Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Aux portes du chaos: Le réseau criminel qui défie la souveraineté du Mali
Publié le jeudi 20 novembre 2025  |  L’Inter de Bamako
Comment



● La frontière sanglante: Quand les tricycles de carburant alimentent le cœur de l'obscurité
Bamako dort. Mais au-delà des dunes brûlantes, le Mali saigne. Il y a cinq (05) mois, nous avions tiré la sonnette d’alarme sur le ballet funeste des semi-remorques venus de Nouakchott, déversant à Bassikounou un flot mortel: des motos, carburant du terrorisme, et des billets de banque acheminés par avion, sang vital des criminels. Bassikounou, ce carrefour de l'ombre où l'ennemi panse ses blessures, enterre ses morts et répare sa machinerie de guerre.
Aujourd'hui, l'alerte n'est plus un murmure, mais un rugissement: en ce mercredi 22 octobre 2025, des dizaines de tricycles chargés de bidons de vingt (20) litres d'essence franchissent les frontières avec une audace insultante. La souveraineté n'est pas qu'un mot, elle est une ligne sur le sable. Et cette ligne, nos ennemis la traversent au vu et au su de tous, raillant notre incapacité à la défendre. Il est temps que le gouvernement malien entende ce cri: chaque goutte de ce carburant est une balle tirée sur l'avenir de la Nation.

Le réseau criminel aux frontières: Une question de survie nationale
L'accumulation de ces faits troublants autour de la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, notamment près de Bassikounou (site du camp de réfugiés de M’Béra et zone de forte activité transfrontalière), met en lumière un phénomène non seulement préoccupant, mais directement existentiel pour la sécurité malienne : le financement et la logistique du terrorisme et du crime organisé par les trafics illicites.

L'Interrogation cruciale: Destination des cargaisons
La récente observation de dizaines de motos-tricycles transportant des dizaines de bidons de vingt (20) litres de carburant pose une question binaire, mais dont la réponse converge vers la déstabilisation:

1. Aux Groupes armés terroristes (GAT) ?
La moto est l'épine dorsale de la mobilité des Groupes terroristes armés (GAT) au Sahel. Elles permettent des attaques rapides, des replis en zones difficiles d'accès et une économie de guerre efficace. Le carburant est donc la première nécessité logistique.
Fournir des dizaines de bidons de 20 litres à la fois est une opération logistique d'envergure, visant clairement à alimenter des opérations militaires et de projection à grande échelle des groupes comme le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM) ou l' État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) dans la zone du Liptako-Gourma et au-delà.

2. Aux trafics illicites ?
Au Sahel, la ligne entre terrorisme et grand banditisme est souvent floue. Les trafics de carburant de contrebande, de cigarettes, d'êtres humains ou de drogues servent à financer les mêmes réseaux. Le trafic de carburant est connu pour être une source majeure de revenus pour la criminalité organisée qui, en retour, coopère avec les GAT, leur offrant une escorte, un ravitaillement, ou un échange de services. Qu'elle soit destinée à la vente illicite ou à la consommation directe des GAT, cette cargaison soutient l'économie du chaos.
Dans les deux (02) cas, la traversée de cette cargaison massive est une opération hostile à la souveraineté et à la stabilité du Mali.

Bassikounou: Le complexe logistique de l'ombre
Nos informations passées sur Bassikounou, utilisation comme zone de soins aux blessés, d'enterrement des morts, et de réparation de véhicules, confirment le rôle de cette zone comme une base arrière stratégique pour les GAT.
Ceci révèle une faiblesse majeure dans la surveillance transfrontalière:
- Sécurité et sanctuaire: Le fait que l'ennemi puisse y mener des activités aussi logistiques et complexes (réparation, soins) signifie qu'il perçoit cette zone comme un sanctuaire sûr, protégé soit par la porosité de la frontière, soit par la connivence de certains acteurs locaux.
- Connexion internationale: L'acheminement de motos par semi-remorques depuis Nouakchott et de billets de banque par avion souligne l'existence de réseaux criminels transnationaux sophistiqués, exploitant les lacunes de l'État malien dans la surveillance aérienne et terrestre.

