En procédant à la promotion à titre exceptionnel d’Amadou Aya Sanogo au Grade de Général de Corps d’armée, le Pr Dioncounda Traoré, alors président de la République par intérim n’est-il pas le « stratège » qui a jeté les bases de la déconfiture de l’ex-CNRDRE ? En tout cas, tout porte à le croire car, c’est ce qui serait la pomme de discorde entre les ex-putschistes de Kati et qui a causé la mutinerie du 30 septembre dernier.
A quelques jours seulement de la fin de la transition qu’il a dirigée en tant que président de la République par intérim, le Pr Dioncounda Traoré a procédé à la promotion à titre exceptionnel de plusieurs officiers de l’armée.
Cette promotion a été comprise comme une prime à Amadou Aya Sanogo après le coup d’Etat que lui et ses hommes ont fait contre ATT le 22 Mars 2012. Du coup, désapprouvée et critiquée par une frange importante de l’opinion nationale et internationale.
Cependant, Dioncounda Traoré, lors d’un voyage au Burkina Faso a expliqué cette promotion accordée au chef de l’ex-junte par le fait que « le Mali vient de loin, après avoir subi de dures épreuves. Et a donc besoin de paix, d’unité, de réconciliation, de stabilité ». Selon lui, les auteurs du putsch du 22 mars 2012 qui a mis fin au régime d’ATT ont reconnu leurs erreurs et demandé pardon à la nation. Et il fallait donc tourner la page et aller vers l’avenir puisque celui qui ne sait pas pardonner ne peut construire l’avenir.
Pour le Pr Dioncounda Traoré, ce sont les raisons qui expliquent pourquoi il a pris cette mesure. Car il faut tourner la page au lieu de continuer à remuer le couteau dans la plaie.
Mais cette promotion a provoqué une crise profonde au sein de l’ex-CNRDRE. Une situation qui va déborder le 30 septembre dernier par une mutinerie. Les soldats de l’ex-CNRDRE ont décidé de faire entendre leurs voix par les armes pour réclamer leur part du « butin ».
Inutile de rappeler que les promotions à titre exceptionnel ont toujours constitué une pomme de discorde dans les milieux militaires.
Et il était prévisible que ces promotions aboutissent à cette situation de crise entre
les militaires qui ont pris part au coup d’Etat qui a mis fin au régime d’Amadou Toumani Touré.
En effet, depuis l’annonce de la promotion de Amadou Haya Sanogo, la frustration était visible chez les autres leaders de l’ex-CNRDRE avec à la clé la création de clans dans le camp Soundiata de Kati, ex-fief des ex-putschistes.
Des clans dont les ficelles étaient tirées par le Capitaine Amadou Konaré, ex-bras droit et N°2 de la junte et le Colonel Youssouf Traoré.
Mais, bien que sachant cette situation, le Pr Dioncounda Traoré a décidé de procéder à cette nomination qui pourrait couter cher au désormais Général d’armée Amadou Aya Sanogo. Car, après avoir été délogé de sa résidence de Kati, il a été désarmé et pourrait être entendu dans l’affaire dite de purge et de disparitions forcées en cours à Kati suite à la mutinerie du 30 septembre dernier. Et dont les enquêtes sont en cours pour rétablir les responsabilités et les traduire devant la justice.
Et si tel est le cas, le Pr Dioncounda Traoré, connu pour être un intellectuel stratège et très rusé aurait réussi son coup. Car, aujourd’hui, le Général Amadou Yaya Sanogo et ses amis d’hier ne parlent plus le même langage. Mieux, cette situation a créé une crise profonde dont ont ne sait encore l’épilogue.