PolitiqueCoalition des Forces pour la République sous le leadership de Imam Dicko: La CFR pour combler le vide politique consécutif à la dissolution des partis
Née, quelques mois seulement après la dissolution des partis politiques et des associations à caractère politique, la Coalition des Forces pour la République, CFR, selon le communiqué fondateur se donne comme missions de : rendre possible le retour à l’ordre constitutionnel, de protéger les populations, de rétablir les libertés et de préparer un dialogue national inclusif avec l’ensemble des acteurs maliens y compris les groupes armés nationaux. Programme ambitieux et certainement à portée de mains des hommes et des femmes, des grandes envergures, qui composent cette Coalition, mais l’arbre ne devant pas cacher la forêt et au regard du contexte politique difficile et particulier, La question que beaucoup d’observateurs de la scène politique se posent est celle de savoir si la Coalition des Forces pour la République n’a pas été créée pour juste combler le vide laissé après la dissolution des partis politiques ou si c’est un véritable « Mouvement de résistance démocratique et de sauvegarde de la nation » ? Le retour du charismatique et très influent Imam Dicko sur la scène politique ne doit-il pas faire trembler le régime de Bamako ? Cette Coalition ne pourrait-elle pas être la troisième voie à explorer pour une sortie de crise au Mali ?
Dans leur communiqué, les fondateurs de la CFR peint un tableau très sombre de la situation socio-sécuritaire voire politique du Mali. En effet, ils affirment sans ambages que : « Le Mali traverse aujourd’hui l’une des crises les plus graves de son histoire contemporaine, Notre Etat est affaibli, notre peuple est meurtri, nos institutions sont dévoyées et notre souveraineté est bafouée… » Ce court passage extrait de leur communiqué fondateur en dit long sur la colère et le rejet du régime qui gouverne le Mali, par les fondateurs de la Coalition politique. Il est également l’expression d’un malaise politique, d’un vide consécutif à la dissolution des partis politiques. Faudrait-il les prendre au sérieux ou en faire tout simplement un non-événement ? Dans un contexte très critique et fragile de la situation socio sécuritaire du Mali, aucun mouvement n’est à négliger, encore moins à mépriser, surtout celui dont le charismatique Imam Dicko est le leader. Pour qui connait la grande capacité de mobilisation de l’Imam, son aura sur la scène politique nationale, son carnet d’adresses au-delà du Mali, ce Mouvement est à prendre au sérieux. Pour rappel ce Mouvement politique, qui se veut fédérateur, est né à un moment où les maliens sont divisés sur tous les plans, certains sont exclus d’autres sont réduits en silence ou emprisonnés. A ce clivage s’ajoute une crise socio-sécuritaire sans commune mesure dans l’histoire du Mali indépendant. Comme si cela ne suffisait pas les autorités semblent privilégier la seule option militaire depuis cinq ans pour résoudre une crise de gouvernance. Cette option n’a malheureusement pas produit les résultats escomptés et semble même montrer toutes ses limites. Donc il est à parier que ce mouvement politique qui se veut fédérateur, semble surfer sur ce vide abyssal pour être la troisième voie, celle toute trouvée pour juguler la crise.
La question que beaucoup d’observateurs de la scène politique se posent est celle de savoir si la Coalition des Forces pour la République, CFR n’a pas été créée pour juste combler le vide laissé après la dissolution des partis politiques ou si c’est un véritable « Mouvement de résistance démocratique et de sauvegarde de la nation » ?
