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Sommet de l’AES, après celui de la CEDEAO: Ces deux organisations sont-elles antithétiques ou complémentaires ?
Publié le lundi 22 decembre 2025  |  L'Alternance
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Après le 68ième Sommet des Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, tenu le 14 décembre 2025 à Abuja au Nigéria, c’est autour des Chefs d’Etat de la Confédération des Etats du Sahel, l’AES de se réunir à Bamako pour son 2ième sommet, le lundi 22 et le Mardi 23 Décembre 2025. A-t-on besoin de rappeler que tous les pays de l’Afrique de l’ouest, qu’ils soient de la CEDEAO ou de l’AES, sont liés par la même histoire, le même espace géographique, la même culture et les mêmes intérêts économiques ? Sait-on réellement que la CEDEAO a coexisté en parfaite symbiose avec d’autres organisations comme le LIPTAKO GOURMA, l’ancêtre de l’AES, ensuite comme l’Union du fleuve Mano qui regroupait quatre pays de l’Afrique de l’ouest à savoir le Liberia, la Sierra Léone, la Guinée et la Côte d’Ivoire? Donc il ne saurait y voir d’antagonisme entre l’AES et la CEDEAO. Ces deux organisations semblent être condamnées à vivre ensemble comme les deux coépouses d’un même mari. En tout cas si tant est qu’elles sont toutes mues par les mêmes intérêts, ceux des peuples de l’Afrique de l’Ouest, elles doivent collaborer sans apriori ou autres considérations. A défaut d’une fusion entre les deux organisations va-t-on vers une coopération beaucoup plus poussée entre la CEDEAO et l’AES ? Et si les Etats de l’AES réintégraient la CEDEAO ?
Le sommet de l’AES qui s’ouvre ce lundi 22 décembre 2025 à Bamako est le deuxième depuis sa création. Ce sommet tant attendu par les citoyens de trois pays, examinera à la fois le bilan d’activités du mandat écoulé du Président de la Confédération des Etats du Sahel, Assimi Goita, puis peaufinera des nouvelles stratégies pour l’AES. Il permettra également de passer le témoin à un autre Président soit du Burkina Faso ou du Niger. Mais selon les indiscrétions le Président du Mali pourrait bien être reconduit à la tête de l’AES pour un second mandat. Ce sommet organisé dans un contexte marqué par l’insécurité dans les trois pays de l’AES sera une occasion pour les chefs d’Etats de l’AES d’interroger leurs coopérations avec les pays de la CEDEAO, notamment sur les plans économique, social, sécuritaire et culturel et enfin explorer d’autres pistes. S’il est tout à fait logique, pour ces trois pays en proie à une gravissime crise socio-sécuritaire, de se mettre ensemble pour faire face au péril terroriste, de mettre en synergie leurs efforts pour exploiter leurs immenses ressources des trois pays membres, rien ne saurait justifier le retrait de ces pays d’une aussi grande organisation comme la CEDEAO, qui au-delà de ses tares et de son bilan mitigé, a engrangé des résultats probants, comme la libre circulation des personnes et de leurs biens, les projets de développement, les tarifs douaniers allégés et communs. Ce qui fait d’ailleurs de l’organisation sous régionale ouest africaine, CEDEAO, la meilleure de toutes les organisations sur le continent. Qu’on le veuille ou pas les pays de la sous-région ont un destin commun pour avoir partagé un même espace géographique, une même histoire commune, ils ont des intérêts liés et ils sont condamnés à coopérer ensemble pour le bonheur des populations.
A défaut d’une fusion entre les deux organisations va-t-on vers une coopération beaucoup plus poussée entre la CEDEAO et l’AES ?
Les discours, qu’ils proviennent des chefs d’Etat de la CEDEAO ou ceux de l’AES, ne sont plus empreints de bellicisme, ils sont beaucoup plus modérés et tendent à décrisper la tension qui était perceptible entre les deux organisations. Des coups de canif continuent à être donnés çà et là comme la tentative de coup d’Etat au Benin déjouée par la CEDEAO et pour la planification duquel putsch un fort soupçon pèse sur certains chefs d’Etat de l’AES, ou encore des propos souvent virulents de certains chefs d’Etat de la CEDEAO à l’encontre de ceux de l’AES. Mais au-delà de ces actes isolés une forte conviction est faite de part et d’autre que cet ensemble est indissociable et que les pays de l’Afrique de l’ouest ont des liens tellement forts qu’ils sont condamnés à travailler la main dans la main pour le bonheur des populations. Les pays de l’AES ont un handicap naturel, aucun d’eux ne dispose d’un port maritime alors que 80 % de leurs produits consommés proviennent de l’import. Mieux encore ils ont le plus grand nombre de ressortissants dans ceux de la CEDEAO et cela au nom de la règle communautaire, de la libre circulation des personnes et de leurs biens et du libre établissement des citoyens de l’espace dans le pays de leurs choix. Aucune politique, aucune stratégie véritable de développement ne sont envisageables par les pays de l’AES en occultant ce facteur. C’est pourquoi les deux organisations sont condamnées à une coopération gagnant- gagnant, à défaut d’une fusion, qui du reste, serait l’idéale. Ce retrait des pays de l’AES de la CEDEAO pourrait avoir d’autres explications que la volonté pour les trois Présidents de transition issus du coup d’Etat d’échapper aux principes du protocole additionnel de la démocratie et de la bonne gouvernance adoptés au sein de la CEDEAO. L’explication est qu’ils veulent surtout garder le pouvoir aussi longtemps que possible sans élection ce qui est aux antipodes des principes du protocole additionnel de la CEDEAO.
Et si les Etats de l’AES réintégraient la CEDEAO ?
Ce scénario est peu probable pour ne pas dire impossible à l’Etat actuel des relations jugées exécrables entre les deux organisations. Il pouvait être rendu possible si on consultait les populations de l’AES à travers un référendum. Donc la réintégration des pays de l’AES à la CEDEAO n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. Ce qui est bien probable c’est une coopération plus élargie dans beaucoup de domaines. Il est aussi indispensable de maintenir le statu quo sur certains principes comme la libre circulation des personnes et de leurs biens dans les pays de la sous-région ouest africaine, en tout cas il y va de la paix et de la stabilité dans la zone. Il est à espérer qu’après cette tension diplomatique et des pics de part et d’autre, que les chefs d’Etats reviennent à des meilleurs sentiments en organisant même un sommet CEDAO / AES pour le bonheur des citoyens de l’espace sous régional ouest africain.
Youssouf Sissoko

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