Le représentant du Mali aux Nations Unies, Issa Konfourou, agissant au nom des gouvernements de la Confédération des Etats du Sahel AES, a sollicité la Communauté Internationale pour une solidarité plus efficiente afin de lutter contre le terrorisme. Si ce cri de cœur a stupéfait plus d’un observateur eu égard à la posture souverainiste des autorités de l’AES, il semble satisfaire une frange importante de l’opinion qui s’inquiète de la tournure que prend la crise sécuritaire et surtout ses conséquences à court, moyen et long terme sur les peuples et même sur les pays de l’AES. Cette demande de solidarité des gouvernements de l’AES à l’endroit de la Communauté internationale est-elle un aveu d’échec, deux ans seulement après que le Mali ait éconduit la MINUSMA et les forces Barkhanes à la porte et un an après que les Etats de l’AES se soient retirés de la CEDEAO ? Les éléments de réponse se trouvent dans la question, car la Communauté internationale a, sans ambages, ni détour renvoyé les pays de l’AES vers les organisations sous régionale et régionale comme la CEDEAO et l’Union Africaine afin que ces structures sollicitent la communauté internationale pour éventuellement un soutien aux pays de l’AES.
L’histoire vient encore de donner raison à ceux qui avaient tiré la sonnette d’alarme quand les gouvernements de transition de la Confédération de l’AES prenaient la décision, au nom d’un certain souverainisme, de se retirer des organisations sous régionales et régionales. Ces décisions, faudrait-il le rappeler, au-delà du fait qu’elles souffraient d’un déficit de légitimité et surtout de légalité, n’avaient nullement pour dessein de trouver des solutions idoines aux différentes crises qui ont pignon sur rue dans les pays du sahel, mais d’échapper aux lois et princes auxquels les Etats membres de ces organisations ont souverainement souscrits. Le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO n’avait d’autre but que de conserver le pouvoir. Sinon comment comprendre qu’à partir du moment où la création de l’AES n’était ni antonymique encore moins une violation des principes des autres organisations, pourquoi les quitter alors qu’elles pourraient être d’un apport précieux dans le combat contre le terrorisme ? Aujourd’hui, Isolés diplomatiquement, essoufflés économiquement, trimballés dans un conflit armé sans fin, acculés socialement, les Etats de l’AES ne semblent avoir qu’une seule marge de manœuvre, celle de la Communauté internationale pour lutter contre les terroristes et du coup éviter un effondrement de ces trois Etats dont les destins sont désormais liés. En effet, le salut des Etats du sahel, en proie au terrorisme, ne pourra venir que d’une synergie d’actions du monde entier, car cet hydre ne connait ni limite géographique, ni race encore moins nation, il n’est mu que par la seule volonté, celle de terroriser. Qu’il soit dit en passant, les pays de l’AES doivent comprendre qu’ il n y a aucune honte à solliciter la Communauté internationale à laquelle d’ailleurs le Mali, le Burkina Faso et le Niger appartiennent . Il n y a aucune gêne à reconnaitre ses limites dans la lutte contre le terrorisme, surtout quand on sait que les deux premières puissances militaires au monde, en l’occurrence les Etats Unis et la Fédération de Russie ont échoué en Afghanistan, en Syrie et même en Libye. Quid de nos armées formées pour la guerre conventionnelle ? La demande de solidarité de l’AES, adressée à la Communauté internationale, bien que tardive, car le mal est sur le point de se métastaser, est tout de même salutaire.
En somme, que l’on sollicite aujourd’hui la communauté internationale afin qu’elle vole au secours des Etats du Sahel n’est ni rabaissant encore moyen humiliant pour ces pays plus vastes et moins dotés de moyens matériels, de ressources humaines à hauteur de souhait et de mission pour les sécuriser. Les peuples de l’AES fatigués d’endurer les pires sévices moraux et physiques, ayant perdu beaucoup de leurs et ne sachant plus à quel saint se vouer tant la crise sécuritaire perdure, trouvent en cette initiative, en cet appel à la solidarité un véritable tremplin pour sortir de la gravissime crise qui secoue le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Youssouf Sissoko
……………………………………………………………………………………………………………………………………………