La Coalition des Forces pour la République pourrait bien être les deux. D’une part elle vient combler le vide laissé après la dissolution des partis politiques, car la nature ayant horreur du vide et les autorités n’ayant proposé aucune alternative après leur acte de dissolution des partis, ne doivent nullement pas être surprises de voir des couches sociopolitiques s’organiser pour s’exprimer et défendre leurs droits conformément à la Constitution. D’autre part, cette Coalition, par la qualité, le charisme et la grande capacité de mobilisation, au-dedans comme au dehors, de son leader, en l’occurrence l’Imam Mahmoud Dicko, il y a à parier qu’elle pourrait faire bouger les lignes dans les mois à venir si la dynamique fédératrice qui prévalu à sa création se poursuivait. En effet, rien qu’en analysant le contenu du communiqué fondateur de la Coalition des Forces pour la République et surtout les objectifs qu’elle s’est assignée, à savoir le retour à l’ordre constitutionnel, la protection des libertés, la proposition d’un véritable dialogue inclusif avec l’ensemble des groupes armés nationaux, on pourrait affirmer sans risque de se tromper qu’elle aura beaucoup d’adhésions car après cinq ans de gouvernance les attentes sont loin d’être comblées et les espoirs sont en passe d’être déçus, donc les maliens ont une soif incommensurable des principes défendus par la CFR. Il est à rappeler que si les deux figures qui se sont clairement affichées sont l’Imam Mahmoud Dicko et Etienne Fakaba Sissoko, tout porte à croire que beaucoup des maliens sont soit des sympathisants ou militants clandestins qui préfèrent pour le moment l’anonymat et cela compte tenu de la situation sécuritaire. On en saura davantage dans les semaines voire mois à venir.
Le retour du charismatique et très influent Imam Dicko sur la scène politique ne doit-il pas faire trembler le régime de Bamako ?
Pour qui connait le parcours politico-religieux de l’Imam Dicko, nul ne doit douter de sa capacité de mobiliser, c’est d’ailleurs pourquoi les autorités de la transition n’ont jamais voulu son retour au bercail. En effet, figure religieuse de premier rang, l’Imam Mahmoud Dicko a dirigé le Haut Conseil Islamique, HCI, pendant plus d’une décennie. Il a également participé au combat pour l’avènement de la démocratie en 1991 aux côtés du Mouvement démocratique. Fidèle allié d’IBK avant de rompre avec ce dernier et prendre par la suite la tête du Mouvement insurrectionnel, M5 RFP contre lui et d’ailleurs sans le grand apport duquel Mouvement le coup d’Etat ne serait jamais possible. Il a été tout au long de ce combat l’autorité morale du M5 RFP. Après la chute du régime IBK le Mouvement s’est fracturé à cause des ambitions démesurées des uns et la prétention illégitime des autres. L’Imam a fini par prendre du recul avant de tomber en disgrâce avec les autorités de la transition. Il s’est revêtu de son boubou d’homme politique pour porter une voix critique sur la gestion du pays. Les propos et agissements dérangeaient jusqu’au sommet et mettaient mal à l’aise les autorités. Se sentant menacé il a fini par s’exiler en Algérie. Qu’on le veuille ou pas l’Imam est incontournable, tout comme son pays d’accueil, l’Algérie, dans la recherche d’une paix durable et d’un vivre ensemble au Mali.
Cette Coalition ne pourrait-elle pas être la troisième voie à explorer pour une sortie de crise ?
S’il a été prouvé que l’option militaire ne semble pas être la seule solution à la gravissime crise multidimensionnelle, alors pourquoi ne pas explorer l’option diplomatico-politique pour que les deux options mises ensemble puissent apporter la thérapie nécessaire à ce mal qui est sur le point de se métastaser pour atteindre tout le corps Mali. Cette Coalition pourrait bien être cette troisième voix pour non seulement rassembler tous les maliens, mais aussi et surtout leur proposer une alternative, celle du dialogue, aux deux belligérants tout en impliquant l’ensemble des forces vives de la nation, classe politique, société civile, forces de Défense et de sécurité. La Coalition des Forces pour la République, CFR, portée par l’Imam Dicko, est non seulement la meilleure voie à explorer pour les maliens mais elle semble être le mouvement qui a un certain ancrage au-delà de nos frontières. Son leader a un carnet d’adresses bien étoffés et une aura à nulle autre pareille aujourd’hui au Mali.
Youssouf Sissoko