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Tentative de coup d’Etat déjouée au Benin : La joie d’un coup d’Etat réussi du Pseudo-panafricain Kemi Seba n’est pas passée inaperçue. Voici quelques réactions fustigeant son comportement
Publié le lundi 15 decembre 2025  |  L'Alternance
Présentation
© aBamako.com par AS
Présentation du livre de Mamadou Ismaïla Konaté
L`ancien Ministre, Mamadou Ismaïla Konaté à présenté son livre "Justice en Afrique" le É( Janvier 2019 au parc national.
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Le coup d’État est devenu, pour certains faux panafricanistes, une véritable entreprise lucrative. On les voit parcourir les aéroports munis de passeports diplomatiques aux couleurs multiples — emblèmes d’emplois fictifs au sein de palais où se sont installés des dirigeants politico-militaires issus de putschs qu’ils cherchent désormais à exporter à l’échelle du continent.
Ce souverainisme de façade, sans doctrine, sans principes et sans décence, dissimule mal une mécanique d’allégeances et de collusions. Les faits rapportés récemment au Bénin en constituent une démonstration éclatante : l’activisme prétendument idéologique n’est souvent que la couverture de réseaux de soutien aux régimes issus de prises de pouvoir illégales.
Face à ces entreprises de subversion, l’action doit être résolue. Il ne s’agit ni de polémique ni de divergences doctrinales, mais de la protection des institutions et de l’ordre constitutionnel. Toutes les mesures légales doivent être engagées pour neutraliser ces dérives qui sapent l’État de droit, menacent la paix civile et banalisent l’atteinte au suffrage.
La démocratie n’est pas un slogan : elle se défend. Elle impose que force reste à la loi, et que l’arme de la République — celle du droit, de la justice et des institutions — réponde fermement à toute tentative d’imposer la violence au cœur du politique.
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KEMI SEBA : ANATOMIE D’UNE IMPOSTURE PANAFRICANISTE
LETTRE OUVERTE À UN PROPHÈTE EN CARTON-PÂ
Monsieur Stellio Gilles Robert Capo Chichi alias Kemi Seba,
Vous qui sillonnez les capitales de l’Alliance des États du Sahel en vedette révolutionnaire, vous qui êtes conseiller du président Abdourahamane Tchiani, vous qui bombez le torse lors de meetings enflammés sur la « souveraineté retrouvée », vous qui déversez vos anathèmes contre l’Occident depuis le confort douillet offert par vos amis putschistes : il est temps de dresser l’inventaire de votre imposture. Car ce que vous incarnez n’est pas le panafricanisme, mais sa caricature la plus grotesque, sa trahison la plus achevée.
Commençons par le plus élémentaire : la liberté d’expression. Vos protecteurs putschistes militaires, ces « libérateurs » que vous célébrez avec tant de lyrisme, ont instauré un régime de terreur médiatique sans précédent dans la sous-région. Au Mali, le paysage médiatique ressemble désormais à un cimetière. Depuis le coup d’État d’août 2020, plusieurs médias ont été suspendus, fermés ou menacés de fermeture. Les journalistes qui osent documenter la réalité du terrain, l’avancée du JNIM, les massacres de civils, la corruption endémique, les pénuries dues à l’incompétence, se retrouvent accusés de « complot contre le gouvernement » ou de « démoralisation des troupes ».
Rokia « la vie chère », Adama Diarra dit Ben le Cerveau, le professeur Clément Dembélé, Kalilou Doumbia, Étienne Fakaba Sissoko, Mohamed Youssouf Bathily, Moussa Mara : ces noms vous disent-ils quelque chose ? Probablement pas. Ce sont pourtant des citoyens patriotes qui ont payé de leur liberté, parfois de leur vie, le simple fait de vouloir informer. Mais cela ne vous émeut guère, n’est-ce pas ? Leur tort, sans doute, est de ne pas chanter les louanges du général Goïta dans vos termes dithyrambiques.
Au Burkina Faso, le capitaine Traoré a perfectionné l’art du bâillonnement numérique : coupures d’internet lors des moments critiques, arrestations préventives de blogueurs, fermeture des médias critiques, non pas pour leurs mensonges avérés, mais pour avoir osé montrer ce que le régime veut cacher. Newton Ahmed Barry, journaliste d’investigation burkinabè, a « disparu » pendant des jours avant de réapparaître, visiblement traumatisé. Silence radio de votre part.
