Dès sa prise de pouvoir, le 22 mars 2012, l’ex-capitaine Amadou Sanogo reçoit du monde. Hommes d’affaires, hommes politiques, aven-turiers de tout acabit. Parmi eux, certains s’autoproclament < conseil-lers spéciaux». L’un de ces conseillers spéciaux est sur le point de convaincre le chef de la junte que les médias étrangers accablent son régime, avec la complicité des correspondants sur place de ces organes d’information. Branle-bas de combat! Amadou Sanogo entre dans une colère froide. Plusieurs plans se dessinent. Dans l’entourage du chef de la junte, une dame demande l’expulsion du Mali de tous les cor-respondants des médias français. «Et si les correspondants des médias français sont de nationalité malienne?>>> interroge un officier. Réponse de la plus zélée du groupe des officiers: «Pour les correspondants de nationalité malienne, il faut leur retirer leur accréditation, tout simplement».
Le chef de la junte hésite à franchir le Rubicon. Il est néanmoins gonflé à bloc par une partie de son entourage, qui voit la main de la France derrière «cette vaste campagne d’intoxication». Tiraillé, mais un moment décidé à «punir>> cette presse, le capitaine Amadou Sanogo se donne deux jours de réflexion. Le même jour, un journaliste français est molesté par un militaire vers le siège de la télévision malienne. Pure coïncidence?
Le capitaine Amadou Sanogo décroche son téléphone et appelle un professionnel malien des médias. «On me demande de couper le signal de Radio France Internationale (RFI) et de la télévision française France 24, qui racontent n’importe quoi sur le Mali. Et de renvoyer leurs correspondants au Mali. Si je fais ça, penses-tu que ça aurait de graves conséquences? demande le chef de la junte au journaliste malien. Ce dernier s’empresse de répondre: