Sous l’égide du Ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des Régions du Nord, mais à l’initiative de la présidence de la République et du Gouvernement malien, le conclave, qui durera deux jours, se déroulera au CICB, du 1er au 2 novembre 2013,
et vise à faire connaître et partager les préoccupations et les attentes du peuple malien sur la voie de la recherche d’une paix « durable, juste et inclusive ».
Sont conviés à ces assises nationales les catégories sociales et professionnelles du pays, à savoir : les institutions de la République ; les chefferies coutumières et traditionnelles ; les syndicats et groupements professionnels ; les universitaires et intellectuels ; les associations, ONG, clubs et collectifs ; les cadres administratifs et techniques ; les artistes, sportifs et créateurs ; les médias publics et privés ; les partis et regroupements de partis politiques ; les femmes et les jeunes ; les mouvements et groupes d’autodéfense ; les déplacés internes et réfugiés ; les forces armées et de sécurité ; les partenaires au développement ; les organisations internationales ; les mouvements armés et groupes d’autodéfense…
D’autre part, les participants viennent de toutes les régions du Mali, désignés selon la qualité de représentation de l’entité et un souci d’équilibre et d’équité ; mais, seuls les délégués dûment mandatés seront admis à participer à ces assises.
Par ailleurs, le comité d’organisation jugera de l’opportunité d’y associer des personnes ressources, notabilités ou spécialistes, maliens et étrangers, munis de mandats spéciaux.
Ces Assises nationales sur le Nord, selon les termes de référence élaborés par le gouvernement Oumar Tatam LY, s’inscrivent dans la perspective de refondation d’un nouveau Contrat social entre les Maliens à travers une thématique déclinée en trois aspects : « La réconciliation nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble » ; «L’approfondissement du processus de décentralisation »; et « Le lancement du programme de développement accéléré des régions du Nord ».
« Elles visent à réunir tous les acteurs de la Nation malienne pour identifier et corriger les défaillances structurelles de notre système politicoinstitutionnel afin de promouvoir une nouvelle gouvernance démocratique prenant mieux en compte les réalités profondes de notre société et l’aspiration fondamentale de changement nourri par le Peuple malien dans tous les domaines pour un développement plus harmonieux et plus solidaire », souligne le gouvernement OTL.
D’une manière générale, le gouvernement estime que les assises en question permettront de ressouder le tissu national, renforcer l’unité nationale et définir les bases de la refondation d’une Nation plurielle réconciliée avec elle-même, améliorer les rapports entre les communautés vivant sur le territoire de la Nation et promouvoir un réel développement économique favorisant l’épanouissement matériel et spirituel des citoyens.
De façon spécifique, les Assises nationales doivent déboucher sur un nouveau modèle de la gouvernance à travers le renforcement des compétences des collectivités décentralisées et impliquant les légitimités traditionnelles locales tout en favorisant le contrôle citoyen ; la responsabilisation des acteurs communautaires sur les questions vitales comme la préservation de l’environnement et du patrimoine; la lutte contre la criminalité transfrontalière, le terrorisme, les intégrismes religieux, le narcotrafic, etc. ; la création des conditions matérielles et psychologiques et sécuritaires pour le retour des déplacés et des populations réfugiées; et la validation de la Feuille de route relative aux négociations en vue d’un accord de paix inclusif et durable.
Les résultats qui en sont attendus sont, entre autres : un pays plus uni, avec de nouveaux acteurs crédibles ; de meilleurs rapports inter et intracommunautaires en perspective ; un suivi-évaluation mieux coordonné des interventions de l’État et des partenaires répondant aux attentes des communautés et aux priorités de développement local et régional ; un modèle de gouvernance mieux défini et adapté aux réalités et identités locales ; la conscience chez les participants de la responsabilité commune, et leur mobilisation, face aux questions structurantes du devenir local et national (migration clandestine, dégradation de l’environnement, intégrisme religieux, narcotrafic, trafics divers…); l’adoption de mesures exceptionnelles pour recoudre le tissu national, accueillir les populations de retour et secourir les personnes et les poches de détresse.
Pour ce faire, les travaux se dérouleront, selon la commission d’organisation, en plénière et en commissions.
Les commissions de travail, révèle-t-elle, sont au nombre de trois correspondant aux thématiques majeures et transversales sur le sujet : « Réconciliation nationale, cohésion sociale et vivre ensemble »; « Gouvernance locale » qui discutera des recommandations des États généraux de la décentralisation ; « Développement accéléré des régions du Nord », qui examinera le Programme de développement accéléré des régions du Nord.
Quant à la facilitation en plénière, elle sera assurée par un modérateur, sous l’autorité d’un président, assisté par un Rapporteur général et deux assistants, tous désignés en plénière.
D’autre part, chaque commission désigne en son sein un président, un modérateur, un secrétaire de séance et un rapporteur.
Le collectif des rapporteurs, eux, se réunit pour rédiger le rapport général des Assises, qui sera adopté en séance plénière, avec les résolutions et motions.
Pour rappel, le président de la République avait déjà planté le décor dans son discours d’investiture, le 4 septembre 2013, au CICV : «La résolution du problème du Nord demeure la priorité la plus pressante. Dès demain, nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays. Je veux réconcilier les cœurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale. Je veux rassembler toutes les composantes et toutes les générations de la société malienne, mobiliser les talents, et les efforts en vue de l’avènement d’une société nouvelle basée sur l’Excellence. Je veux rassembler les Maliennes et les Maliens, pour que triomphent la Justice et l’Équité sans lesquelles, il n’est pas d’avenir viable pour une Nation».
Mieux, à lafaveur de l’audience accordée aux groupes armés le 17 septembre 2013 au Palais de Koulouba, en présence du Premier ministre et du ministre de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord, Ibrahim Boubacar KEITA alias IBK a fixé le cadre des futures négociations avec les parties prenantes à la crise en précisant qu’en dehors de l’autonomie et de l’indépendance, tout était négociable dans le cadre d’un Mali « uni et pluriel. L’État, conscient des frustrations des communautés des régions du Nord, frustrations exacerbées par les incohérences et insuffisances d’une mauvaise gouvernance (administrative, politique, sécuritaire) ne prenant pas suffisamment en compte les réalités et cultures locales, entendant mieux répondre aux aspirations légitimes de de justice, de progrès social et d’épanouissement individuel et collectif de toutes les communautés du Nord à travers la concrétisation opérationnelle des trois stratégies d’action suivantes : la déclinaison d’une politique de réconciliation nationale visant à ressouder le tissu social, à renforcer la cohésion de la Nation et à promouvoir le vivre ensemble ; l’approfondissement du processus de décentralisation en matérialisant rapidement le transfert effectif des compétences, des ressources financières aux collectivités territoriales ; et le lancement du Plan de développement accéléré des régions du Nord.
De son côté, dès sa mise en place, le 8 septembre 2013, le Gouvernement Oumar Tatam LY a pris plusieurs mesures visant à renforcer la confiance entre les Maliens; faciliter le dialogue inter et intracommunautaire; nouer le dialogue avec les groupes armés et tous les autres acteurs de la crise affectant le Nord du pays; redéployer les forces armées et de sécurité dans le nord du pays en coopération avec la MINUSMA et SERVAL; restructurer la Commission Dialogue et Réconciliation sur la base de la recherche de la vérité; informer la communauté internationale sur la situation au Mali (discours du Chef de l’État prononcé le 27 septembre 2013 à l’occasion de la 68e session de l’Assemblée générale des Nations Unies ; et organiser les États généraux de la décentralisation (21-23 octobre 2013).