Le président burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, n’est pas allé avec le dos de la cuillère dans son analyse des dangers qui menacent l’Afrique de l’Ouest. À travers un discours imagé et percutant, il a mis en garde contre ce qu’il appelle un “hiver noir”, un cycle de violences, de divisions et de chaos comparable aux conséquences désastreuses du printemps arabe.
Selon lui, l’histoire récente du monde arabe et du Maghreb devrait servir de leçon. Ce phénomène, présenté à l’époque comme une quête de liberté, a laissé derrière lui des pays déchirés, des milliers de morts et des sociétés profondément divisées. Pour Ibrahim Traoré, l’Afrique de l’Ouest risque aujourd’hui de subir un scénario similaire si elle ne se réveille pas à temps.
C’est dans cette logique que s’inscrit la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Le président explique que cette initiative est née de la conviction qu’un danger majeur se profile. Il utilise la métaphore de l’hiver pour illustrer la menace : un hiver froid, sanglant et meurtrier.
Face à cela, dit-il, les dirigeants engagés s’efforcent chaque jour de “chercher des troncs d’arbres pour allumer un feu”, afin de réchauffer les cœurs, éveiller les consciences et unir les Africains.
Mais le constat est amer. Ibrahim Traoré déplore que certains Africains sabotent ces efforts : ils “arrosent les troncs d’arbres pour empêcher le feu de brûler”, se transforment en “loups” ou empêchent la construction de “montagnes” destinées à briser les vents glacials de cet hiver annoncé.
Ces images traduisent, selon lui, les comportements de trahison, de division et de complicité avec des forces extérieures.
Le président burkinabè met également en garde contre la propagation de la guerre en Afrique de l’Ouest.
Il accuse les puissances impérialistes de vouloir plonger la région dans le chaos afin de piller ses richesses et d’imposer leur volonté. Pendant que les populations s’entretueraient, d’autres profiteraient de la désolation.
Il s’interroge enfin sur l’avenir du panafricanisme : lorsque l’hiver viendra, que deviendront ceux qui ont saboté l’unité ? Pour lui, les survivants n’auront que deux choix : s’unir définitivement contre l’impérialisme ou accepter l’esclavage moderne jusqu’à disparaître.
Ibrahim Traoré condamne avec fermeté ceux qui, en Afrique de l’Ouest, se réjouissent des attaques contre des populations civiles, ceux qui attisent la haine entre communautés ou qui utilisent les médias pour décourager et diviser. Il qualifie ces actes de profondément irresponsables et dangereux.
Son message est clair et sans détour : l’hiver noir approche. Seule une prise de conscience collective, fondée sur l’unité, la solidarité et la vigilance, permettra à l’Afrique de l’Ouest de s’en prémunir.