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La fête était belle quand le VIH nourrissait les acteurs
Publié le jeudi 11 decembre 2025  |  Le Matin
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Journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida ! « Don té wélé don na » ! Les jours, voire les années se suivent sans se ressembler !

Dans les années 90-2000, c'était l'effervescence à quelques semaines de cet événement célébré aujourd'hui incognito, presque dans l'indifférence générale. Et pourtant, dans le temps, c'est toute la République qui était mobilisée avec des activités en amont et en aval de la journée. En plus de la grande cérémonie, la journée était marquée par des conférences-débat, des tests volontaires, des manifestations folkloriques… un peu partout. La presse n'était pas négligée avec des concours de meilleures œuvres journalistiques, des caravanes de presse… Elle était vraiment impliquée dans les campagnes d'information, de sensibilisation, de plaidoyer et de lobbying.


La belle époque ! Une frénésie liée à la crainte d'une expansion du VIH ou du Sida ? Pas forcément ! Certes, on sentait une certaine volonté politique en faveur de la maîtrise du taux de prévalence (depuis 2010, le Mali a enregistré une baisse de la prévalence chez les adultes de 1,3 % à 0,8 %, et chez les femmes de 1,8 % à 1 %. Les décès liés au Sida ont diminué d’environ 40 %, et les nouvelles infections ont presque été réduites de moitié… Les décès liés au sida ont diminué de 60 %, et la couverture du traitement du VIH a augmenté à près de 70 %. Cependant, la transmission mère-enfant et l’accès aux services pour certaines populations vulnérables restent des défis majeurs). Mais ce qui motivait réellement beaucoup d'acteurs de cette lutte, c'était… l'argent ! Bien évidemment ! La lutte contre le VIH/Sida était devenue une vache laitière qui a fait la fortune de beaucoup de « bénévoles » !

Certains ont tout eu dans cette lutte. Nous en connaissons même des acteurs qui ont fait le Hadj grâce au Sida. Entre les missions (au Mali ou à l'extérieur), des activités ou des projets d'assistance surfacturés, ils avaient l'embarras du choix parce que l'argent du virus coulait à flot. Responsables et agents des programmes et projets, les Ong, les représentants de la société civile à différents niveaux de la lutte, médias, leaders d'opinion… Tout le monde en profitait presque ! Tout le monde sauf certainement ceux qui devaient être les vrais bénéficiaires de cette manne financière et de toutes ces activités organisées en leur nom : les porteurs saints et les malades ! Diantre !

À les entendre, ils n'avaient que la portion congrue. À part certainement les responsables de leurs différentes associations, fréquemment invités au partage de gâteau à la table des convives, les autres ne cachaient pas leur amertume, leur déception, voire leur frustration quand l'occasion se présentait. Ils dénonçaient la démagogie, l'hypocrisie et l'abus de confiance de nombreux acteurs pourtant au-dessus de tout soupçon. Et il eut cette embarrassante (voire honteuse) affaire du Fonds mondial. Un scandale qui a éclaté en 2010 lorsque des irrégularités financières ont été constatées sur des fonds alloués à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Fonds mondial a mené une enquête en parallèle de celle du gouvernement malien, qui a révélé des détournements de plusieurs milliards de francs CFA. Le partenaire a alors suspendu ses financements et certains projets.


Le gouvernement malien a d'abord remboursé une partie des fonds mal gérés, soit au moins 200 millions de francs CFA, avant de poursuivre les gestionnaires. Cette affaire a évidemment eu des implications diplomatiques et a été révélatrice de problèmes de gestion plus larges. Mais, après la mise en place de mesures de réforme, le Fonds mondial a repris ses financements au Mali en 2011 et 2013, d'abord de manière partielle, puis en relançant un programme complet de lutte contre le VIH/sida.

Véritable coup de tonnerre dans un univers d'impunité, les autorités maliennes de l’époque avaient là une belle opportunité de nettoyer les écuries d'Augias. Hélas ! Comme beaucoup d'affaires, les poursuites judiciaires ont pris fin en queue de poisson. Le Mali aurait remboursé les sommes évaporées dans la nature pour bénéficier de la reprise des fonds. Et c'est depuis cette affiche qu'il y a moins d'engouement autour de la célébration de la Journée mondiale contre le VIH/Sida. Les coupes budgétaires polémiques de Donald Trump (mettant presque fin aux activités de l’USAID) n’ont rien arrangé cette année.

Puisque l'argent ne coule plus à flot et que le pays est désormais rigoureusement surveillé par les bailleurs du fonds, personne n'est réellement motivée à mettre sa main à la pâte. Même si nous savons par expérience que rien ne peut empêcher certains compatriotes de puiser dans les budgets quelles que soient les mesures ou les dispositions prises.

Le Malien est un vrai génie quand il s'agit de détourner, de se faire de l'argent facile. C'est pourquoi ils se crêpent les chignons pour être membres de telle ou telle commission d'organisation… Même les catastrophes naturelles (inondations, invasion acridienne, Covid 19, Ebola…) sont exploitées pour faire fortune aux dépens du contribuable ou des victimes.


Ce n'est donc pas surprenant qu'on ait connu dans ce pays « Les villas de la sécheresse », « Les milliardaires de la démocratie » et sans doute bientôt ceux de la transition. Connaissez-vous ceux qui tiraient récemment les cordes du commerce illicite des hydrocarbures ?

Que Dieu sauve le Mali !

Moussa Bolly

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