L'Impératif catégorique: Doter le Mali de moyens de surveillance adéquats
La question n'est plus de savoir si les Groupes terroristes armés (GAT) se ravitaillent, mais de savoir pourquoi l'État malien permet que ce ravitaillement se fasse de manière aussi visible et massive.
Le Gouvernement malien et les Forces de défense et sécurité maliennes (FDSM) doivent absolument se doter de moyens pour surveiller la frontière avec la Mauritanie, car cette porosité est une menace existentielle:
- Moyens technologiques et humains: Il est impératif de renforcer les postes frontaliers, d'établir des patrouilles conjointes plus efficaces avec la Mauritanie, et d'investir dans des moyens de surveillance modernes (drones tactiques, capteurs au sol, et une meilleure collecte de renseignements).
- Lutte contre la corruption: Les trafics illicites ne peuvent prospérer sans un degré de complicité ou de corruption au niveau local. La lutte contre ce fléau au sein des corps chargés de la surveillance des frontières est une nécessité de sécurité nationale.
- Mobilisation de l'opinion: Sensibiliser l'opinion publique malienne et les populations frontalières est essentiel. Elles doivent être les yeux et les oreilles de la Nation, voyant dans chaque convoi suspect de tricycles une menace directe contre leurs familles.

Enseignement
La caravane de motos et de bidons de carburant qui traverse aujourd'hui la frontière n'est pas un simple acte de contrebande; c'est un pied de nez sanglant à l'autorité de l'État.
Pour que la souveraineté malienne cesse d'être une ligne de sable tracée par l'ennemi, le gouvernement doit faire de la sécurisation totale de cette frontière, dans les airs et sur terre, la priorité absolue de l'heure. Le temps de l'observation est révolu, celui de l'action implacable est arrivé.
A.K DRAMÉ


Encadré
Siguiri: le miroir de la détresse malienne
Les chaînes d'approvisionnement en carburant sont brisées par le terrorisme au Mali, ce qui a de graves répercussions pour les civils et l'économie, y compris la nécessité de faire le plein dans les pays voisins comme la Guinée, dont Siguiri fait partie. Le blocus est imposé par des groupes djihadistes, notamment le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), qui ont érigé des barrages routiers sur des axes importants vers le Sénégal et la Mauritanie, ainsi qu'au nord-est de Bamako vers Ségou. Des interdictions de vente de carburant dans des bidons ont été mises en place dans certaines localités (comme Siguiri) pour lutter contre la spéculation et l'approvisionnement illégal, mais elles sont très impopulaires et ont suscité des manifestations. Ironiquement, l'interdiction de vente dans des bidons, visant à soulager la crise, restreint l'accès des civils au carburant, pendant que des informations non vérifiables font état de groupes terroristes qui s'approvisionnent en carburant dans les pays voisins, y compris la Mauritanie, une situation qui soulève des questions sur la gestion des frontières et l'impact de ces mesures sur le commerce régional.

Le double fardeau: Quand la quête de carburant nourrit le désespoir et les menaces à la frontière
Le Mali est pris à la gorge, étranglé par un blocus imposé par l'ombre grandissante des groupes terroristes. Alors que les files d'attente s'étirent à l'infini dans les stations-service désespérément vides, le citoyen ordinaire, poussé par la nécessité, se tourne vers les frontières, cherchant un souffle de vie pour son activité, sa famille. C'est dans ce dédale de difficultés que se dessine une amère vérité: celle d'une population qui lutte pour survivre, confrontée à la fois à la rigueur d'une crise économique et aux menaces sécuritaires, tandis que les décisions administratives, aussi bien intentionnées soient-elles, se heurtent à la dure loi de la survie. Et, au-delà du déchirement national, le cynisme de l'ennemi se révèle dans un contraste poignant: l'approvisionnement sans entrave pour ceux qui sèment la terreur, face au désarroi des victimes du blocus. Une tragédie en deux (02) actes qui met à nu les failles d'une région assiégée.

