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Corridor Dakar-Bamako : Le défi des 2726 conteneurs maliens à Dakar
Publié le jeudi 20 novembre 2025  |  Mali Tribune
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Plus de 2000 conteneurs maliens occupant 95 % du domaine portuaire sont entassés au Port autonome de Dakar, faute de camion de transport, entraînant des surcoûts se chiffrant à des milliards de F CFA.

Le Conseil malien des chargeurs (CMC) a rencontré à son siège à l’ACI-2000 le vendredi dernier, les armateurs basés à Bamako pour trouver une solution.


Selon le président du CMC Bakissima Sylla, cette réunion avec les représentants des compagnies maritimes au Mali est une recommandation des ministres du Commerce et de l’Industrie, de l’Economie et des Finances et du Transports et des Infrastructures. Ces trois ministres les avaient déjà rencontrés le jeudi dernier. Un communiqué du CMA-CGM Mali remettant en cause le transport du fret à destination du Mali à cause de la difficile situation logistique était au centre de la précédente rencontre. Mais tout est rentré dans l’ordre à ce niveau parce que le représentant de l’armateur français a expliqué aux trois ministres que leur communiqué a été mal interprété et qu’il n’a jamais été question d’un refus de l’acheminement du fret malien.

La rencontre du vendredi 7 novembre 2025 élargie à la Chambre du commerce et d’industrie du Mali (Ccim) et au Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), a vu la participation des représentants des principaux armateurs. Il s’agit notamment du SMC, CMA-CGM, Maersk logistics Mali, CVA logistics, Customer Car Manager, AGLX BM Mali, Fracht Mali et AGL. Tous ont montré leurs préoccupations et leur disponibilité à continuer à travailler avec notre pays tout en déroulant des pistes de solutions rapides.

« Les armateurs sont présents au Mali depuis plus de 40 ans. Nous sommes des partenaires. Sans fret, pas de compagnies maritimes. Notre pays est en train de déployer de gros moyens pour éradiquer l’insécurité, la crise du carburant et améliorer l’état des routes. L’Etat mettra tout en œuvre pour l’acheminement du fret sans contrainte pour vous et pour nous », a indiqué Bakissima Sylla, président du CMC.


Le secrétaire général du l’institution consulaire, Fousseynou Soumano, a remercié CMA-CGM d’être revenu sur sa décision de suspendre la desserte du Mali. « Vous vivez les mêmes réalités que les opérateurs économiques et chargeurs maliens. C’est des moments difficiles pour nous tous que nous devons partager ensemble », a fait savoir M. Soumano. Il a rassuré ses partenaires que des dispositions sont en cours pour maintenir la sécurité sur les différents corridors. A l’en croire, la construction de la route Dakar-Bamako arrêtée en raison de l’insécurité reprendra si peu.

La situation sur le corridor Dakar-Bamako n’est pas due qu’à l’insécurité, à la crise du carburant ou à l’état défectueux de la route. Elle est surtout l’effet indu de l’application intégrale des dispositions de l’article 32 du décret n°2023-0509 du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et la mise à la circulation des véhicules ainsi du règlement n°14 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa). Ces deux dispositions ont interdit la circulation sur nos routes des camions hors gabarit depuis le 15 mai 2025. (Cf Mali Tribune n°632 du 7 novembre 2025).

En clair, depuis l’entrée en application de la mesure citée ci-haut, les normes autorisées pour les camions de transport sont de 17 mètres au lieu de 18,5m contrairement à une vingtaine de mètres autorisée dans certains pays. Les camionneurs sénégalais dont les véhicules dépassent largement cette norme (17 m) se retrouvent hors circuit. Selon des constats, 30 % des camions de transport de fret sont arrêtés à cause de l’application du règlement n°14 de l’Uémoa.


Pour N’Fa Sympara, membre du CMC, à la situation de camions se sont greffés l’insécurité, le manque d’hydrocarbures et l’état des routes. A ses dires, le problème de carburant est en train d’être résorbé par l’Etat à travers l’escorte militaire.

Alou Kouma, membre du CMC et président de l’Association des transitaires déclarants en douane a suggéré de créer un cadre de concertation maritime avec la douane. « Que chacun fasse des efforts pour l’efficacité du travail au moment où l’Etat est en train de mettre de d’engager de gros moyens sur le terrain», a-t-il dit.

95 % de l’espace portuaire

Selon le secrétaire général du CMC, à la date du 4 novembre, 2726 conteneurs sont en souffrance au Port autonome de Dakar. Ce qui représente 95 % de l’espace portuaire. La capacité de stockage est dépassée au niveau des différents ports de débarquement. Ce nombre de conteneurs en souffrance ne fait que grossir au fil des semaines.

Au nombre du fret bloqué, il y a 200 conteneurs de bitumes destinés à la construction de la route Dakar-Bamako qui sont au compte de l’armateur SMC. La réalité est que la situation est intenable pour les opérateurs économiques. Ces derniers sont ainsi doublement pénalisés. Ils sont non seulement sans leurs marchandises, mais doivent payer des frais de magasinage et de surestaries se chiffrant à des milliards de F CFA à ce jour. Ce qui devient une question macroéconomique, aux dires de M. Soumano.


Au sujet des surcoûts, le représentant du SMC, Youssouf Ag Aboubacrine a évoqué l’intervention de l’Etat pour raison d’Etat pour l’assouplissement des frais de magasinage et des surestaries. « Les compagnies maritimes sont limitées dans les demandes de réductions de frais », a-t-il dit.

Le représentant de CMA-CGM Amel Sy, a quant à lui, fait savoir qu’ils vivent les mêmes contraintes logistiques et opérationnelles. « Nous avons des contraintes d’évacuer nos conteneurs. Les chauffeurs ont la trouille de prendre la route. La situation est sérieuse et complexe. Depuis un mois, il y a des camions cloués au Mali faute de carburant. Cela impacte beaucoup la mobilité de nos conteneurs. Un bateau ne peut pas servir de magasin, il faut de la rotation. Nous aurons sur la conscience la mort d’un chauffeur ».

Fatoumata Thiam Guindo, la directrice de Maersk logistics soutient que cette situation ne date pas de maintenant. Elle a épinglé des destinateurs de fret dont les numéros téléphoniques ne marchent pas. Tout comme le responsable de SMC, d’autres intervenants ont proposé l’implication de l’Etat pour ce qui est de l’atténuation des frais de magasinage et des surestaries. Selon eux, la franchise de 21 jours est trop peu et il faut aller au-delà. Ils ont aussi demandé à approvisionner les gros camions en carburant et organiser des escortes militaires.

Le président du CMC Bakissima Sylla et son secrétaire général Fousseynou Soumano prêtant attention aux différentes préoccupations et propositions de solutions, ont rassuré leurs interlocuteurs en évoquant les dispositions en cours. C’est ainsi qu’ils ont fait cas d’une mission sur Dakar la semaine prochaine. Objectif : échanger sur le désengorgement imminant du Port autonome de Dakar (en l’espace d’un mois) et négocier les surcoûts provoqués par les frais de magasinage et surestaries. D’autres solutions comme la sécurité et la disponibilité du carburant seront dans le menu des discussions.


Abdrahamane Dicko

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