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Le 10 novembre 2020 nous quittait ATT : Les bienfaits d’un Homme de Dieu d’ici-bas à l’au-delà !
Publié le samedi 22 novembre 2025  |  Aujourd`hui
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AMO et Logements Sociaux : l'héritage Ce qu'il a laissé pour la postérité et dont les Maliens sont en train de jouir aujourd'hui
Nul être vivant, à fortiori humain, n'est éternel ! En témoigne la mort du Prophète Mohamed (PSL), le Messager d'Allah. De ce principe infaillible, Amadou Toumani Touré ne pouvait en être l'exception que Dieu le rappela à lui un mardi 10 novembre 2020. Donc, cinq (5) longues et douloureuses années pour les siens, pour la nation malienne et pour l'Afrique entière qui seront bouclées lundi prochain. En cette circonstance, l'homme qui a présidé aux destinées du Mali de 1991 à 1992 puis de 2002 à 2012 reviendra dans les esprits et dans la mémoire collective pour rappeler ce bâtisseur et démocrate sincère qu'il fut. Pour chaque entité (parents, amis, anciens collaborateurs, compagnons politiques qui se réclamaient de lui) cette date est marquée d'une pierre noire dans l'agenda de l'histoire politique contemporaine du Mali. Pour notre part, nous avons décidé d'immortaliser l'Homme à travers un rappel annuel dans nos colonnes de sa personne et de sa personnalité, et de l'héritage qu'il a laissé pour la postérité et dont les Maliens sont en train de jouir aujourd'hui. Vous avez parlé de l'Amo ? Livres religieux


Je ne suis pas venu pour le pouvoir, mais pour le Mali". L'opinion nationale et internationale se rappelle encore cette citation du président Amadou Toumani Touré à qui les faits vécus et vérifiables ont donné raison tout au long de son règne. Homme discret, pacifique et consensuel, ATT a marqué le Mali par son sens du dialogue. Certes, ses détracteurs lui reprochaient parfois un excès de compromis et un manque de fermeté face à la crise sécuritaire qui a caractérisé la fin de son double mandat, mais, pour la majorité des Maliens, ATT symbolisait la stabilité, la paix et la dignité nationale.

La triste nouvelle d'Istanbul !

Mardi 10 novembre 2020, peu après la prière du Fajr (5 h 30-6 h), la nation malienne se réveillait avec la triste nouvelle du décès, à Istanbul, en Turquie, de son ancien président, Amadou Toumani Touré dit ATT, six jours après son 72e anniversaire de naissance et moins de deux mois après le décès, le 15 septembre, du deuxième président du Mali, le général Moussa Traoré.

Deuil, tristesse, compassion et signature du livre de condoléances au plan national, messages de condoléances à l'échelle mondiale. Le ballet au domicile du défunt aura duré une semaine au bout de laquelle le Mali tout entier dit adieu à ATT à travers des obsèques nationales organisées le mardi 17 novembre 2020 à la Base A du Génie militaire. Le président de la Transition de l'époque, Bah N'Daw, et le vice-président de l'époque, le général d'armée Assimi Goïta, ainsi que deux anciens chefs d'Etat Alpha Oumar Konaré et Dioncounda Traoré étaient là pour rehausser l'image des funérailles aux côtés de Mme Touré Lobbo Traoré, veuve de l'illustre disparu.


Lecture de l'oraison funèbre, présentation des condoléances du chef de l'Etat, Bah N'Daw, par le Grand chancelier des Ordres nationaux, le général Amadou Sagafourou Guèye, défilés des troupes terrestres, témoignage de la famille du défunt et prière funéraire ont meublé le déroulement de la triste cérémonie. Amadou Toumani Touré repose désormais au cimetière d'Hamdallaye.

Sans doute que lundi prochain, 10 novembre 2025, 5è anniversaire de la disparition d'ATT, sa famille voudra sacrifier au rituel par une séance de lecture du Coran au domicile du défunt. Pourquoi pas d'autres activités à caractère social, humanitaire ou d'intérêt public ?

