Finies les bousculades et échauffourées sur les aires de distribution, après de nombreuses semaines de calvaire vécu par les Maliens avec des fortunes diverses.
Des pénibles nuits blanches dans les longues files d’attente, le plein d’essence s’obtient désormais sans la surenchère imposée par le marché parallèle des spéculateurs et sans leurs subterfuges et acrobaties pour déjouer les mesures de rationnement du précieux sésame. Grâce à la disponibilité du carburant dans le maximum de points de vente, le défi de la distribution a pu être relevé en l’affranchissant de la rétention des stocks ainsi que de l’exclusivité commerciale que s’arrogeaient les plus gros importateurs d’hydrocarbures. Leur protocole d’accord passé avec les autorités est passé par-là : il leur impose une diligence dans les procédures de dédouanement qui n’autorise plus le régime de restriction de la vente à une minorité de stations - service.
À la levée des obstacles à la distribution s’est associée une entrée des convois de citerne à un rythme assez soutenu pour atténuer la crise, à défaut de juguler définitivement un déficit de carburant visiblement accentué par l’assèchement des stocks de sécurité. Et qui persiste, au demeurant, par une pénurie du diesel qui en rajouter aux interrogations et incertitudes sur la durabilité du retour de l’abondance. La crise du carburant est-elle définitivement résorbée, en effet ? Une brûlante question sur laquelle la retenue des autorités contraste avec la posture jubilatoire de rabatteurs prompts à associer la disponibilité de la précieuse denrée à la seule prouesse d’escortes militaires onéreuse et manifestement impossibles à éterniser sur le corridor d’approvisionnement pour la protection des convois de camions-citernes.
Qu’il résulte de dissuasion par la force ou de deal discret avec les acteurs du blocus, la crise finissante continue de résonner par le traumatisme, la psychose et la hantise d’une réplique. Le phénomène se manifeste par les affluences spontanées d’usagers dans les stations-service et découvre visiblement de leur tendance à ne plus se laisser surprendre par un assèchement total des réservoirs. À la crise de carburant pourrait donc succéder une crise de panier de la ménagère avec le réflexe de consacrer toutes les économies au plein de carburant.