Au Niger, après le putsch de juillet 2023, c’est la même mécanique totalitaire qui s’est mise en branle : suspension de médias, interdiction de certaines fréquences, menaces explicites contre quiconque ose critiquer le CNSP. La télévision nationale est devenue un outil de propagande digne de la Corée du Nord, déversant quotidiennement son fiel contre les « ennemis de la patrie », catégorie élastique qui englobe désormais tout dissident.
Et vous, Monsieur Seba, face à cette chape de plomb, face à ce déni systématique du droit fondamental à l’information, que faites-vous ? Vous applaudissez. Pire : vous qualifiez ces mesures de « décolonisation des esprits ». Quelle perversion du langage ! Quelle insulte à l’intelligence ! Le sparadrap n’est pas simplement posé sur la bouche des gens ; il est cousu dans leur chair, enfoncé dans leur gorge jusqu’à l’étouffement. Et vous, confortablement installé dans votre rôle de griot des dictateurs, vous osez parler de libération.
Parlons maintenant de ce droit élémentaire qu’est la manifestation pacifique, cette conquête démocratique pour laquelle des générations d’Africains se sont battues contre les régimes autoritaires post-coloniaux. Ce droit que vos « héros » foulent aux pieds quotidiennement. Au Mali, depuis l’arrivée de votre ami Goïta au pouvoir, combien de manifestations pacifiques critiques ont été autorisées ? Zéro. Pas une seule. Toute tentative de rassemblement est interdite préventivement. Les rares qui se risquent sont dispersées avec une violence rappelant les heures les plus sombres des dictatures africaines. Les enlèvements par des hommes encagoulés en pleine journée sont devenus monnaie courante, et les victimes subissent toutes sortes de traumatismes.
En juin 2025, lorsque des jeunes ont tenté de protester contre l’enlisement de la transition et l’absence de perspectives électorales, ils ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et des matraques. Plusieurs ont été blessés, des dizaines arrêtés. Leur crime ? Avoir osé demander des élections à des militaires autoproclamés sauveurs de la patrie, qui s’éternisent en violation de leur constitution et de leur serment.
Même scénario au Burkina Faso. Les syndicats qui osent dénoncer la détérioration des conditions de vie, les mouvements citoyens qui réclament un calendrier électoral, les associations qui documentent les violations des droits humains : tous sont systématiquement réprimés. Le régime du capitaine Traoré, conseillé par Nathalie Yamb, a perfectionné une tactique perverse : interdire les manifestations « pour raisons de sécurité », puis utiliser cette interdiction comme preuve que toute tentative de rassemblement relève du sabotage et de la complicité avec le terrorisme.
Au Niger, c’est le même script. Le CNSP a décrété que toute manifestation non autorisée serait réprimée « sans sommation ». Traduisez : sortez dans la rue pour exprimer votre désaccord, et vous risquez votre vie. Les « marches de soutien » au régime, elles, sont non seulement autorisées, mais organisées, financées et encadrées par le pouvoir. On mobilise des fonctionnaires sous peine de sanctions, on distribue des t-shirts et des per diem, on fabrique du consensus à coups de millions de francs CFA.
Cette mise en scène grotesque, des foules « spontanées » brandissant des portraits de putschistes, est-ce votre conception de la démocratie populaire, Monsieur Seba ? Ces manifestations sur commande, où les participants sont payés pour hurler des slogans préfabriqués, est-ce votre modèle d’engagement citoyen ?
L’ironie suprême, c’est que vous-même bénéficiez du droit de manifester, de vous exprimer et de voyager librement dans ces pays. Privilège de cour, passe-droit de l’idiot utile. Vous êtes autorisé à tenir des meetings enflammés parce que votre discours sert le pouvoir. Mais suggérez seulement qu’un opposant puisse bénéficier de la même liberté, et observez la réaction de vos protecteurs.