De l'écolier au commando para

Amadou Toumani Touré est né le 4 novembre 1948 à Mopti où il grandit dans le quartier Wayinkoré. Il confie aux biographes qu'il garde de la Venise malienne le souvenir de tous ces petits métiers auxquels il s'adonnait : couture, élevage, pêche au filet et à la ligne, labour, négoce et football.

Il fit son cycle fondamental à Mopti, Tombouctou, Bandiagara ; poursuit ses études à l'Ecole normale secondaire de Badalabougou (EN Sec), à Bamako, d'où il décroche, en 1969, son diplôme en lettres-histoire et géographie. Un cursus qui le mène tout droit à la profession d'enseignant à l'instar de beaucoup de ses camarades de promotion devenus plus tard professeurs d'enseignement supérieur.


Coup du destin : la même année, sa carrière professionnelle va connaître un virage à 90° vers le métier des armes. En effet, admis au recrutement pour l'Ecole militaire interarmes (Emia) de Kati, le nouvel élève officier de l'Emia de Kati commence aussitôt sa formation en 1969. Il sort en 1972 avec le grade de sous-lieutenant.

Avide de connaissances, il suivra toute une série d'études et de formations durant sa carrière. Notamment à l'Ecole supérieure des troupes aéroportées à Riazan en URSS (1974-1975), au Centre national d'entraînement commando (Cnec) à Mont Louis en France (1978), à l'Ecole supérieure de guerre interarmes (17e promotion) à Paris en France (1989-1990) et au Cours supérieur interarmes (42e promotion) à Paris en France (1990).

De toutes ces étapes, Amadou Toumani Touré aimait laisser entendre qu'il garde des souvenirs mémorables de son séjour à Riazan qui fut une étape importante dans sa formation militaire. Car, c'est une des plus grandes écoles de parachutisme au monde, d'où sont sortis le général Lebed, et, la plupart des généraux soviétiques sont des produits de Riazan. ATT y a fait un cours supérieur de commandant de compagnie, de chef de bataillon et de saut en parachute.

Au titre des promotions en grades, après celui de sous-lieutenant, Amadou Toumani Touré est successivement promu lieutenant le 1er octobre 1974, capitaine le 1er octobre 1978, chef de bataillon le 1er janvier 1984, lieutenant-colonel le 1er octobre 1988, général de brigade le 8 juin 1992, et général d'armée le 1er octobre 1996.


Il est nommé commandant de la Garde présidentielle, du 28 avril 1981 au 30 mars 1984. Le commandement du bataillon des paras commandos lui est confié par deux fois, en janvier 1984, puis le 14 mars 1991. Une douzaine de jours plus tard, le 26 mars, lui et ses compagnons déposent le général Moussa Traoré, en proie à une révolution populaire déclenchée depuis fin 1990.

Venu au pouvoir afin d'instaurer un régime démocratique, ATT a-t-il réussi ? Nous le verrons plus bas.

Parfaite transition démocratique

Le premier contact d'ATT avec le pouvoir suprême date, comme signalé plus haut, date du 26 mars 1991 avec la déposition du général Moussa Traoré, acte qui parachevait une révolution déclenchée par les associations du Mouvement démocratique. Désigné président du Comité de réconciliation nationale - CRN - (26 mars) et du Comité de transition pour le salut du peuple - CTSP - (29 mars), Amadou Toumani Touré conduit la Transition malienne jusqu'au 8 juin 1992.


Cette période a été d'abord marquée par la tenue, du 29 juillet au 12 août 1991, de la Conférence nationale qui produira la Constitution du 25 février 1992, le code électoral, la charte des partis, l'Etat de la nation.


Ensuite, le calendrier des échéances électorales pour la mise en place des institutions de la IIIe République a été respecté comme arrêté : le 12 janvier 1992, référendum constitutionnel ; le 19 janvier 1992, élections municipales ; le 23 février 1992 et le 8 mars 1992, 1er et 2e tours des élections législatives ; et les 12 et 26 avril 1992, 1er et 2e tours de l'élection présidentielle.

