«C’est par le rassemblement qu’un peuple éprouvé révèle sa grandeur et sa capacité à relever les défis ».
Une conviction que partage, pour la énième fois, Me Mountaga Tall dans son «Appel à la raison et à la responsabilité collective». Homme de droit connu pour sa rigueur professionnelle et la pertinence de ses analyses, l’avocat invite en effet ses concitoyens « à la lucidité, à l’ouverture et au rassemblement ….Au-delà des affirmations, des accusations, des dénégations ou des explications, il est indéniable que le Mali traverse aujourd’hui des moments difficiles, à bien des égards inédits. Les Maliens souffrent, et se taire face à cette réalité reviendrait à cautionner l’insupportable, voire à faire preuve d’irresponsabilité».
Selon Me Tall, « la lucidité exige de regarder la réalité en face… de saluer la résilience admirable de nos compatriotes. Mais il faut aussi reconnaître qu’une interminable résilience peut se transformer en résignation, laquelle peut ouvrir la voie à la révolte qui peut conduire à la répression. Ayons pleinement conscience de ce risque et veillons à le conjurer !».
Ce diagnostic est naturellement suivi d’une proposition visant à guérir le grand corps malade qu’est devenu notre pays. C’est d’abord l’ouverture qu’il suggère aux autorités actuelles. Elle n’exclut pas, explique-t-il, le dialogue avec ceux de nos compatriotes qui ont pris les armes, afin de mettre un terme au bain de sang que nous subissons. « Convainquons-nous que dialoguer, négocier, ne signifie en aucun cas capituler !»
C’est ensuite le rassemblement des Maliennes et des Maliens, un impératif dont il livre les grandes lignes, à savoir : « assurer la cohésion au sein de l’institution militaire ; permettre à la société civile d’exercer librement son rôle de sentinelle ; prendre des mesures concrètes et visibles contre la vie chère, les coupures de courant, la pénurie de carburant, le chômage notamment des jeunes ; restaurer les partis politiques, et œuvrer de façon consensuelle à leur rationalisation et à leur moralisation tels que demandées par les Assises nationales de la Refondation (ANR) ; libérer les détenus dont la privation de liberté ne repose que sur l’expression d’opinions, de points de vue ou d’autres propos qui leur sont attribués ; et favoriser le retour des exilés qui ne font pas l’objet de poursuites judiciaires et donner des garanties d’une justice impartiale à ceux qui sont poursuivis ».
Comme quoi les crises dont nous souffrons ont d’autres solutions qui peuvent être explorées à côté de celles privilégiées par les autorités, si difficiles voire douloureuses soient-elles. Le Mali dispose aussi de ressources nécessaires pour les porter !
Le célèbre avocat prêche-t-il dans le désert ? Son «Appel à la raison et à la responsabilité collective» sera-t-il entendu ? Le moins que l’on constate est qu’il n’est pas seul à défendre de telle conviction au sein de l’opinion publique malienne. De plus en plus de voix se font entendre à cette fin.