Vous incarnez ce que Hannah Arendt décrivait comme « la banalité du mal » : pas le monstre assoiffé de sang, mais le complice bien-pensant qui légitime l’oppression en la drapant dans les oripeaux de la vertu. Vous êtes l’alibi moral de la dictature, son certificat de respectabilité panafricaine.
Abordons maintenant le chapitre le plus sombre : les détentions arbitraires, les prisons politiques, les disparitions forcées. Car vos amis militaires n’ont pas seulement verrouillé l’espace public et médiatique ; ils ont transformé leurs pays en États policiers où l’arbitraire règne en maître.
Au Mali, les prisons regorgent de prisonniers politiques. L’affaire Choguel Kokalla Maïga, ancien Premier ministre pourtant complice du putsch initial, illustre parfaitement la logique cannibale de ces régimes. Même leurs propres artisans ne sont pas à l’abri. Choguel a commis l’erreur fatale de critiquer publiquement l’absence de calendrier électoral. Résultat ? Il croupit aujourd’hui en prison. Message envoyé à tous : personne n’est intouchable, la loyauté d’hier ne vous protège pas aujourd’hui.
Mais Choguel n’est que la partie visible. Moussa Mara et combien d’anonymes croupissent dans les prisons maliennes pour avoir osé critiquer le régime sur les réseaux sociaux ? Combien de jeunes activistes ont été cueillis à l’aube pour avoir organisé des réunions « suspectes » ? Le pouvoir ne publie aucun chiffre, bien sûr. Le flou est stratégique : il nourrit la peur, paralyse l’opposition, dissuade la contestation.
Les conditions de détention sont abjectes : surpeuplement, malnutrition, absence de soins médicaux, tortures occasionnelles. La prison centrale de Bamako, conçue pour 400 détenus, en abrite aujourd’hui plus de 2 000. Les cellules des « sécuritaires », ceux accusés d’atteintes à la sûreté de l’État, sont particulièrement inhumaines : peu de visites familiales, accès restreint aux avocats, isolement prolongé.
Au Burkina Faso, la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) est devenue le symbole de la répression. Opposants politiques, journalistes, syndicalistes, simples citoyens ayant « liké » un post critique : tous se retrouvent dans ce mouroir. Depuis l’arrivée de Traoré, les arrestations pour « atteinte au moral des troupes » ou « intelligence avec l’ennemi » se sont multipliées. Ces accusations fourre-tout permettent d’emprisonner n’importe qui sans preuve tangible.
Le drame, c’est que beaucoup ne sont même pas jugés. Ils attendent, parfois des mois, dans des conditions inhumaines, avant qu’un semblant de procès soit organisé. Et même alors, la justice est totalement inféodée au pouvoir militaire. Les verdicts sont écrits d’avance. Les acquittements sont rares, réservés à ceux qui ont accepté de se « repentir » publiquement, de dénoncer leurs « erreurs », de faire allégeance au régime.
Au Niger, la situation n’est guère meilleure. Depuis le putsch, plusieurs personnalités politiques proches du président renversé Bazoum sont détenues dans des conditions opaques. Bazoum lui-même, prisonnier dans sa propre résidence, a lancé des appels désespérés dénonçant des conditions inhumaines. Ses geôliers ? Ces mêmes militaires que vous présentez comme des héros anticoloniaux.
Et vous, Monsieur Seba, que dites-vous de ces prisons politiques ? Que dites-vous de ces familles qui se battent pour obtenir ne serait-ce qu’un droit de visite ? Que dites-vous de ces avocats menacés pour avoir osé défendre des opposants ? Rien. Vous ne dites rien. Votre voix, si prompte à dénoncer les « crimes de l’Occident », s’étrangle miraculeusement lorsqu’il s’agit des crimes commis par vos sponsors. Cette sélectivité morale est répugnante. Elle trahit votre véritable nature : pas un combattant de la justice, mais un opportuniste qui choisit ses indignations en fonction de ses intérêts.
Parlons maintenant de la démocratie électorale, cette notion apparemment étrangère à vos amis de l’AES. Car depuis leurs putschs respectifs, aucun de ces régimes n’a organisé la moindre élection crédible. Pire : ils ont systématiquement repoussé les échéances promises, dissous les partis politiques et transformé les « transitions » en occupation militaire indéfinie du pouvoir.
