L’Afrique de l’ouest s’est encore réveillée ce dimanche 7 décembre 2025 sous les bruits de bottes et des balles d’un imprudent groupuscule de militaires qui a voulu attenter à la démocratie au Benin.
Pour rappel après la Conférence Nationale souveraine qui a consacré l’avènement du multipartisme et de surcroit la démocratie, le Benin est considéré comme la vitrine de la démocratie en Afrique de l’ouest. Le pays de Patrice Talon, malgré certains manquements aux principes démocratiques, en dépit de la restriction de certaines libertés, demeure sans nul doute le pays où le modèle démocratique marche à merveille. L’alternance pacifique, cette denrée rare dans une sous-région où le coup d’Etat est en passe de devenir une règle, est son crédo, comme en atteste d’ailleurs l’élection présidentielle programmée en 2026 sans le Président sortant qui, au terme de son second mandat, ne serait pas candidat à sa propre succession. L’acte républicain de l’armée béninoise va-t-il sonner le glas des velléités des militaires à s’accaparer du pouvoir dans l’espace CEDEAO ? A quand la prise de conscience des peuples africains pour comprendre que le coup d’Etat n’est pas la solution aux crises sur le continent ?
Rien que l’instabilité qu’un coup d’Etat est sensé provoquer et l’isolement diplomatique auquel il conduit doivent faire comprendre à nos armées que dans un monde devenu un seul village planétaire avec la globalisation, le temps des coups d’Etat est révolu. Car à la confusion qu’il engendra s’ajoutera le chaos socio-économique voire politique qu’il enfantera. Donc mesurant les gravissimes conséquences d’une irruption de l’armée sur la scène politique, les militaires doivent comprendre la notion de la République, celle qui confère à chaque entité qui la compose, des droits, mais aussi des devoirs et que c’est le respect pour chaque entité de ses droits et devoirs qui consolide la République. Le Coup d’Etat est un crime imprescriptible dans toutes les constitutions en Afrique de l’ouest, mais malgré tout la sous-région semble se caractériser par la persistance de ce fléau qui annihile tous les efforts de développement.
L’acte républicain de l’armée béninoise va-t-il sonner le glas des velléités des militaires à s’accaparer du pouvoir dans l’espace CEDEAO ?
Il est sans nul doute à saluer, l’acte posé par les forces de défense et de sécurité du Benin, qui viennent de déjouer une tentative de coup d’Etat, un acte républicain. Leur exemple doit inspirer toutes les armées de la sous-région afin qu’elles comprennent que si, avant l’avènement de la démocratie dans les années 90, les coups d’Etat étaient perçus souvent comme des actes salutaires et sanitaires, ils sont aujourd’hui un recul général et un coup de frein au développement en mettant inutilement sur le banc des accusés le pays où l’acte a été perpétré. En effet, les conséquences seront graves pour le pays, car les auteurs deviendront non seulement infréquentables, mais aussi et surtout leurs actes isoleront davantage leurs pays, fragiliseront les tissus socio-économiques et- sèmeront souvent une chienlit généralisée. L’échec de la tentative de coup d’Etat au Benin donne de l’espoir à tous les démocrates de la sous-région quant à la poursuite du processus démocratique dans l’espace CEDEAO, jadis considéré comme bon modèle. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Ghana, le Libéria, la Sierra Léone, le Benin, La Gambie, vont continuer à éclairer la lanterne des autres pays de la sous-région qui trainent encore des bruits de bottes. Ces pays doivent être une boussole pour les autres.
A quand la prise de conscience des peuples africains pour comprendre que le coup d’Etat n’est pas la solution aux crises sur le continent ?
Si l’Afrique ne s’est pas développée plus de 60 ans après les indépendances, ce n’est pas par manque de ressources, qu’elles soient économiques ou humaines, mais à cause de l’instabilité chronique due aux cycles de coups d’Etat. Les Coups d’Etat ont couté beaucoup plus au continent que la colonisation occidentale. Dans la plupart des Etats où il y a eu coups d’Etat les bases socioéconomiques ont été ébranlées et le développement est devenu un mirage. Au regard de toutes ces conséquences une prise de conscience s’impose pour dire non aux coups d’Etat et laisser place à la stabilité qui procurera le développement. La balle semble être dans le camp des peuples Africains, ce sont eux seuls qui peuvent prendre leur destin en main.