Enfin, la signature, le 11 avril 1992 à Bamako, du Pacte national, consacrant le règlement du conflit du Nord du Mali (déclenché en juin 1990), occupe une place de choix parmi les acquis de la Transition de 1991, au terme de laquelle le chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré, remet le pouvoir aux civils, précisément à Alpha Oumar Konaré, conformément à ses engagements pris le 26 mars 1991.

Dix ans au service de l'Afrique, élu démocratiquement !

Après une dizaine d'années (1992-2001) passées à lutter contre la dracunculose (ver de Guinée) au Mali et à sillonner l'Afrique à la recherche de la paix, Amadou Toumani Touré se lance dans la politique pour briguer la magistrature suprême.

Le 1er septembre 2001, il demande une mise en retraite anticipée de l'armée pour se lancer dans la politique. Candidat indépendant, il déclare sa candidature le 10 mars 2002 à Sikasso et il est élu président de la République le 24 mai 2002, avec 64,35 % des voix au second tour, pour un premier mandat de cinq ans. Il est investi le 8 juin.

Amadou Toumani Touré est réélu dès le 1er tour le 29 avril 2007 avec 71,20 % pour un second mandat de cinq. Investiture le 8 juin. C'est dans sa vie d'homme politique que le président Amadou Toumani Touré a le plus étonné, avec ses idées, ses concepts, ses méthodes et, bien sûr, ses réalisations. Enumérer les réalisations du président Touré relève de la gageure, mais durant ses mandats, le quatrième président du Mali a posé des actes forts dont certains méritent une attention de nos fidèles lecteurs.


Ce qu'ATT a réalisé

Les fins observateurs et experts politiques et économiques le témoignent sans sourciller : ce que ATT a fait en dix ans dépasse largement les réalisations cumulées des quarante (40) ans précédents son règne, donc de 1960 à 2002. Cela veut tout dire.

Tout d'abord, nous retenons d'Amadou Toumani Touré qu'il est le père de l'Assurance maladie obligatoire. Si nous plaçons l'Amo en tête des acquis d'ATT, c'est parce que lui-même confiait à qui voulait l'entendre que ce régime était sa plus grande satisfaction. Le consensus politique, la consolidation de la démocratie avec l'engagement des réformes institutionnelles, le respect des libertés individuelles, la gestion pacifique de la crise du Nord, etc. sont autant d'actes politiques qui ont été très déterminants dans la vie de la nation, la paix et la quiétude sociales au Mali sous ATT.

L'un des plus grands acquis des mandats du président de la République Amadou Toumani Touré, c'est, sans doute, sa méthode atypique de gestion politique du pouvoir ; une méthode qui a permis au peuple malien de retrouver son unité et sa cohésion interne indispensables pour pouvoir faire face aux défis du développement.

Arrivé au pouvoir sous couverture de parti, Amadou Toumani Touré a été d'emblée inspiré de "partager le pouvoir" dans un cadre de gestion concertée et consensuelle, c'est-à-dire impliquer toutes les sensibilités aux affaires. Son slogan de campagne de 2002 : "Retrouvons ce qui nous unit" a profondément touché le peuple malien, qui l'a élu sur la base de ce message. Une fois élu, le président de la République a mis en pratique cette vision qui lui a permis de réunir, autour de sa personne et de son projet, toutes les composantes et forces politiques et sociales que comptait le Mali. Il a fait en sorte que chaque Malien se sente citoyen à part entière, avec les mêmes droits et obligations. Il a mis autour d'une même table, autour de sa personne, des hommes et des formations politiques qui, quelques mois seulement avant son élection, ne parlaient pas le même langage. Dans la gestion de la crise du Nord, le président ATT a toujours mis en avant le dialogue, parce qu'étant un général d'armée, rompu au métier de la guerre, il connaissait plus que quiconque les conséquences (sociales, militaires, économiques…) de la gestion d'un conflit déjà enclenché. Il fallait donc, coûte que coûte, éviter d'entraîner le Mali dans un engrenage. Aujourd'hui, plus que jamais, nous sommes dans cet engrenage. La guerre contre le terrorisme ne finit…jamais.

