Dans ce cas, par où commencer aujourd’hui ?

Ty-Chérie : Au Mali aujourd’hui il y a la division partout. Il faut réunir d’abord le moins protagonistes, c’est-à-dire, ceux qui n’ont pas d’armes entre eux. Il faut d'abord réconcilier au sein de l'armée. Récemment on a vu des arrestations au sein de l’Armée, il s’agit des généraux Abass Dembélé, Nema Sagara. Je pense qu’il faut d’abord résoudre cela. Aujourd’hui nous avons besoin de nous entendre entre nous d’abord pour nous en sortir. Il faut réconcilier au sein de l’Armée d’abord ensuite voir les prisonniers politiques et d’opinions. Il faut libérer tous les prisonniers politiques et d’opinions et permettre aux autres qui sont en exil de rentrer pour la paix et la cohésion. Rétablir les partis politiques et ensemble envisager le grand dialogue, qui réunira tous les groupes armés et nous permettra de nous asseoir, de dialoguer et de nous entendre entre nous pour la paix au Mali.




Propos recueillis par

Koureichy Cissé

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