La route de Siguiri: le miroir de la détresse malienne
Le blocus actuel, largement attribué aux actions des groupes djihadistes sur les axes routiers stratégiques du Mali, a rendu l'accès au carburant une véritable épreuve. Face à la pénurie, la ville frontalière de Siguiri (en Guinée), est devenue un lieu de pèlerinage pour des milliers de Maliens en quête de quelques litres d'essence, symbole d'une survie économique minimale. Les scènes décrites, l'afflux massif de bidons, les interminables files d'attente, témoignent de l'urgence absolue qui frappe les populations.

L'acte du Préfet: un remède pire que le mal ?
L'intervention du Préfet de Siguiri, interdisant la vente de carburant dans les bidons et ordonnant la destruction de ceux-ci, est une mesure radicale, souvent motivée par la nécessité de:
● Contrôler la spéculation et le marché noir, où les prix s'envolent, comme en témoignent les prix exorbitants parfois rapportés.
● Gérer la sécurité et l'ordre public face à l'énormité des files d'attente et la tension sociale.
● Limiter la fuite de carburant vers le pays voisin (le Mali), pour préserver les stocks locaux.
Cependant, pour le Malien contraint de faire le voyage, cette décision est un coup de massue. Elle annihile l'effort, la dépense et le risque encourus, rappelant de manière douloureuse que dans cette crise, la nécessité des uns se heurte parfois aux impératifs administratifs des autres. C'est le petit commerce, l'artisanat, l'agriculture locale qui perdent leur unique source d'énergie, sacrifiés sur l'autel d'une lutte contre le marché parallèle.

Le cynisme de la menace: l'approvisionnement des terroristes
Si la population peine à s'approvisionner légalement, l'information selon laquelle des Groupes terroristes armés (GAT) traversent la frontière mauritanienne avec des dizaines de motos-tricycles chargées de bidons de carburant révèle un double standard insupportable:
● L'inefficacité des contrôles: Comment, alors que les civils sont soumis à des restrictions drastiques et à des destructions de biens, des groupes notoirement dangereux parviennent-ils à s'approvisionner massivement et ouvertement ? Cela met en lumière de graves lacunes dans la surveillance des frontières et soulève la question d'une possible passivité, voire complicité, dans certaines zones.
● Un carburant de guerre: Le carburant n'est pas pour ces groupes un simple produit de consommation, mais un outil logistique essentiel à leurs opérations: déplacements rapides, ravitaillement de bases isolées, transport d'armes et d'explosifs. Faciliter ou ne pas empêcher cet approvisionnement revient indirectement à alimenter le conflit et à prolonger le blocus qui affame le Mali.
● La trahison de l'esprit de solidarité: Si cette information est avérée, elle pose la question de la solidarité régionale. Le carburant qui est refusé au citoyen lambda au nom de l'ordre est-il généreusement offert ou toléré pour ceux qui déstabilisent l'ensemble de la sous-région ?

3. Analyse et perspectives: un nœud sécuritaire et humain
Cette situation est un microcosme de la crise multidimensionnelle que traverse le Mali et le Sahel.
● L'érosion de la confiance: De telles informations ne peuvent qu'accentuer le sentiment d'abandon et d'injustice au sein de la population malienne. Elles renforcent la perception d'une autorité qui est impuissante face aux menaces réelles, mais prompte à frapper les plus vulnérables.
● L'urgence d'une coordination régionale: La lutte contre le terrorisme et ses réseaux logistiques d'approvisionnement ne peut se faire sans une collaboration transfrontalière rigoureuse et transparente. Les mesures administratives doivent être coordonnées pour ne pas pénaliser les populations amies tout en coupant efficacement les vivres aux ennemis.
L'histoire du carburant malien est celle d'un peuple pris entre le marteau des blocus djihadistes et l'enclume de mesures frontalières qui, faute de discernement, les frappent durement.
La véritable reconnaissance des «amis» résidera dans la capacité des États voisins à faire preuve de discernement et de solidarité concrète, en tarissant les sources d'approvisionnement des groupes armés sans sacrifier la survie du citoyen Malien. C'est l'essence même de la paix qui est en jeu.
A.K DRAMÉ


Commentaires