Ces dernières semaines, certains médias étrangers ont diffusé de fausses rumeurs sur un prétendu blocus et une prise de Bamako par des groupes terroristes, créant confusion et inquiétude.
Dans ce contexte, soutenir la presse malienne professionnelle, responsable et indépendante devient un enjeu stratégique pour informer les citoyens, rassurer les partenaires et préserver la stabilité économique et sociale du pays.
Au cours des dernières semaines, le Mali a été confronté à une vague de désinformation orchestrée principalement par certains médias étrangers. Ces médias ont relayé parfois sans vérification préalable des rumeurs infondées faisant état d’un prétendu blocus autour de Bamako, voire d’une prise de la capitale par des groupes terroristes. Ces fausses informations se sont propagées rapidement, alimentant l’inquiétude au sein de la population et semant le doute chez les partenaires étrangers et les investisseurs.
Dans les faits, si le pays a effectivement traversé une période de perturbation de l’approvisionnement en carburant, ces difficultés étaient liées à des contraintes logistiques et sécuritaires régionales, et non à la situation catastrophiste décrite par certains médias occidentaux. Cette manipulation de l’information a illustré à quel point le Mali demeure vulnérable face aux narratifs extérieurs.
Face à ce défi, les autorités de la Transition ont une responsabilité majeure : soutenir et renforcer la presse malienne afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle d’information fiable, crédible et souveraine.
Une presse nationale professionnelle pour contrer la désinformation
Les épisodes récents ont mis en évidence un fait central : lorsque les médias internationaux propagent de fausses informations, ce sont les médias nationaux qui doivent être en mesure d’apporter une réponse rapide, rigoureuse et fondée sur les faits.
Pour cela, il faut une presse : bien formée, capable de vérifier les sources et de décrypter les narratifs hostiles ; responsable, évitant la surenchère émotionnelle ; présente sur le terrain, au plus près des populations et des réalités locales ; dotée de moyens, pour produire une information de qualité et accessible au grand public.
Une désinformation non contrée peut affecter la stabilité sociale, créer un climat de panique artificielle et fragiliser la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Elle peut aussi décourager les investisseurs, qui s’appuient fortement sur les médias pour évaluer le climat politique et économique d’un pays.
Pourquoi l’Etat doit soutenir les hommes et femmes de médias
1. Renforcer la souveraineté informationnelle du Mali
Dans un monde où l’information circule à grande vitesse, le Mali doit pouvoir s’exprimer avec sa propre voix. Cela passe par des médias nationaux forts, crédibles et capables de contrer les récits biaisés provenant de l’extérieur.
2. Moderniser les textes et le cadre juridique
La relecture des lois régissant la presse est une étape indispensable. Il s’agit de :
clarifier les droits et obligations des journalistes ; protéger le métier contre les abus ; adapter la législation à l’ère numérique ; encadrer les médias en ligne ; garantir la liberté d’informer dans un cadre responsable.
Ces réformes donneront aux professionnels les outils pour travailler efficacement, tout en renforçant leur sécurité juridique.
3. Octroyer une aide à la presse équitable et transparente
L’aide publique à la presse n’est pas un privilège, mais un investissement dans la stabilité et la souveraineté du pays. Elle doit : soutenir les médias dans l’achat d’équipements ; financer la formation continue ; encourager la transition numérique ; permettre la production de contenus de qualité ; être attribuée sur des critères objectifs, loin de toute influence politique.
Un média bien financé est un média capable de résister aux pressions extérieures et de produire une information indépendante.
4. Garantir un environnement de travail sûr et propice
La sécurité des journalistes physique, juridique et numérique doit être une priorité. Un journaliste qui travaille sous la menace ne peut pas exercer correctement son métier. Favoriser un climat de liberté et de protection permettra à la presse malienne d’être plus performante.
Un secteur médiatique responsable : le baromètre des investisseurs
Dans un contexte de désinformation internationale, les investisseurs qu’ils soient africains, européens ou asiatiques observent de près la manière dont un pays communique sur lui-même. Une presse professionnelle et fiable devient alors : un indicateur de stabilité, un baromètre de la bonne gouvernance, un critère important pour mesurer la transparence du climat des affaires,
un relais essentiel pour expliquer les réformes et les projets de développement.
Autrement dit, soutenir la presse malienne, c’est aussi soutenir l’économie nationale.
Le Mali a tout intérêt à consolider un écosystème médiatique professionnel, responsable et souverain. Face aux campagnes de désinformation de certains médias étrangers, seule une presse nationale forte peut produire une information juste, apaiser l’opinion, rassurer les partenaires et renforcer la confiance des investisseurs.
En misant sur la relecture des textes, l’aide à la presse, la formation continue et la protection des journalistes, les autorités de la Transition donnent au pays les moyens de parler d’une voix claire, crédible et respectée. La bataille de l’information est devenue un enjeu stratégique : le Mali doit la mener avec ses propres journalistes, ses propres outils et sa propre vision.