« Maliens et Citoyens du monde libre, vous aurez sur la conscience votre indifférence face à notre malheur. Pour terminer, je crie haut et fort que, de la fierté maladive que j’avais d’être malien, il ne reste plus rien. Au contraire, aujourd’hui, j’ai honte d’être Malien ».
L’auteur de cette lettre poignante (publiée par notre confrère Le 26 mars) n’est pas seul à connaître ce sentiment. Car la souveraineté nationale est abandonnée aux jihadistes et aux indépendantistes, des régions entières subissent le manque, la faim, la maladie, le viol et l’acculturation.
Et hors de nos frontières dictées par l’envahisseur, notre diaspora, jadis vocale, cache son passeport et rase les murs. Le fier pays d’antan concentrant trop de mauvaises choses à la fois : extrémisme religieux et narcotrafic, désertions et spoliation territoriale, viols et flagellations publiques, dénis de démocratie et démocratismes incohérents, coup d’état et tabassage de président.
Même des Etats connus pour leur tiédeur démocratique et des présidents peu fréquentables n’hésitent pas à exploiter la « une » planétaire qu’est devenu notre pays pour éviter de s’étendre sur les plaies de leurs propres pays. Jamais, nous n’avons été autant sur les bandes passantes et les manchettes de presse. Pas parce que nous avons encore gagné le « Grammy awards » comme nos artistes nous y ont maintenant habitué mais pour les scènes de démolition de mausolées ou de tortures de prisonniers passées en boucle ou postées sur you-tube.
Sans bonne foi, sans volonté réelle de dialogue et de consensus et sans le respect de nos engagements, y compris internationaux, nous n’aurons de cesse de défiler entre Yamoussokoro, New-York et Ouaga. C’est une honte mais une honte bien moins grande que celle que les marcheurs d’hier, en réclamant des armes pour aller se battre au Nord infligent à toute République décente. Nous devons rapatrier le Mali. Nous devons réparer le Mali. Nous devons servir le Mali. Au lieu de le desservir.