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CAN 2025 AU MAROC : Le Mali face au défi des attentes mesurées
Publié le lundi 15 decembre 2025  |  L'Alternance
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© aBamako.com par DR
CAN 2025 : Tom Saintfiet dévoile sa liste avec le retour d’Yves Bissouma et une forte présence de la Ligue 1
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Qualifier le Mali pour les demi-finales. Tel est l’objectif affiché par le sélectionneur Tom Saintfiet à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations. Une ambition mesurée, oscillant entre réalisme assumé et manque d’audace aux yeux d’une partie de l’opinion, dans un contexte où le niveau global de la compétition s’annonce comme l’un des plus relevés de l’histoire. El Bilaly Touré, Kamory Doumbia, Nene Dorgelès ou encore Mahamadou Sangaré seront à coups sûrs les joueurs à suivre. Mais au-delà de la performance collective des Aigles, c’est l’émanation spirituelle des joueurs qui sera scrutée.
À moins d’une semaine du coup d’envoi, plusieurs sélections se détachent déjà comme de sérieux prétendants au titre, à l’image du Maroc, pays hôte, du Sénégal, champion en titre, ou encore de l’Algérie. Le Mali, pour sa part, aborde cette CAN avec moins de certitudes que lors de la précédente édition. Les assurances d’hier ont laissé place au doute. Des fragilités institutionnelles persistent autour de la sélection, tandis que plusieurs cadres, longtemps piliers du projet sportif, semblent avoir perdu en influence et en régularité.
Ce contexte alimente un scepticisme croissant au sein de l’opinion sportive nationale. Échaudés par des campagnes passées riches en promesses mais souvent conclues par des éliminations frustrantes, de nombreux supporters maliens adoptent désormais une posture prudente. Une retenue assumée, destinée à éviter une énième désillusion qui pourrait, cette fois, provoquer une cassure durable entre l’équipe nationale et son public.
Un jeu prudent peut-il faire voler les Aigles haut ?
Sur le plan tactique, le Mali version Tom Saintfiet s’oriente vers une approche résolument pragmatique, fondée sur l’équilibre avant la prise de risque. L’organisation repose sur un bloc compact, une discipline défensive stricte et des transitions rapides vers l’avant. Cette philosophie vise à compenser certaines limites techniques et le manque de constance de plusieurs cadres, tout en s’adaptant à la densité du niveau de la compétition. Mais cette prudence assumée pourrait également brider l’expression offensive, un secteur où le Mali a historiquement su faire la différence.
Défensivement, les Aigles disposent d’une base relativement solide, notamment dans l’axe, où l’expérience et l’impact physique constituent des atouts non négligeables. En revanche, les couloirs apparaissent comme un point de vigilance majeur. Les latéraux, souvent sollicités dans les phases offensives, peinent parfois à assurer les replis, exposant l’équipe face aux adversaires adeptes des transitions rapides. Dans une CAN où la vitesse d’exécution est devenue déterminante, la gestion de la largeur et la coordination défensive seront cruciales.
Au milieu de terrain, véritable baromètre du jeu malien, les interrogations sont plus profondes. Si les profils athlétiques ne manquent pas, capables de récupérer des ballons et de se projeter vers l’avant, la complémentarité reste fragile. Le manque d’un véritable régulateur, capable d’imposer le tempo, de calmer le jeu sous pression et d’orienter les attaques, pourrait peser lourd face aux équipes les mieux structurées. Sans maîtrise dans l’entrejeu, le bloc malien risque de s’étirer, accentuant la pression sur la ligne défensive.
Sur le plan offensif, le potentiel individuel demeure indéniable, mais la cohérence collective pose question. L’animation repose encore largement sur les exploits individuels, notamment sur les ailes, plutôt que sur des circuits de jeu clairement identifiés. Cette dépendance à l’inspiration peut s’avérer efficace face à des blocs moyens, mais devient aléatoire contre des défenses disciplinées. La capacité du Mali à varier ses options offensives, à jouer entre les lignes et à exploiter les appels en profondeur sera déterminante.
Enfin, la gestion du banc et des temps forts et faibles s’impose comme un enjeu stratégique majeur. Dans une compétition aussi dense, la profondeur de l’effectif et l’impact des remplaçants peuvent faire basculer un match. Le Mali devra démontrer sa capacité à maintenir l’intensité sur 90 minutes, voire au-delà, tout en adaptant son plan de jeu aux profils adverses. À ce niveau, les choix de Tom Saintfiet seront scrutés de près, tant ils conditionneront l’atteinte de l’objectif minimal annoncé : les demi-finales.
Encore un paradoxe pour sauver le Mali ?
Pourtant, l’histoire récente rappelle une constante : c’est souvent lorsque les attentes sont faibles que le Mali parvient à surprendre. Libérés de la pression, les Aigles ont parfois su transcender leurs limites, portés par une solidarité collective et l’émergence de talents capables de faire basculer un match.
Reste à savoir si cette dynamique peut encore opérer dans une CAN où la marge d’erreur est quasi inexistante. Plus que le résultat brut, c’est la crédibilité du projet, la cohérence du jeu et la capacité à répondre aux attentes d’un public désormais prudent qui seront jugées. Car au-delà du classement final, cette CAN pourrait bien redéfinir durablement la relation entre la sélection nationale et ses supporters.
Ahmed M. Thiam




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