La bonne nouvelle est tombée le 1er décembre 2025 lors de la remise au Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, du rapport de fin des travaux de la commission de négociation et de renégociation avec les sociétés minières.
Selon la page facebook de la Présidence, Mamou Touré, expert et membre de la commission de négociation et de renégociation «a cité le recouvrement de 761 milliards FCFA sur un objectif de 400 milliards FCFA, et l’assujettissement de toutes les sociétés minières au Code minier de 2023, augmentant ainsi les recettes publiques de 585,7 milliards FCFA par an pour les sociétés auditées».
Cette remise de rapport intervient, une semaine après l’annonce de la signature d’un accord entre le Gouvernement du Mali et Barrick Gold autour du contentieux qui les opposait depuis presque deux ans. Elle a lieu aussi après la mission virtuelle relative à la première revue du Programme de référence avec le Mali, effectuée du 10 au 21 novembre 2025, par une équipe du Fonds monétaire international (Fmi) conduite par Mme Wenjie Chen. Dans son communiqué de presse n°25/389, le FMI a identifié la baisse de la production d'or parmi les risques élevés qui ont pesé sur l'économie malienne.
En deux ans, le Gouvernement a pu recouvrer des fonds supplémentaires de 761 milliards auprès de certaines sociétés minières. Une importante bouffée d’oxygène dans une conjoncture éprouvante où le gouvernement se voit contraint d’emprunter sur le marché sous-régional. La prouesse est à saluer, assurément !
Toutefois, la redevabilité, socle de la refondation de l’Etat, exige des autorités de la Transition de rendre compte, aux braves populations résilientes, de l’utilisation des recettes supplémentaires recouvrées auprès des sociétés minières. La vision des plus hautes autorités de la Transition, à travers le Code minier de 2023 et la Loi sur le contenu local, à savoir que les richesses de notre sous-sol profitent davantage au Mali, ne rime pas avec l’opacité dans la gestion des ressources provenant de l’exploitation minière.
C’est pourquoi les actions en cours pour mettre au pas les sociétés minières ne sauraient occulter les réponses à fournir à certaines interrogations. A quoi ont servi les 761 milliards supplémentaires annoncés ? Figurent-ils dans les budgets d’Etat comme les autres recettes ? Ont-ils été investis dans la réalisation des infrastructures éducatives ? Sanitaires ? Ont-ils contribué au financement de l’effort de guerre ? Les sommes annoncées en termes de gain compensent-elles les pertes des recettes minières en 2024 et 2025 ? Etc.
Au-delà de l'euphorie suscitée par l'annonce de cette manne financière, qui devrait profiter au Mali et aux Maliens en principe, une situation demeure préoccupante : l'impact négatif de l'activité minière sur notre environnement. Car si l’activité minière peut beaucoup apporter aux Maliens, elle les tue en détruisant leur écosystème. Les drames environnementaux liés à l'activité aurifère ont pour noms la déforestation, la dégradation des terres, l'érosion et la pollution de l'eau…conséquences directes de l'orpaillage et de l'exploitation minière. Les autorités ne seraient-elles bien inspirées de mettre en place une Commission ad hoc d'experts pour élaborer un rapport sur le drame causé par l'exploitation sauvage des ressources minières sur notre écosystème ?
La question interpelle autant le ministre en charge du secteur minier et celui de l'environnement, que le coordinateur de l'action gouvernementale non moins administrateur du territoire, ainsi que le Général de division Assimi Goïta.