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«Électricité au Mali: trois décisions majeures pour sortir enfin du cercle vicieux des délestages»
Publié le lundi 8 decembre 2025  |  L’Inter de Bamako
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© Autre presse par DR
Fourniture d`électricité : la Société Énergie du Mali-SA (EDM-SA) annonce des perturbations à Bamako, les raisons
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Introduction
Les Maliens vivent depuis des années au rythme des coupures de courant.
Les familles s’organisent autour des heures de délestage, les commerçants perdent des marchandises, les artisans voient leurs revenus diminuer, et les entreprises freinent leurs investissements.
Pourtant, la crise n’est pas une fatalité.
Le Mali peut en sortir en prenant trois (03) décisions responsables, simples dans leur logique, mais fortes dans leurs effets.

1. Miser sur le solaire à petite et moyenne échelle: rapide, simple, créateur d’emplois
Lorsqu’on parle de solaire, on pense souvent à de très grandes centrales, longues à construire.
Ici, le choix est différent:
le Mali veut se concentrer sur le solaire à petite et moyenne échelle( kits scolaires).
Concrètement, cela veut dire:
• des mini-parcs solaires près des villes,
• des toits solaires sur les bâtiments publics et privés avec des kits solaires faciles à installer et moins chers ;
• des centrales solaires de taille moyenne facilement raccordables au réseau.

Pourquoi ce choix ?
• Parce que c’est plus rapide: en 3 à 12 mois, certains sites peuvent déjà produire de l’électricité.
• Parce que c’est plus simple: moins de grands travaux, moins de lignes très longues à construire.
• Parce que c’est plus réaliste dans la situation actuelle du pays.
Mais surtout:
Ce type de solaire crée des milliers d’emplois et forme une nouvelle génération de techniciens maliens.
Avec 150 MW de solaire à petite et moyenne échelle, on peut:
• créer 2 500 à 3 500 emplois directs et indirects (installation, maintenance, transport, supervision),
• mettre en place des formations courtes (3 à 6 mois) pour les jeunes en électricité et en solaire,
• renforcer les compétences nationales dans un secteur d’avenir.
Pour éviter de dépendre d’un seul fournisseur (ce qui serait dangereux pour un secteur aussi stratégique ) le programme sera divisé en deux lots, attribués à au moins deux producteurs différents.
En plus:
• chaque MW de solaire permet d’économiser entre 1,3 et 1,7 milliard de F CFA de carburant par an,
• à terme, les 150 MW solaires peuvent économiser 40 à 50 milliards de F CFA par an.

2. Ajuster légèrement les tarifs pour ceux qui peuvent payer plus
Aujourd’hui, la Société Énergie du Mali (EDM-SA) vend l’électricité en dessous de son coût réel.
C’est comme si une boutique vendait constamment à perte: elle ne peut pas survivre. L’état du Mali dans sa situation actuelle ne doit pas continuer à subventionner l’électricité pour les riches.
La proposition est claire:
• ne pas toucher à la tranche sociale, qui protège les ménages les plus modestes,
• mais appliquer une hausse d’au moins 10% pour les autres tranches et les gros consommateurs (tous payent plus dans la situation actuelle avec le fonctionnement des groupes électrogènes).
Ce petit ajustement permettrait:
• d’apporter 18 à 25 milliards de F CFA de recettes supplémentaires par an,
• de réduire le déficit d’EDM,
• et, à terme, de mieux entretenir les installations pour diminuer les coupures.
Ce n’est pas une mesure de punition, mais une mesure de rationnelle et responsable:
On ne peut pas continuer à vendre l’électricité à perte en espérant que le système tienne.

3. Restructurer les 600 milliards de dette d’EDM pour repartir sur des bases saines
EDM traîne une dette d’environ 600 milliards de F CFA.
Tant que cette dette reste telle quelle, l’entreprise est étranglée et ne peut pas se redresser.
La solution est de:
• transférer cette dette à l’État,
• la refinancer sous forme d’un prêt à long terme auprès des bailleurs (25 à 30 ans, à taux très faible).
Résultat:
• au lieu de payer 50 à 60 milliards de F CFA par an,
• le service de la dette serait réduit à environ 10 à 12 milliards par an,
• ce qui libérerait 40 à 50 milliards de F CFA chaque année pour investir dans les réseaux, la maintenance et les nouvelles capacités.

Combien cela coûte-t-il, et comment financer ?
1. Les bailleurs de fonds internationaux, via des prêts concessionnels à long terme.
2. Une grande obligation «Énergie Mali 2040» destinée à la diaspora, pouvant mobiliser 150 à 200 milliards de F CFA.
3. Un mélange des deux, qui est la solution la plus solide: une partie par les bailleurs, une partie par la diaspora.

Conclusion: un choix rationnel pour un secteur énergétique moderne, plus performant et mieux adapté à nos réalités
Avec:
• un solaire à petite et moyenne échelle, rapide, simple, créateur d’emplois et de compétences qui remplacent les groupes électrogènes;
• une réforme tarifaire limitée mais juste,
• une restructuration intelligente de la dette,
le Mali peut, en quelques années:
• réduire les délestages de 30 à 40%,
• économiser 100 à 120 milliards de F CFA par an,
• et offrir à des milliers de jeunes des emplois utiles et qualifiés.
Ce programme n’est pas seulement une réforme du secteur électrique.
C’est une étape vers la stabilité et la maîtrise énergétique, le renforcement de l’attractivité du pays à l’investissement et la perspective d’un développement endogène et durable du Mali.
H. NIANG
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