Au Mali, le général Goïta avait promis un retour à l’ordre constitutionnel en mars 2024. Nous sommes en décembre 2025. Toujours aucune élection. Ils se sont octroyés un mandat de cinq ans renouvelable jusqu’à la pacification du pays. En réalité, ces hommes n’ont aucune intention de rendre le pouvoir. Ils ont goûté aux privilèges de la présidence, aux avantages du contrôle des ressources nationales, à l’impunité que confère l’uniforme. Pourquoi organiseraient-ils des élections qu’ils risqueraient de perdre ?
Les partis politiques ont été dissous et les activités politiques ont été interdites. La classe politique traditionnelle, déjà fragmentée, est méthodiquement étouffée.
Au Burkina Faso, même scénario. Le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir en septembre 2022, a d’abord promis des élections pour juillet 2024. Puis ce fut repoussé à 2025. Aujourd’hui, même cette échéance semble irréaliste. Le régime avance les mêmes justifications : insécurité, nécessité de « restaurer l’intégrité territoriale » avant tout scrutin, importance d’un « nouveau pacte social ».
Mais le véritable projet est transparent : Traoré se prépare à transformer sa légitimité putschiste en légitimité électorale, dans une élection téléguidée où l’opposition sera neutralisée et les résultats acquis d’avance. Le modèle égyptien d’al-Sissi, en somme : garder l’uniforme militaire tout en se parant des attributs de la démocratie.
Au Niger, le CNSP n’a même pas pris la peine de fixer un calendrier électoral précis. Les généraux parlent vaguement d’une « transition de trois ans », mais sans date butoir claire, sans feuille de route détaillée. Pendant ce temps, les partis politiques sont paralysés, les leaders d’opinion muselés, la société civile réprimée.
Et lorsque ces régimes organisent des « consultations populaires », référendums constitutionnels, assises nationales ou forums citoyens, ce sont des mascarades orchestrées. Les débats sont contrôlés, les conclusions écrites d’avance, les voix dissidentes exclues. On invite soigneusement des « représentants de la société civile » triés sur le volet, des intellectuels courtisans, des chefs traditionnels cooptés.
Vous-même, Monsieur Seba, participez à ces mises en scène. Vous êtes l’invité vedette, la caution panafricaine internationale. Votre présence légitime ces parodies démocratiques. Vous apportez votre bénédiction morale à des processus truqués.
La vérité est simple : vos amis militaires ont confisqué le pouvoir et n’ont aucune intention de le rendre. Ils gouvernent par décrets, nomment leurs camarades de promotion aux postes clés, contrôlent les budgets sans rendre de comptes et transforment l’État en patrimoine militaire. Cela, Monsieur Seba, n’est pas de la souveraineté populaire. C’est une junte classique, une oligarchie martiale qui se maintient par la force et la peur. Votre célébration de ce système fait de vous le complice d’une usurpation.
Terminons par le plus tragique : l’exode des cerveaux, l’hémorragie des talents, la fuite désespérée de tous ceux qui refusent de se soumettre ou de se taire. Depuis les putschs dans l’AES, des centaines, peut-être des milliers d’intellectuels, de journalistes, d’activistes et de simples citoyens engagés ont pris le chemin de l’exil. Pas par choix, pas par opportunisme, mais par nécessité vitale. Rester signifiait l’emprisonnement, ou pire.
Ces hommes et ces femmes sont la richesse de leurs nations : universitaires brillants, journalistes courageux, entrepreneurs innovants, artistes engagés. Ils auraient dû être au cœur de la reconstruction de leurs pays. Au lieu de cela, ils survivent à Dakar, à Abidjan, à Accra, parfois en Europe, le cœur brisé, condamnés à regarder de loin le naufrage de leurs patries.
Leurs histoires sont déchirantes. Untel, intellectuel malien, a fui après avoir reçu des menaces de mort pour avoir critiqué la gestion désastreuse de la crise sécuritaire. Unetelle, journaliste burkinabè, vit cachée après avoir documenté les exactions commises par des militaires contre des civils accusés de complicité avec le terrorisme. Tel autre, activiste nigérien, a vu sa famille harcelée après son départ.