Durant ses dix ans de règne démocratique, ATT a posé d'autres actes et actions qui marquent encore la vie nationale. La création, le 25 août 2003, du Bureau du Vérificateur général, modèle canadien, est l'un de ceux-ci. Aussitôt intronisé, ATT a initié le Programme des logements sociaux afin de permettre aux Maliens aux revenus faibles d'avoir leur propre toit. Les 1008 logements, inaugurés en 2004, ont donné le ton à ce vaste concept qui se poursuit. La dernière attribution concerne la 2è tranche de 1992 logements du programme des 12556 logements. Le 4 décembre 2005, la Loi d'orientation agricole (LOA) est lancée par ATT.

Le 6 février 2010, Amadou Toumani Touré procède au lancement des travaux du barrage de Taoussa d'un coût global de 130 milliards de F CFA. 139 000 hectares de périmètres agricoles devaient être aménagés en vue d'augmenter les revenus des populations, et d'assurer l'autosuffisance et la sécurité alimentaires.

Le 25 octobre 2010, ATT lance les travaux de construction de l'autoroute Bamako-Ségou d'un coût global de 182 milliards de F CFA. Ces deux projets constituent les plus importants jamais réalisés dans les secteurs agricole et routier au Mali.

Citons également l'Echangeur multiple de Bamako, le Pont de l'Amitié Mali-Chine ou 3e Pont de Bamako et la réalisation de plusieurs routes, ponts et chaussées à l'intérieur du pays.

Enfin, au lendemain du coup d'Etat de mars 2012 qui l'a renversé, sa démission de ses fonctions de président de la République pour permettre le retour à l'ordre constitutionnel exigé par la Cédéao fut un acte fort ! "Mon devoir, comme je l'ai dit lorsque je m'impliquais il y a vingt-deux ans, jeune officier, c'est le Mali que je voulais aider. En me présentant en 2002, comme candidat à l'élection présidentielle, c'est encore le Mali qui a inspiré ma décision. Je pensais que la petite expérience que j'ai vécue pouvait aider à soutenir ce pays.

Dans le cadre de la recherche de solution, je pense que la décision prise par la Cédéao et la communauté internationale est la meilleure. J'ai décidé de vous remettre ma lettre de démission, que vous allez remettre aux autorités compétentes pour permettre l'exercice plein et entier des dispositions de notre article 36. Il faut que le Mali reste dans les dispositions de sa Constitution de février 1992. Je pense que c'est tout à fait normal, je le fais sans pression, (…) de bonne foi (…), surtout pour l'amour que j'ai pour ce pays", avait écrit ATT, le démocrate, pour marquer la fin de son ère et faire ses adieux aux Maliens.

Que conclure ?

Après avoir passé 11 ans à la tête du Mali, soit 132 mois ou encore 528 semaines, en qualité de chef d'Etat (26 mars 1991-8 juin 1992), puis de président de la République du Mali (8 juin 2002-8 avril 2012), Amadou Toumani Touré fut ce grand Homme d'Etat inoubliable et qui restera à jamais gravé dans la mémoire et le cœur de ses compatriotes. Les raisons ? La gestion imprimée au pouvoir, le modèle de gestion politique conçu et imposé, les actes posés qui ont impacté la vie des populations, les acquis de tous genres légués à la postérité. Autres atouts favorables : son sens du patriotisme, sa gestion concertée du pouvoir et sa gestion pacifique des conflits, mais aussi et surtout, la recherche perpétuelle de la paix par le dialogue, le compromis, les concessions et tous moyens pacifiques.

La Transition démocratique malienne est indissociable de la vie d'ATT, mais l'enfant de Mopti fut aussi un vaillant soldat, un humaniste, un médiateur et un politique qui a fait ses preuves dans la gestion des affaires de l'Etat !

El Hadj A.B.HAIDARA

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