Quand on parle de diaspora, beaucoup imaginent immédiatement les Africains qui partent en Europe, en Amérique ou dans les pays du Golfe. Pourtant, il existe une autre réalité, souvent oubliée mais très présente autour de nous : celle des Africains qui quittent leur pays pour aller vivre dans un autre pays du continent.
Cette migration interne, parfois discrète, fait pourtant partie du quotidien au Mali et de l’ensemble de l’Afrique.
Dans nos quartiers, nos marchés, nos écoles, nos entreprises, on croise des frères venus des pays proches et d’autres pays un peu plus éloignés. Certains viennent créer des entreprises, chercher du travail, d’autres viennent poursuivre leurs études, d’autres encore fuient des difficultés, des crises politiques ou des violences. Tous viennent avec une histoire, une famille, des espoirs. Ils arrivent avec le même rêve que chacun de nous : trouver un avenir meilleur.
Ils louent des maisons, achètent au marché, paient les transports, envoient leurs enfants à l’école. Ils participent à la vie du pays, parfois dans des secteurs où la main-d’œuvre locale manque ou ne souhaite pas travailler. Ils apportent aussi des idées nouvelles, d’autres façons de faire, et parfois des méthodes plus modernes.
Sur le plan culturel, leur présence enrichit nos villes. Elle fait circuler des langues, des saveurs, des musiques et des façons de penser. Grâce à ces échanges, nos sociétés découvrent, apprennent et s’ouvrent à d’autres réalités du continent.
Mais cette présence, comme toute mobilité humaine, peut aussi créer des défis. Peur que les emplois se raréfient, peur que les habitudes changent trop vite, peur de l’inconnu dans un contexte d’insécurité ; ces inquiétudes sont compréhensibles. Elles méritent d’être écoutées et prises au sérieux, non pas pour nourrir la méfiance, mais pour trouver des solutions équilibrées.
Car l’enjeu n’est pas de rejeter l’autre, ni de fermer les portes. L’enjeu est de mieux organiser, mieux encadrer, mieux intégrer. Cela passe par des règles claires, par le respect mutuel, par la valorisation du travail de chacun, mais aussi par des actions pour soutenir les jeunes du pays dans la formation, l’emploi et l’entrepreneuriat.
Le Mali et le Sahel sont connus pour leur hospitalité. Cette tradition ne doit pas disparaître. Elle doit évoluer avec le temps, s’adapter aux réalités, mais rester au cœur ; de nos valeurs. Car au fond, qu’il soit né à Bamako, à Conakry, à Ouagadougou ou à Niamey, chaque Africain aspire aux mêmes choses : dignité, sécurité, travail, respect et espoir pour sa famille. Et quand nous nous regardons comme des frères plutôt que comme des étrangers, c’est toute l’Afrique qui avance et nous aussi.