Ces exilés maintiennent une flamme, certes. Ils continuent à informer, à analyser, à témoigner depuis l’étranger. Mais ils le font dans des conditions précaires, parfois menacés même à distance. Les régimes de l’AES ont des réseaux longs : intimidations de familles restées au pays, pressions via les ambassades, campagnes de diffamation en ligne.
Et le plus cruel ? Ces exilés sont accusés par les thuriféraires du régime, des gens comme vous, Monsieur Seba, d’être des « traîtres à la patrie », des « agents de l’étranger », des « laquais du néocolonialisme ». Vous les insultez depuis votre confort, vous les calomniez depuis vos plateformes, vous contribuez à leur ostracisation.
Quel panafricanisme pousse à la délation et à l’exil des meilleurs fils et filles d’Afrique ? Quel patriotisme célèbre le départ des cerveaux et la fuite des talents ? Vous prétendez bâtir une Afrique nouvelle, mais vous applaudissez des régimes qui chassent précisément ceux qui pourraient la construire.
Maintenant, Monsieur Seba, parlons du fond. Car au-delà de vos crimes par omission, au-delà de votre complaisance morale, il y a une question centrale : de quelle souveraineté parlez-vous exactement ?
Est-ce la souveraineté de voir vos citoyens affamés pendant que les dirigeants militaires s’enrichissent ? Au Mali, pendant que Bamako suffoque sous le blocus du JNIM et que les prix du carburant explosent, les généraux au pouvoir roulent en 4x4 flambant neufs et leurs familles vivent dans un luxe obscène.
Est-ce la souveraineté de voir votre territoire national progressivement grignoté par des groupes djihadistes ? Le Mali contrôle aujourd’hui moins de 30 % de son territoire. Le JNIM et l’État islamique dans le Grand Sahara se partagent des régions entières. Des villes comme Kidal, Ménaka ou Tombouctou ne sont sous contrôle gouvernemental que de nom. Mais cela, bien sûr, vous ne le mentionnez jamais.
Est-ce la souveraineté de voir vos écoles fermées, vos hôpitaux en ruine, vos routes défoncées, pendant que l’argent public finance des contrats léonins avec Wagner et autres mercenaires ? Des milliards engloutis dans des partenariats militaires qui n’ont produit aucun résultat tangible sur le terrain.
Est-ce la souveraineté de voir vos jeunes fuir par milliers vers la Libye, traverser le désert et la Méditerranée, risquer leur vie pour échapper à un avenir sans perspective ? L’émigration clandestine depuis l’AES a explosé depuis les putschs. Mais cela aussi, vous le taisez soigneusement.
Vous parlez de rupture avec la « Françafrique ». Fort bien. Mais vous avez simplement remplacé une dépendance par une autre. Au lieu de la France, c’est désormais la Russie qui dicte sa loi au Mali. Wagner, pardon, « Africa Corps », opère en toute impunité, commet des exactions documentées contre des civils, exploite les ressources minières sans contrepartie réelle pour les populations.
Vous parlez de « décolonisation monétaire » et de sortie du franc CFA. Magnifique slogan. Mais dans la pratique ? L’économie malienne s’effondre. L’inflation galope. Les investissements étrangers fuient. Les banques internationales coupent les ponts. Et qui souffre ? Pas les généraux au pouvoir, mais le petit commerçant de Bamako, le paysan du delta intérieur, la mère de famille qui ne peut plus nourrir ses enfants.
La véritable souveraineté, Monsieur Seba, ne se mesure pas à la véhémence des discours anti-occidentaux. Elle se mesure à la capacité d’un État à protéger ses citoyens, à leur garantir des droits fondamentaux, à leur offrir des services publics fonctionnels, à leur assurer un avenir digne.
Sur tous ces critères, vos amis de l’AES sont des échecs retentissants. Ils ont livré leurs pays au chaos, à l’insécurité, à la misère. Et vous, plutôt que de les interpeller, de les pousser à l’excellence, de les tenir responsables, vous leur servez d’alibi moral.
Le plus scandaleux dans votre posture, c’est que vous prétendez vous inscrire dans la lignée des grands panafricanistes. Vous invoquez les noms de Kwame Nkrumah, de Thomas Sankara, de Patrice Lumumba. Vous vous drapez dans leur mémoire comme dans un manteau de respectabilité.
