Dans une interview accordée à notre confrère ‘‘Le Sphinx’’, le capitaine Drissa Coulibaly, ex –proche du chef des putschistes, décrit par le menu détail, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions mystérieuses de soldats au camp Soundiata de Kati.
Dans cette interview, publiée le 25 octobre dernier, tout y passe : l’exécution des ‘‘béret rouges’’ et le transfert de leurs corps dans des puits à Kati –Sananfara, la disparition mystérieuse du colonel Youssouf Traoré, ex –numéro 4 de la junte militaire, la mort de Lassine Keïta dit ‘‘Rougeot’’, de l’adjudant –chef Dramane Sissoko, chef de la sécurité du général Sanogo…
Selon le capitaine Coulibaly, toutes ces exécutions auraient été opérées sur ordre du chef des putschistes. Lisez plutôt !
Le témoignage du capitaine Drissa Coulibaly lève, du moins s’il est vérifié, un coin du voile sur toutes les atrocités commises à l’ex-quartier général des putschistes ; mais aussi, sur le ‘‘deal’’ qui liait le chef des putschistes au président de la République par intérim d’alors : Pr Dioncounda Traoré.
Deal : la sécurité de Dioncounda contre le grade de général d’armée, à la fin de la transition
A en croire le capitaine Drissa Coulibaly, la nomination ‘‘supersonique’’ du capitaine Amadou Haya Sanogo au grade de général quatre étoiles, par Dioncounda Traoré, président de la République par l’intérim, procède d’un ‘‘deal’’ entre les deux hommes.
C’est, indique t-il, dans l’euphorie des manifestations du 9 janvier 2013 qui devraient se solder par un second coup d’Etat, que Pr Dioncounda Traoré serait allé voir le chef des putschistes pour un ‘‘deal’’.
« Lors des mouvements à Bamako, mouvements auxquels Haya n’était pas étranger, Dioncounda est allé se confier à lui (à Haya). Ce dernier s’est alors engagé à garantir sa sécurité jusqu’à la fin de son mandat, mais à condition qu’avant son départ, Dioncounda le nomme général 4 étoiles », précise le capitaine Coulibaly. Avant d’ajouter : « Bien entendu, il s’agissait d’un deal… En réponse, Dioncounda lui a promis de lui offrir le grade de général en récompense ». Ce qui a été fait. A la surprise générale.
L’exécution sauvage des ‘‘bérets rouges’’
Autre témoignage, pour le moins accablant, pour l’ex-chef des putschistes : l’exécution des ‘ ‘bérets rouges’’, arrêtés à l’issue de ce que d’aucuns ont appelé le « contre –coup d’Etat » du 30 avril 2013.
« C’est le lieutenant Seyba Diarra, l’adjudant chef Samba Sangaré, Coulibaly et Famakan Keïta, tous membres du CNDRE, qui ont exécuté les bérets rouges », poursuit le capitaine Drissa Coulibaly. Avant, dit –il, de balancer leurs corps dans des puits à Kati.
Parmi ces puits, il cite celui du domicile de Mme Zakyatou Walet, ex-ministre de l’Artisanat et du Tourisme, à Kati –Sananfara.
« Il y a des puits, dans cette maison, remplis de cadavres », rassure t –il.
S’y ajoutent les récentes exécutions de militaires, à l’issue de la mutinerie de 30 septembre dernier.
Des cadavres frais dans le placard de l’ex-junte militaire
A la faveur de la mutinerie du 30 septembre, plusieurs autres soldats sont passés de vie à trépas. Notamment, l’adjudant –chef Dramane Sissoko, chef de la sécurité du général Sanogo ; colonel Youssouf Traoré, ex –numéro 4 de la junte militaire ; Lassine Keïta dit ‘‘Rougeot’’, homme de main du chef de la junte…
La liste est loin d’être exhaustive.
« Toutes ces morts sont l’œuvre du général Haya et de ses hommes », confesse capitaine Drissa Coulibaly.
Aussi, il se dit prêt à témoigner contre ‘ ‘l’ex-homme fort de Kati’’, preuves à l’appui.
Car, pour le capitaine Drissa Coulibaly, le général Amadou Haya Sanogo doit répondre de ses actes, devant les juridictions nationales et internationales.
« Il faut que Haya soit arrêté et jugé ! », conclut –il.
Oumar Babi