Mais c’est une profanation. Ces hommes se sont battus pour la liberté, la vraie liberté, pas la caricature autoritaire que vous défendez. Ils ont combattu pour la dignité des peuples, pas pour le confort des généraux. Ils ont risqué, et pour certains perdu, leur vie pour des principes, pas pour des privilèges.
Sankara, que vous aimez tant citer, a gouverné le Burkina Faso avec une discipline spartiate. Il roulait dans une Renault 5, vivait modestement, refusait tout privilège. Il a investi dans l’éducation, la santé, l’autonomie alimentaire. Il a combattu la corruption avec une intransigeance totale. Et oui, il a commis des erreurs, versé dans l’autoritarisme parfois. Mais jamais il n’a pillé son pays, jamais il n’a transformé l’État en patrimoine personnel.
Comparez cela à vos amis de l’AES. Comparez l’intégrité de Sankara à la corruption endémique des régimes actuels. Comparez sa vision du service public à leur confiscation du pouvoir. Le contraste est accablant.
Nkrumah parlait de « l’homme africain » devant se libérer mentalement autant que politiquement. Cette libération passait par l’éducation, la culture, le débat d’idées. Vos amis, eux, ferment les universités critiques, bâillonnent les intellectuels, interdisent les livres dérangeants.
Lumumba est mort assassiné pour avoir refusé de se soumettre aux puissances néocoloniales. Mais il est aussi mort en démocrate, en homme qui croyait au multipartisme, au débat parlementaire, à la séparation des pouvoirs. Vos amis militaires crachent sur tout cela.
Le vrai panafricanisme est un humanisme. Il place l’humain africain, sa dignité, sa liberté, son épanouissement, au centre. Il ne sacrifie jamais les droits individuels sur l’autel d’une souveraineté abstraite. Il refuse toute oppression, qu’elle vienne de l’extérieur ou de l’intérieur.
Vous, Monsieur Seba, incarnez la perversion de cet idéal. Vous avez transformé le panafricanisme en couverture idéologique pour des dictatures militaires. Vous avez vidé cette noble cause de toute substance pour n’en garder que la rhétorique creuse.
Monsieur Seba, l’histoire africaine est jonchée de cadavres de faux prophètes comme vous : d’idéologues de cour qui ont légitimé des tyrannies au nom de grandes causes ; de beaux parleurs qui ont trahi les peuples qu’ils prétendaient servir.
Vous croyez peut-être que votre alliance avec les militaires au pouvoir vous protégera indéfiniment. Que votre rhétorique enflammée continuera à séduire les masses. Que votre statut de « vedette panafricaine » vous met à l’abri de la critique.
Détrompez-vous. Les peuples africains ne sont pas dupes. Ils voient la dissonance entre vos mots et la réalité de leurs vies. Ils constatent que votre « souveraineté » ne remplit pas leur ventre, ne soigne pas leurs enfants, ne leur donne pas de travail, ne les protège pas des balles jihadistes.
Un jour, et ce jour viendra plus tôt que vous ne le pensez, vos protecteurs militaires tomberont. Ils tomberont sous le poids de leurs propres contradictions, de leur incompétence, de leurs crimes. Et ce jour-là, vous serez jugé aussi. Pas par des tribunaux, quoique, qui sait ?, mais par l’histoire.
L’histoire retiendra que vous aviez une plateforme, une voix, une influence. Et que vous avez choisi de les mettre au service de l’oppression plutôt que de la libération. Que vous avez choisi le confort des salons ministériels plutôt que la solidarité avec les opprimés. Que vous avez choisi d’être le griot des tyrans plutôt que le porte-voix des sans-voix.
Cette malhonnêteté intellectuelle, cette indécence morale, cette trahison des idéaux panafricanistes : voilà votre véritable héritage. Voilà ce pour quoi on se souviendra de vous. Non pas comme un combattant de la liberté, mais comme son fossoyeur. Non pas comme un artisan de la souveraineté africaine, mais comme le pantin de ses usurpateurs.
L’histoire vous jugera. Et son verdict sera implacable.

Sambou Sissoko
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